L’association du réflexe viscérosomatique et somatoviscéral renvoie à une interaction complexe et bidirectionnelle entre le système nerveux autonome (viscéral) et le système nerveux somatique (squelettique). Ces réflexes permettent une coordination efficace entre les organes internes et les structures musculo-squelettiques du corps.

Le réflexe viscérosomatique se produit lorsque des stimuli provenant des organes internes, tels que le cœur, les poumons ou le tube digestif, déclenchent une réponse dans les muscles ou les structures squelettiques adjacents. Par exemple, une irritation ou une distension des organes internes peut provoquer une contraction réflexe des muscles du tronc ou des membres.

Inversement, le réflexe somatoviscéral implique une réponse du système nerveux autonome en réaction à des stimuli d’origine musculo-squelettique. Par exemple, des tensions musculaires ou des déséquilibres posturaux peuvent influencer le fonctionnement des organes internes via des mécanismes réflexes.

Ces associations de réflexes viscérosomatiques et somatoviscéraux sont complexes et étroitement régulées par le système nerveux central. Les nerfs sensoriels, également appelés afférences, transmettent les informations des organes internes et des tissus musculo-squelettiques vers la moelle épinière et le cerveau. En retour, les nerfs moteurs, ou efférences, transmettent les signaux du système nerveux central aux muscles et aux organes internes pour coordonner la réponse.

Un exemple concret de cette interaction est le réflexe viscérosomatique lié à la douleur. Si un organe interne est irrité ou endommagé, la douleur peut être ressentie non seulement dans la région de l’organe lui-même (douleur viscérale) mais également à la surface du corps ou dans les muscles adjacents (douleur somatique), ce qui reflète l’association des réflexes viscérosomatiques.

Cette compréhension de l’association du réflexe viscérosomatique et somatoviscéral est essentielle en médecine et en physiologie, notamment dans le domaine de l’ostéopathie, où la manipulation des structures musculo-squelettiques peut avoir des implications sur le fonctionnement des organes internes et vice versa.

Lors de l’examen ostéopathique, il est important de reconnaître les réflexes somatoviscéraux et viscérosomatiques pour parvenir à un diagnostic différentiel. Les points de déclenchement du grand pectoral donnent un exemple de chaque phénomène. Un syndrome myofascial du grand pectoral causera par réflex somatoviscéral un battement cardiaque plus accélérer. Un battement plus accéléré du cœur causera par réflex viscérosomatique un syndrome myofascial au grand pectoral. 

Ce cercle vicieux entre les fibres musculaire du grand pectoral et cardiaque est nourri chez les patients qui ont une posture affaissée et des épaules arrondies. Cette posture cause une plus grande tension myofascial du grand pectoral, mais peut aussi entraîner une dysfonction du rythme cardiaque, un réflexe somatoviscéral démontrable

Les réflexes viscéro-somatiques sont le reflet somatique d’une pathologie viscérale. Comment distinguer et ceci avec l’aide de la palpation : un tissue ayant réagi à un réflex viscéro-somatique ou étant en dysfonction somatique. Beal, suggère que plus la région de la dysfonction s’étend, plus le viscère devient responsable de la dysfonction. Les changements de texture localisés de la peau et des tissus sous-cutanés fournissent également des indications sur la gravité et l’acuité ou la chronicité de la pathologie viscérale sous-jacente.

L’ostéopathie

L’association du réflexe viscérosomatique et somatoviscéral revêt une importance significative dans le domaine de l’ostéopathie, une approche thérapeutique qui considère le corps comme un ensemble intégré où la structure et la fonction sont interdépendantes. Cette perspective reconnaît les interactions complexes entre le système nerveux autonome (viscéral) et le système musculo-squelettique (somatique).

En ostéopathie, on considère que les dysfonctionnements dans une région du corps, qu’ils soient d’origine viscérale ou somatique, peuvent influencer l’autre. Le réflexe viscérosomatique se manifeste lorsqu’un trouble au niveau des organes internes provoque des répercussions au niveau musculo-squelettique, et vice versa pour le réflexe somatoviscéral.

