L’arthrose de la main est une maladie dégénérative des articulations des mains caractérisée par la détérioration du cartilage, entraînant douleur, raideur et perte de fonction.
Introduction – Quand les mains se figent : comprendre l’arthrose digitale
Nos mains racontent notre histoire. Elles créent, soignent, communiquent, accompagnent. Elles traduisent en gestes nos pensées les plus fines, nos émotions les plus profondes, et nos élans les plus spontanés. Chaque jour, elles accomplissent des centaines de mouvements, souvent sans que nous en ayons conscience. Pourtant, pour de nombreuses personnes, ces mouvements deviennent une source de douleur, de raideur et de frustration. L’arthrose de la main, insidieuse et progressive, transforme alors l’expression naturelle du geste en une lutte contre le blocage, la déformation et l’inconfort.
L’arthrose est une pathologie articulaire dégénérative qui touche particulièrement les personnes âgées, mais elle n’épargne pas les plus jeunes, surtout lorsqu’un terrain génétique, hormonal ou traumatique est en cause. Elle se manifeste par une détérioration progressive du cartilage, ce tissu souple et lisse qui recouvre les extrémités osseuses au sein des articulations. Lorsque ce cartilage s’amenuise ou disparaît, les os frottent directement les uns contre les autres, provoquant douleur, inflammation et formation d’excroissances osseuses appelées ostéophytes.
L’arthrose de la main concerne plusieurs régions anatomiques : les articulations interphalangiennes distales (ID) au bout des doigts, les interphalangiennes proximales (IP) au centre des doigts, et les articulations carpo-métacarpiennes (CMC), notamment celle du pouce. Elle est l’une des formes d’arthrose les plus fréquentes, particulièrement chez les femmes après la ménopause. Bien que souvent considérée comme une conséquence « naturelle » du vieillissement, elle représente un enjeu réel de santé publique par son impact fonctionnel et émotionnel.
Car vivre avec l’arthrose de la main, ce n’est pas seulement ressentir de la douleur. C’est parfois devoir renoncer à des gestes simples : boutonner une chemise, éplucher des légumes, écrire, jouer d’un instrument, ou simplement tenir la main d’un proche. À travers ces limitations, c’est l’autonomie, l’identité et la qualité de vie qui peuvent être mises à mal. De plus, la déformation visible des doigts — souvent associée à la formation de nodules de Bouchard et d’Heberden — peut affecter l’image corporelle et le rapport à soi.
La complexité de l’arthrose réside aussi dans sa variabilité. Certains individus vivent avec des lésions radiographiques avancées mais peu de douleur, tandis que d’autres souffrent intensément avec peu de signes visibles. Cette discordance entre la structure et le ressenti montre que l’arthrose n’est pas qu’une maladie mécanique. Elle s’inscrit dans un contexte plus large, où interagissent les facteurs biologiques, hormonaux, émotionnels et environnementaux.
À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement curatif de l’arthrose. La prise en charge vise donc à soulager les symptômes, à préserver la mobilité et à améliorer la qualité de vie. Si la médecine conventionnelle propose des anti-inflammatoires, des infiltrations ou parfois la chirurgie, d’autres approches — comme l’ostéopathie — cherchent à accompagner la personne dans sa globalité, en redonnant du mouvement aux tissus, en réduisant les contraintes mécaniques, et en favorisant l’autorégulation du corps.
Cet article propose une exploration complète de l’arthrose de la main : ses formes, ses causes, ses manifestations cliniques, ses conséquences, ainsi que les stratégies thérapeutiques disponibles, y compris l’approche ostéopathique. Nous verrons que, même si cette affection est chronique, il est possible d’agir à plusieurs niveaux pour réduire les douleurs, ralentir l’évolution et retrouver une certaine liberté gestuelle.
À travers ce parcours, nous espérons aussi redonner une place à ces mains souvent oubliées, blessées ou vieillies trop vite, mais qui restent au cœur de notre humanité. Parce qu’elles touchent, façonnent, étreignent et expriment… nos mains méritent qu’on les écoute, qu’on les comprenne, et qu’on en prenne soin.


Symptômes fréquents et signes cliniques de l’arthrose de la main
L’arthrose de la main se manifeste progressivement, souvent de manière insidieuse. Dans ses débuts, elle peut passer inaperçue ou être confondue avec une simple fatigue articulaire. Pourtant, à mesure que la dégradation du cartilage progresse, les signes deviennent plus évidents, affectant non seulement le mouvement mais aussi la structure même des articulations. Comprendre les symptômes typiques de cette pathologie est essentiel pour poser un diagnostic précoce, ralentir son évolution, et proposer une prise en charge adaptée.
Douleur articulaire : une plainte initiale fréquente
La douleur est le symptôme le plus courant. Elle se manifeste généralement à l’effort, lorsque la main est sollicitée pour des gestes du quotidien : tourner une clé, découper des aliments, écrire, ouvrir un bocal. Cette douleur peut aussi apparaître après l’activité, ou en fin de journée, traduisant un état d’inflammation chronique de l’articulation. Elle est souvent décrite comme sourde, profonde, et difficile à localiser précisément.
