Les stéroïdes anabolisants sont composés de testostérone et d’autres substances liées à la testostérone qui favorisent la croissance du muscle squelettique, augmentent la concentration d’hémoglobine et les caractéristiques sexuelles secondaires. Ces substances sont utilisées depuis les années 1930 pour favoriser la croissance musculaire, améliorer les performances sportives et améliorer l’apparence cosmétique.

L’utilisation des stéroïdes anabolisants chez les athlètes féminines est un phénomène complexe, motivé par une combinaison de facteurs psychologiques, socioculturels, et liés à la performance. Comprendre ces motivations est essentiel pour aborder le problème de manière éthique et efficace.

Recherche de la performance et de la compétitivité

La motivation principale derrière l’utilisation des stéroïdes anabolisants chez les athlètes féminines est souvent la quête d’une performance accrue. Dans un environnement sportif où les résultats sont constamment scrutés, la pression pour exceller peut pousser certaines athlètes à chercher des moyens d’améliorer leur force, leur endurance, et leur récupération. Les stéroïdes anabolisants permettent une synthèse protéique accrue, favorisant une augmentation de la masse musculaire et une récupération plus rapide après l’effort, ce qui donne un avantage compétitif important.

L’environnement compétitif dans lequel évoluent les athlètes joue également un rôle crucial. Les attentes des entraîneurs, des sponsors, et même des fans peuvent intensifier la pression sur les athlètes féminines pour qu’elles atteignent des niveaux de performance irréalistes. Dans certains cas, l’usage des stéroïdes anabolisants peut être perçu non seulement comme une solution pour atteindre ces attentes, mais aussi comme un impératif pour rester compétitive dans un milieu où d’autres utilisent des substances dopantes.

Outre les performances sportives, les stéroïdes anabolisants sont parfois utilisés pour répondre à des pressions esthétiques. Dans certains sports, l’apparence physique, y compris une musculature définie, est valorisée, ce qui peut inciter certaines athlètes à utiliser des stéroïdes pour se conformer à ces standards. Les normes de beauté véhiculées par les médias et la société peuvent exacerber cette pression, créant un environnement où l’apparence est aussi importante que la performance.

Les motivations psychologiques, telles que le désir de surmonter des insécurités personnelles ou de se sentir plus puissante, peuvent aussi inciter certaines athlètes féminines à utiliser des stéroïdes anabolisants. La confiance en soi liée à une meilleure performance ou à une apparence physique améliorée peut agir comme un puissant motivateur. Le besoin de validation externe, la peur de l’échec, ou le désir de se démarquer peuvent également influencer la décision de recourir à ces substances.

L’influence des pairs et des figures d’autorité dans le domaine sportif peut également jouer un rôle dans l’usage des stéroïdes. Dans des contextes où l’utilisation de substances dopantes est normalisée ou tolérée, les athlètes peuvent se sentir poussées à suivre le mouvement pour ne pas être laissées pour compte. Cette dynamique de groupe, combinée à un manque d’éducation sur les risques associés aux stéroïdes, peut faciliter leur adoption.

Pour les athlètes qui subissent des blessures, le désir de revenir rapidement à la compétition peut être un puissant moteur pour l’utilisation des stéroïdes. Ces substances peuvent aider à accélérer la guérison en augmentant la synthèse des protéines et en réduisant l’inflammation. Dans un contexte où la carrière d’une athlète peut être menacée par une absence prolongée, la tentation de recourir à des méthodes pour accélérer la récupération est compréhensible, même si cela implique des risques pour la santé.

Les aspects financiers jouent également un rôle dans la décision de certaines athlètes féminines de se doper. Les gains financiers liés aux performances de haut niveau, y compris les contrats de sponsoring, les primes de victoire, et les opportunités médiatiques, peuvent représenter une pression supplémentaire. Pour certaines, l’utilisation de stéroïdes peut sembler être une voie rapide pour garantir un revenu stable ou améliorer leur situation économique. Ce facteur est particulièrement prévalent dans les sports où les écarts de revenus sont importants entre les athlètes de haut niveau et ceux qui peinent à se maintenir dans la compétition.

La longévité de la carrière est un autre facteur de motivation. Certaines athlètes féminines peuvent utiliser des stéroïdes pour prolonger leur carrière sportive en maintenant leur niveau de performance malgré l’avancée en âge. Les stéroïdes peuvent aider à compenser les effets naturels du vieillissement, comme la diminution de la masse musculaire et la récupération plus lente, permettant ainsi aux athlètes de rester compétitives plus longtemps.