Par exemple, si un organe interne présente une tension, une inflammation ou un dysfonctionnement, cela peut induire des changements dans la posture, la mobilité ou la tension musculaire à distance de l’organe affecté. En retour, des dysfonctionnements musculo-squelettiques, tels que des déséquilibres posturaux ou des tensions musculaires, peuvent influencer la fonction des organes internes par le biais de réponses réflexes.

Les ostéopathes utilisent des techniques manuelles pour évaluer et traiter ces interactions complexes. Ils cherchent à restaurer l’équilibre structurel et fonctionnel du corps en travaillant sur les tissus conjonctifs, les articulations et les muscles, tout en prenant en compte les influences viscérales et somatiques.

Par exemple, un ostéopathe pourrait traiter une restriction de mobilité dans la région lombaire d’un patient en considérant non seulement les structures musculo-squelettiques locales, mais aussi en évaluant la fonction des organes internes associés, tels que les reins. De même, une intervention viscérale pourrait être réalisée pour améliorer la mobilité d’un organe affecté par des tensions ou des adhérences.

L’approche ostéopathique, en intégrant les aspects viscéraux et somatiques, vise à favoriser l’homéostasie globale du corps, permettant ainsi une meilleure régulation des fonctions physiologiques et une réduction des symptômes associés à ces interactions complexes.

Tachyarythmies supraventriculaires


Un exemple courant de réflexe viscérosomatique pourrait être la douleur référée associée à une affection des organes internes. La douleur référée est une sensation d’inconfort ressentie dans une région du corps différente de celle où le problème réel se situe.

Prenons l’exemple de la douleur référée dans le contexte d’une crise cardiaque. Lorsqu’une personne éprouve une crise cardiaque, elle peut ressentir de la douleur ou de l’inconfort dans la poitrine, mais cette sensation peut également irradier vers le bras gauche, l’épaule, la mâchoire ou le dos. Cette douleur ressentie dans des zones éloignées de l’organe affecté est un exemple de réflexe viscérosomatique.

Le mécanisme derrière cela est lié à la manière dont les nerfs sensoriels (afférences) transportent les signaux de douleur des organes internes vers la moelle épinière. Les voies nerveuses qui transportent ces signaux se chevauchent avec celles des régions somatiques (musculo-squelettiques) à certains niveaux de la moelle épinière. Cela peut entraîner la perception de la douleur dans des zones du corps apparemment non liées à l’organe affecté.

Il est important de noter que la douleur référée n’est pas spécifique à une crise cardiaque, elle peut également se produire dans d’autres contextes cliniques. Cet exemple met en évidence la complexité des interactions entre les systèmes viscéral et somatique, illustrant comment une condition affectant un organe interne peut se manifester sous forme de symptômes dans des régions du corps en apparence non liées.

Vésicule biliaire

Un exemple éloquent de réflexe viscérosomatique se manifeste fréquemment avec la douleur référée associée à une affection de la vésicule biliaire. La vésicule biliaire, organe interne niché dans la partie supérieure droite de l’abdomen, peut, lorsqu’elle est sujette à une irritation ou à une inflammation, générer une douleur qui transcende les limites anatomiques traditionnelles.

Imaginons une personne confrontée à la formation de calculs biliaires, ces dépôts solides insidieux qui peuvent perturber le fonctionnement régulier de la vésicule biliaire. Lorsque ces calculs biliaires déclenchent une obstruction ou une inflammation, la personne peut ressentir une douleur aiguë dans la partie supérieure droite de l’abdomen, là où siège la vésicule biliaire.