Avec l’évolution, la douleur peut devenir plus persistante, survenant même au repos ou la nuit, et altérant le sommeil. Certaines personnes évoquent des épisodes de douleur aiguë, en particulier lors de poussées inflammatoires dans les formes érosives.
Raideur matinale ou post-inactivité
Un autre signe révélateur est la raideur articulaire, souvent observée le matin au réveil ou après une période prolongée d’inactivité (lecture, conduite, repos). Cette raideur, transitoire, dure généralement moins de 30 minutes, ce qui permet de la différencier des formes inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde, où la raideur peut durer plus d’une heure.
Au fil du temps, cette raideur peut s’aggraver, et les gestes fins deviennent plus difficiles à initier, ce qui gêne l’ouverture de la main ou la flexion complète des doigts.
Gonflement articulaire : inflammation discrète mais persistante
Dans les phases actives de l’arthrose, on observe souvent un gonflement localisé au niveau des articulations interphalangiennes. Il est généralement non rouge et peu chaud, ce qui le distingue des atteintes inflammatoires plus aiguës. Ce gonflement est dû à une combinaison d’irritation synoviale, d’épaississement capsulaire et, parfois, à la présence de nodules osseux (ostéophytes).
Il peut être accompagné d’un étirement douloureux de la capsule articulaire, rendant certaines positions inconfortables, notamment la préhension prolongée d’un objet.
Crépitements ou craquements articulaires
Lorsque le cartilage se détériore, les surfaces osseuses deviennent irrégulières, entraînant des bruits de craquement ou de frottement lors des mouvements. Ce phénomène, appelé crépitation, est fréquent dans les articulations interphalangiennes et carpo-métacarpiennes. Bien que ces bruits ne soient pas toujours douloureux, ils traduisent une perte de congruence articulaire et peuvent gêner le patient par leur caractère inhabituel.
Déformation des articulations et nodules caractéristiques
À un stade plus avancé, l’arthrose de la main entraîne des modifications visibles de la morphologie articulaire. Les deux déformations les plus caractéristiques sont :
- Les nodules de Bouchard, localisés sur les articulations interphalangiennes proximales (IP).
- Les nodosités d’Heberden, situées sur les articulations interphalangiennes distales (ID).
Ces excroissances osseuses sont souvent bilatérales et symétriques. Elles témoignent d’une ossification secondaire aux microtraumatismes répétés et à la réparation anarchique du cartilage détruit. Outre leur impact esthétique, elles peuvent limiter l’amplitude articulaire et provoquer une gêne lors des mouvements fins.
Perte de force et de mobilité
Avec la progression de la maladie, on observe une réduction progressive de la force de préhension, en particulier dans les tâches demandant une opposition pouce-index (tenir un stylo, boutonner un vêtement). La mobilité des doigts est elle aussi compromise : certaines articulations deviennent rigides, d’autres compensent en développant une hyperlaxité secondaire, créant des déséquilibres dans les chaînes musculaires de la main.
Cette perte fonctionnelle impacte directement l’autonomie et la qualité de vie, en limitant l’exécution des gestes du quotidien.
Sensibilité au toucher et allodynie
Certaines articulations arthrosiques deviennent sensibles au simple contact, même sans mouvement. Cette hypersensibilité est liée à l’irritation chronique des récepteurs articulaires, parfois accompagnée d’un œdème capsulaire. Elle peut entraîner une réduction spontanée de l’usage de la main, favorisant l’ankylose et la fonte musculaire.
Évolution par poussées et phases de stabilisation
L’arthrose de la main n’évolue pas toujours de façon linéaire. Elle peut alterner des phases de poussées douloureuses (inflammation, gonflement, raideur accrue) avec des phases de rémission partielle, où les douleurs diminuent et la fonction s’améliore. Cette évolution par à-coups est typique des formes érosives et doit être bien comprise pour adapter les traitements.
Les différentes formes d’arthrose de la main
L’arthrose de la main n’est pas une entité homogène. Elle se manifeste sous plusieurs formes distinctes, selon les articulations concernées, la rapidité de l’évolution, le contexte inflammatoire ou non, et les caractéristiques radiographiques. Une bonne compréhension de ces variantes est essentielle pour poser un diagnostic différentiel, adapter la prise en charge thérapeutique, et anticiper l’évolution fonctionnelle. Parmi les formes les plus fréquentes, on distingue : l’arthrose nodulaire, l’arthrose érosive, et l’arthrose de l’articulation carpo-métacarpienne (CMC) du pouce.
L’arthrose nodulaire : la forme la plus visible
L’arthrose nodulaire est sans doute la forme la plus classique et reconnaissable de l’arthrose digitale. Elle affecte principalement les articulations interphalangiennes distales (ID) et proximales (IP), soit les extrémités et le centre des doigts.