Dans certains cas, le manque de soutien de la part des institutions sportives, telles que les fédérations ou les équipes, peut pousser les athlètes à chercher des solutions alternatives. Si une athlète se sent abandonnée ou insuffisamment soutenue, que ce soit en termes de soins médicaux, d’entraînement, ou de préparation psychologique, elle peut être plus susceptible de se tourner vers les stéroïdes pour combler ce vide. L’absence de programmes éducatifs sur les dangers des substances dopantes ou l’absence de structures de soutien peut aggraver cette situation.

Les réseaux sociaux et les figures influentes du sport peuvent aussi jouer un rôle indirect dans la promotion de l’utilisation des stéroïdes. Les athlètes féminines qui suivent des modèles qui prônent ou exhibent des corps hyper-musclés, souvent associés à l’utilisation de stéroïdes, peuvent être tentées de les imiter. L’impact des réseaux sociaux, où l’apparence et la performance sont souvent glorifiées, peut exacerber la pression pour atteindre ces idéaux par tous les moyens possibles.

Enfin, l’absence ou le manque de connaissance des alternatives naturelles pour améliorer les performances, comme les techniques d’entraînement avancées, la nutrition spécialisée, ou les méthodes de récupération non pharmacologiques, peut conduire certaines athlètes à se tourner vers les stéroïdes. Lorsque les athlètes ne sont pas informées ou n’ont pas accès à ces alternatives, les stéroïdes peuvent apparaître comme une solution rapide et efficace pour atteindre leurs objectifs.

Ces motivations supplémentaires montrent que l’utilisation des stéroïdes anabolisants chez les athlètes féminines est souvent le résultat d’une multitude de pressions et de facteurs interdépendants. Pour réduire l’incidence de ce phénomène, il est essentiel de développer des stratégies qui adressent non seulement les besoins de performance, mais aussi le bien-être psychologique, le soutien social, et l’édu

Les stéroïdes anabolisants, bien que populaires pour leurs effets sur la performance athlétique, entraînent chez les femmes des effets secondaires virilisants significatifs. Ces effets découlent de l’augmentation des niveaux d’androgènes, des hormones mâles que ces substances miment ou amplifient. Voici un aperçu des principaux effets secondaires virilisants observés chez les femmes utilisant des stéroïdes anabolisants.

L’hirsutisme, caractérisé par la croissance excessive de poils dans des zones généralement masculines, est l’un des effets secondaires virilisants les plus visibles et les plus préoccupants des stéroïdes anabolisants chez les femmes. Cette condition est causée par l’augmentation des niveaux d’androgènes dans le corps, hormones qui stimulent la croissance des poils.

Chez les femmes, l’apparition de poils épais et foncés dans des zones typiquement masculines comme le menton, la lèvre supérieure, la poitrine, le dos et parfois même les bras et les jambes est particulièrement notable. Ce phénomène est le résultat d’une conversion accrue des androgènes en dihydrotestostérone (DHT), une forme plus puissante d’androgène, qui agit directement sur les follicules pileux.

L’hirsutisme peut varier en intensité, allant d’une légère pilosité supplémentaire à une croissance plus sévère, qui peut rendre les poils très visibles et difficiles à dissimuler. Pour de nombreuses femmes, ces changements ne sont pas seulement une source de gêne esthétique, mais ils peuvent également entraîner des problèmes psychologiques importants. L’apparence de poils indésirables peut affecter la confiance en soi et l’estime personnelle, créant des sentiments de honte ou de détresse.

Le traitement de l’hirsutisme peut être complexe et nécessite souvent des interventions multiples. Les options incluent des méthodes de dépilation, comme l’épilation au laser ou à la cire, qui peuvent offrir des solutions temporaires ou permanentes. Cependant, ces méthodes ne résolvent pas le problème sous-jacent lié à la cause hormonale et peuvent nécessiter une gestion continue.

En plus des traitements esthétiques, il est crucial pour les femmes confrontées à l’hirsutisme induit par les stéroïdes de consulter un professionnel de la santé pour une évaluation complète. Les médecins peuvent recommander des thérapies hormonales pour tenter de équilibrer les niveaux d’androgènes ou d’autres approches pour atténuer les effets secondaires.

Le traitement psychologique et le soutien émotionnel sont également essentiels pour aider les femmes à gérer les impacts psychologiques de l’hirsutisme. Le counseling et le soutien peuvent aider à traiter les problèmes d’image corporelle et de confiance en soi, permettant aux femmes de mieux faire face aux conséquences de leur condition.

L’hypertrophie du clitoris est un effet secondaire sérieux et souvent préoccupant des stéroïdes anabolisants chez les femmes. Ce phénomène se manifeste par une augmentation anormale de la taille du clitoris, résultant d’une exposition prolongée à des niveaux élevés d’androgènes, hormones sexuelles masculines que les stéroïdes anabolisants imitent ou amplifient.

