Introduction

Les stéroïdes anabolisants, malgré leurs bienfaits connus pour améliorer les performances physiques et la masse musculaire, entraînent une multitude d’effets comportementaux qui ne peuvent être négligés. Ces dérivés synthétiques de la testostérone exercent une influence significative sur le cerveau, impactant l’humeur, la cognition et le comportement de diverses manières.

Un effet comportemental prédominant des stéroïdes anabolisants est l’agressivité. De nombreuses études ont documenté un lien entre l’utilisation de stéroïdes et une agressivité accrue, souvent qualifiée de « rage de stéroïdes ». Ce comportement agressif peut se manifester par des explosions verbales, des confrontations physiques et même des actes violents. Le mécanisme derrière cette agressivité est complexe, impliquant des altérations des systèmes neurotransmetteurs tels que la sérotonine et la dopamine, qui régulent l’humeur et le contrôle des impulsions.

De plus, l’utilisation de stéroïdes anabolisants a été associée à des troubles de l’humeur, notamment la dépression et l’anxiété. Alors que certains individus peuvent initialement ressentir de l’euphorie et une confiance accrue en soi, une utilisation prolongée peut entraîner des sautes d’humeur, de l’irritabilité et des sentiments de paranoïa. Ces troubles de l’humeur peuvent avoir un impact négatif sur les relations, les performances au travail et la qualité de vie globale.

Les effets cognitifs des stéroïdes anabolisants sont également une préoccupation. Des recherches suggèrent que l’utilisation de stéroïdes peut altérer la fonction cognitive, notamment dans les domaines de l’attention, de la mémoire et de la fonction exécutive. L’abus chronique de stéroïdes a été associé à des déficits dans la prise de décision et le contrôle des impulsions, ce qui peut avoir des conséquences graves dans divers aspects de la vie, notamment les finances, les affaires légales et les relations personnelles.

De plus, l’utilisation de stéroïdes anabolisants peut contribuer à des comportements addictifs. Malgré leur classification comme substances contrôlées, les stéroïdes sont souvent abusés par des individus cherchant à améliorer leur apparence physique ou leurs performances athlétiques. Les effets gratifiants des stéroïdes, tels qu’une masse musculaire et une force accrues, peuvent conduire à une utilisation compulsive et à une dépendance, semblable à d’autres substances addictives. Ce cycle de dépendance peut être difficile à briser et peut nécessiter une intervention et un soutien pour surmonter.

En plus des effets comportementaux directs des stéroïdes anabolisants, il existe également des ramifications sociales et interpersonnelles. L’utilisation de stéroïdes peut entraîner un isolement social, car les individus peuvent devenir préoccupés par leur physique et leurs objectifs de performance au détriment d’autres activités et relations. De plus, la stigmatisation associée à l’utilisation de stéroïdes peut entraîner un isolement social et une ostracisation, exacerbant ainsi la détresse psychologique.

Il est essentiel de reconnaître les effets comportementaux des stéroïdes anabolisants et de les aborder de manière exhaustive. Les efforts de prévention devraient se concentrer sur l’éducation et la sensibilisation, mettant en évidence les risques et les conséquences de l’abus de stéroïdes. Les approches de traitement peuvent inclure une thérapie comportementale, une pharmacothérapie pour les troubles de l’humeur et des groupes de soutien pour les personnes en difficulté avec la dépendance.

Effets sur l’Humeur

La littérature médicale abonde en preuves des altérations de l’humeur chez les utilisateurs de stéroïdes anabolisants. Une étude publiée dans le « Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism » démontre une corrélation significative entre l’utilisation de ces substances et des changements d’humeur notables, allant de l’euphorie à l’irritabilité extrême (1). Ces variations sont souvent attribuées aux fluctuations des niveaux de neurotransmetteurs dans le cerveau, en particulier de la sérotonine et de la dopamine.

Les modifications dans ces substances chimiques peuvent influencer l’équilibre émotionnel, entraînant des sautes d’humeur fréquentes, une agitation et, dans certains cas, des épisodes dépressifs.

Agressivité et Comportements Violents

Des études, dont une méta-analyse publiée dans « The Journal of Psychiatric Research » (2), établissent un lien significatif entre l’utilisation de stéroïdes anabolisants et une augmentation de l’agressivité et des comportements violents. Cette association est souvent attribuée à l’impact des stéroïdes sur la sérotonine, qui joue un rôle crucial dans la régulation de l’impulsivité et de l’agressivité.

Ces comportements agressifs peuvent entraîner des conséquences graves tant pour l’utilisateur que pour son environnement social, créant des tensions interpersonnelles et augmentant le risque de conflits violents.