Cependant, en raison des mécanismes complexes de transmission des signaux de douleur à travers les nerfs jusqu’à la moelle épinière, cette douleur ne se limite pas seulement à la région abdominale. Elle peut également rayonner vers le haut du dos, entre les omoplates. Ce phénomène caractérise un exemple éloquent de réflexe viscérosomatique, où la douleur initialement d’origine viscérale, en provenance de la vésicule biliaire, se manifeste dans une région somatique éloignée, en l’occurrence le dos.

C’est ainsi que le corps, dans toute sa complexité, crée des connexions nerveuses étonnantes qui peuvent donner l’impression que la douleur émane du dos, bien que le problème initial réside dans la vésicule biliaire. Cette subtile interaction illustre la manière dont les symptômes peuvent être perçus à distance de la source réelle du problème corporel, ajoutant une dimension fascinante à la compréhension des réflexes viscérosomatiques.

Symptômes cliniques attribués aux séquelles autonomes du dysfonctionnement myofascial comprend (1, 2,8, 19):

  • Diarrhée et dysménorrhée
  • Diminution de la motilité gastrique
  • Maux de tête
  •  Troubles proprioceptifs et vertiges
  • Sécrétion excessive du sinus maxillaire
  • Arythmies cardiaques
  • Ptose, larmoiement excessif, rougeur conjonctivale

La maladie cardiaque (2) aura le réflexe viscérosomatique de déclencher des points  gâchettes dans le pectoral.

  •  Ils surviennent à la suite d’une insuffisance coronarienne.
  • Cet exemple de réflexe viscérosomatique a une prévalence significative comme l’a démontré une étude de 72 patients.
    • Des points gâchettes musculaires dorsales ont été signalés chez 61% des patients atteints d’une maladie cardiaque (2).
  • Le traitement de ces points est un facteur important dans la réduction du réflexesp coronarien (19), mais aussi la réduction de la douleur dorsale.

Points de déclenchement pectoraux et réflexes associés. SA,
nœud sino-auriculaire du cœur.

La posture et la condition cardiaque

  • Une posture ou une activité qui active un TrP, si elle n’est pas corrigée ou si elle se poursuit, peut également la perpétuer.
  • Les points déclencheurs du grand pectoral sont activés et perpétués par une posture aux épaules rondes car elle produit un raccourcissement soutenu des muscles pectoraux.
  • Cette activation est susceptible de se produire pendant une position assise prolongée et lors de la lecture et de l’écriture.
  • Inversement, le raccourcissement de la TrP dans ce muscle peut induire une telle posture.
  • Les points déclencheurs majeurs de Pectoralis peuvent être déclenchés ou réactivés de plusieurs manières:
    • par levage lourd (surtout lorsque surutilisation de l’adduction des bras (utilisation de taille-haies manuels),
    • par levage soutenu dans une position fixe (utilisation d’une scie électrique),
    • par immobilisation du bras en position adduite (bras en élingue ou en fonte),
    • par des niveaux élevés et soutenus de anxiété, ou par exposition
    • Muscles fatigués à l’air froid (assis à l’ombre dans une combinaison humide après une baignade, ou lorsqu’il est exposé au courant d’air d’un climatiseur).
    • L’infarctus aigu du myocarde renvoye la douleur  du cœur vers la région médiane des pectoraux majeur et mineur.

La lésion du muscle cardiaque déclenche un processus viscérosomatique qui active les points déclencheurs dans les muscles pectoraux.

Après une infarctus aigu, ces points déclencheurs auto-entretenus ont tendance à persister dans la paroi thoracique à moins qu’ils ne soient relâchés

Référence

  1. Simons DG, Travell JG, Simons LS . Travell and Simons’ Myofascia! Pain and Dysfimction: The Trigger Point Manual. Volume 1: Upper HalfofBody, 2nd ed. Baltimore MD: Williams & Wilkins; 1999.
  2. Travell  JG, Simons DC. Myofoscial Pain and DysfUnction: The Trigger Point Manual. Volume I. The Upper Extremities. Baltimore, MD: Williams & Wilkins; 1983.