Mécanisme et développement

Les stéroïdes anabolisants augmentent les niveaux d’androgènes dans le corps, entraînant une stimulation accrue des récepteurs androgéniques dans divers tissus, y compris les organes génitaux. Cette stimulation excessive provoque une croissance du tissu clitoridien, similaire à celle observée dans d’autres tissus réactifs aux androgènes. En raison de la sensibilité élevée du clitoris aux hormones sexuelles, les modifications peuvent survenir relativement rapidement et devenir plus marquées avec le temps.

La virilisation de la voix est également courante. Les stéroïdes anabolisants peuvent provoquer un épaississement des cordes vocales, entraînant un abaissement du ton de la voix. Ce changement est généralement permanent, même après l’arrêt de l’utilisation des stéroïdes, et peut affecter l’identité et la perception de soi de la femme.

Les femmes qui utilisent des stéroïdes anabolisants peuvent également souffrir d’alopécie androgénétique, une perte de cheveux de type masculin, caractérisée par un amincissement des cheveux sur le cuir chevelu, particulièrement au niveau des tempes et du sommet de la tête. Cette condition peut entraîner une calvitie partielle ou complète.

L’acné, en particulier sur le visage, le dos et les épaules, est un autre effet secondaire notable. L’augmentation de la production de sébum par les glandes sébacées sous l’influence des androgènes conduit à des éruptions cutanées plus fréquentes et souvent plus graves, comparables à l’acné juvénile.

Les stéroïdes anabolisants peuvent perturber le cycle menstruel, provoquant des périodes irrégulières ou même l’aménorrhée, l’absence complète de menstruation. Ces changements hormonaux peuvent également affecter la fertilité à long terme.

Les stéroïdes anabolisants favorisent le développement musculaire, mais ils peuvent également entraîner une redistribution des graisses corporelles typiquement masculine. Les femmes peuvent observer une réduction de la masse graisseuse sur les hanches et les cuisses, avec une accumulation accrue autour de l’abdomen, ce qui confère une apparence plus masculine.

Outre les changements physiques, les stéroïdes anabolisants peuvent provoquer des effets psychologiques, notamment une augmentation de l’agressivité, parfois appelée « roid rage », et des changements d’humeur. Ces effets peuvent affecter les relations interpersonnelles et le bien-être mental des femmes.

Les femmes utilisant des stéroïdes anabolisants (SA) peuvent présenter un risque accru de développer des effets androgènes indésirables, notamment lorsqu’elles consomment des SA contrefaits ou faux (Perry, 1995). Ces effets peuvent inclure une augmentation significative de la force et de la masse musculaire, souvent plus prononcée que chez les hommes (George, 1996a).

Le développement rapide des muscles induit par les SA peut entraîner des complications, telles que des tendinites ou même des déchirures musculaires et tendineuses. De plus, les changements d’humeur, les comportements antisociaux, et les comportements agressifs et violents sont bien documentés comme effets secondaires des SA, avec des études indiquant leur rôle potentiel en tant que précurseurs de crimes violents (Korkia et Stimson, 1993; Schulte et al., 1993; Su et al., 1993; Choi et Pope, 1994; Pope et Katz, 1994; Lenehan et al., 1996; Pope et al., 1996; Copeland et al., 2000). Ces effets psychiatriques semblent être similaires chez les femmes (Korkia et al., 1996; Gruber et Pape, 2000).

L’utilisation de stéroïdes anabolisants peut également exposer les utilisateurs à des risques sanitaires graves, tels que les infections dues à l’utilisation d’aiguilles insalubres et au partage d’aiguilles, incluant l’hépatite, le VIH, et les abcès intramusculaires (Rich et al., 2000). En outre, les stéroïdes anabolisants peuvent avoir un impact négatif sur divers paramètres de santé, notamment les lipides sériques, la fonction hépatique (en particulier avec les stéroïdes 17-méthylés), et la tolérance au glucose. Ils augmentent également le risque de maladies cardiovasculaires et d’événements thrombotiques, comme la thromboembolie veineuse, l’accident vasculaire cérébral, et l’infarctus du myocarde (Parssinen et al., 2000).

Les femmes ayant recours aux SA peuvent aussi souffrir d’une insatisfaction extrême à l’égard de leur image corporelle, associée à un syndrome dysmorphique corporel similaire à l’anorexie. Elles peuvent suivre des régimes alimentaires et des programmes d’exercice très stricts, ce qui peut nuire à leur fonctionnement social et professionnel (Gruber et Pape, 2000). En outre, l’utilisation de stéroïdes anabolisants pendant la grossesse peut entraîner la virilisation du fœtus féminin.

Les effets psychologiques des stéroïdes anabolisants incluent l’irritabilité, l’hostilité, les changements d’humeur, les modifications de personnalité, et la psychose (Kanayama et Hudson, 2008). Ces manifestations peuvent avoir un impact profond sur le bien-être mental et émotionnel des femmes utilisant ces substances.


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