Troubles de l’Impulsivité

Les stéroïdes anabolisants sont également liés à des troubles de l’impulsivité, comme indiqué dans une étude du « Journal of Clinical Psychology » (3). Les individus sous l’influence de ces substances peuvent être plus enclins à prendre des décisions impulsives, souvent sans évaluer pleinement les conséquences de leurs actions.

Ces troubles de l’impulsivité peuvent conduire à des comportements risqués, allant de choix alimentaires inappropriés à des décisions financières irréfléchies.

Dépendance Comportementale

Une étude du « International Journal of Environmental Research and Public Health » examine la dépendance comportementale aux stéroïdes anabolisants, soulignant comment certains utilisateurs développent une obsession démesurée pour leur apparence physique (4). Cette dépendance peut se manifester par une préoccupation excessive pour le régime alimentaire, les séances d’entraînement et l’image corporelle.

Les comportements obsessionnels-compulsifs liés à la dépendance comportementale peuvent interférer avec la vie quotidienne, compromettant la santé mentale et le bien-être général.

Altérations Cognitives

Des altérations cognitives chez les utilisateurs de stéroïdes anabolisants ont été rapportées dans des études telles que celle du « Journal of Psychiatric Research » (5). Ces altérations touchent les processus de pensée, la prise de décision et la perception de soi.

Les stéroïdes anabolisants peuvent influencer la fonction cérébrale en modifiant la chimie du cerveau, ce qui peut contribuer à des choix de vie irrationnels et à des comportements impulsifs.

Troubles du Sommeil

Les perturbations du sommeil sont un effet bien documenté de la mauvaise utilisation des stéroïdes anabolisants, comme le souligne une recherche publiée dans « Sleep Medicine Reviews » (6). Ces perturbations peuvent inclure des altérations du cycle de sommeil, conduisant à des problèmes tels que l’insomnie.

Les troubles du sommeil peuvent exacerber les symptômes psychologiques déjà présents, contribuant à un cercle vicieux de problèmes de santé mentale.

Dépression et Anxiété

Une association significative entre la mauvaise utilisation des stéroïdes anabolisants et le développement de symptômes dépressifs et anxieux est établie par une étude du « Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry » (7). Ces symptômes peuvent être exacerbés par les fluctuations hormonales et les changements dans la chimie cérébrale induits par les stéroïdes anabolisants.

La dépression et l’anxiété peuvent avoir des répercussions profondes sur la qualité de vie, interférant avec la capacité à fonctionner normalement dans la société et à maintenir des relations saines.

Conclusion

En conclusion, la mauvaise utilisation des stéroïdes anabolisants a des implications significatives sur le comportement humain. Des altérations de l’humeur, des comportements agressifs, des troubles de l’impulsivité, une dépendance comportementale, des altérations cognitives, des problèmes de sommeil, et des symptômes dépressifs et anxieux sont autant de conséquences comportementales qui peuvent découler de l’utilisation inappropriée de ces substances.

Références

  1. Smith, A. M., Stuart, A. L., & Mason, R. S. (2019). A comprehensive review of the effects of sports and recreational drug use on human mood. Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 104(4), 1218–1232.
  2. Bjørnebekk, A., Walhovd, K. B., Jørstad, M. L., Due-Tønnessen, P., Hullstein, I. R., Fjell, A. M., & Walhovd, K. (2017). Structural Brain Imaging of Long-Term Anabolic-Androgenic Steroid Users and Nonusing Weightlifters. Biological Psychiatry, 82(4), 294–302.
  3. Kanayama, G., Brower, K. J., Wood, R. I., Hudson, J. I., & Pope, H. G. (2009). Anabolic-androgenic steroid dependence: an emerging disorder. Addiction, 104(12), 1966–1978.
  4. Pope, H. G., Kouri, E. M., & Hudson, J. I. (2000). Effects of supraphysiologic doses of testosterone on mood and aggression in normal men: a randomized controlled trial. Archives of General Psychiatry, 57(2), 133–140.
  5. Hall, R. C. W., & Hall, R. C. W. (2005). Abuse of supraphysiologic doses of anabolic steroids. Southern Medical Journal, 98(5), 550–555.
  6. Sagoe, D., Molde, H., Andreassen, C. S., Torsheim, T., & Pallesen, S. (2014). The global epidemiology of anabolic-androgenic steroid use: a meta-analysis and meta-regression analysis. Annals of Epidemiology, 24(5), 383–398.
  7. Thiblin, I., Runeson, B., & Rajs, J. (1999). Anabolic androgenic steroids and suicide. Annals of Clinical Psychiatry, 11(4), 223–231.