Cette forme se caractérise par l’apparition de nodosités osseuses, nommées respectivement :
- Nodules d’Heberden au niveau des articulations distales
- Nodules de Bouchard au niveau des articulations proximales
Ces excroissances osseuses sont le résultat d’un remodelage osseux secondaire à la dégradation du cartilage articulaire. Elles apparaissent souvent de façon bilatérale et symétrique, notamment chez les femmes post-ménopausées, et peuvent s’accompagner de raideur, de douleur à la pression ou au mouvement, et de déformations visibles.
L’évolution est généralement lente et progressive, entrecoupée de phases de poussée inflammatoire modérée. Les douleurs s’atténuent parfois une fois les nodules stabilisés, mais la gêne fonctionnelle peut persister, notamment dans les gestes fins ou prolongés.
Radiologiquement, on observe :
- Réduction de l’interligne articulaire
- Ostéophytes marginaux
- Sclérose sous-chondrale
- Déformations structurales
Cette forme d’arthrose, bien que souvent bien tolérée sur le plan systémique, peut profondément altérer la dextérité et l’image corporelle du patient.
L’arthrose érosive : une forme plus agressive et inflammatoire
L’arthrose érosive est une variante plus rare mais nettement plus douloureuse et destructrice. Elle concerne principalement les articulations interphalangiennes proximales (IP), mais peut aussi affecter d’autres petites articulations digitales.
Elle se distingue par un processus inflammatoire marqué qui s’accompagne d’une destruction rapide du cartilage et de l’os sous-jacent, d’où le terme “érosive”. Les symptômes sont souvent plus brusques, sévères, avec des phases de douleurs aiguës, un gonflement important, une rougeur locale et une sensation de chaleur, parfois confondue avec une pathologie inflammatoire comme la polyarthrite rhumatoïde.
Les articulations deviennent sensibles, instables et se déforment rapidement, avec des pertes fonctionnelles majeures. Dans certains cas, des ankylose articulaires (blocage définitif) peuvent survenir si la maladie n’est pas prise en charge précocement.
Sur le plan radiologique, on retrouve :
- Érosions centrales ou marginales
- Disparition de l’interligne articulaire
- Ostéophytes irréguliers
- Atteintes asymétriques dans certains cas
Cette forme d’arthrose nécessite souvent une approche pluridisciplinaire, avec un suivi médical attentif, une adaptation fonctionnelle, et une prise en charge ostéopathique respectueuse de l’état inflammatoire aigu.
L’arthrose CMC du pouce : un défi fonctionnel majeur
L’articulation carpo-métacarpienne (CMC) du pouce, située à la base de celui-ci, est particulièrement vulnérable à l’arthrose. Il s’agit d’une articulation en selle, extrêmement mobile, mais soumise à des contraintes mécaniques importantes, notamment lors des gestes de pince, de rotation et de préhension.
L’arthrose CMC du pouce touche davantage les femmes après 50 ans, et son développement peut être favorisé par des antécédents traumatiques ou une hyperlaxité ligamentaire.
Symptômes typiques :
- Douleur à la base du pouce, surtout lors de la saisie d’objets
- Diminution de la force de pince (entre pouce et index)
- Déformation visible (subluxation, élargissement de la base)
- Raideur et instabilité
La douleur est souvent ressentie en fin de journée, lors des mouvements répétitifs ou en rotation (ouvrir un bocal, tourner une clé).
Le diagnostic repose sur l’examen clinique (test de Grind, test de compression axiale du pouce) et la radiographie, qui révèle un rétrécissement de l’interligne, des ostéophytes, et parfois une subluxation dorsale du premier métacarpien.
Le traitement repose sur une combinaison de mesures : repos articulaire, orthèse de stabilisation, rééducation fonctionnelle, ostéopathie, infiltrations, voire chirurgie dans les cas sévères.
Les nodules typiques : Bouchard et Heberden
Parmi les signes cliniques les plus évocateurs de l’arthrose de la main, les nodosités de Bouchard et d’Heberden tiennent une place centrale. Ces excroissances osseuses, visibles et palpables, sont le fruit d’un remodelage articulaire chronique, témoin de l’usure et de la réparation anarchique du cartilage. Elles ne sont pas simplement esthétiques : elles traduisent une souffrance articulaire prolongée, affectent la fonction de la main et peuvent être à l’origine de douleurs, de raideurs et de troubles de la coordination.
Origine et mécanisme de formation
Lorsque le cartilage qui recouvre les extrémités osseuses s’amincit ou disparaît — comme c’est le cas dans l’arthrose — les os frottent entre eux, générant inflammation, microtraumatismes et instabilité. En réaction, l’organisme tente de “réparer” la structure articulaire en stimulant une croissance osseuse. Ce processus de néoformation, bien qu’intentionné, engendre des excroissances osseuses appelées ostéophytes qui s’accumulent autour de l’articulation, formant progressivement des nodules.
Ces nodules peuvent apparaître sans douleur ou, au contraire, être précédés de phases inflammatoires aiguës, avec douleur, rougeur et limitation fonctionnelle. Une fois stabilisés, ils deviennent souvent indolores mais laissent des séquelles mécaniques durables.
Les nodosités d’Heberden

Les nodosités d’Heberden se situent au niveau des articulations interphalangiennes distales (ID), c’est-à-dire les articulations les plus proches du bout des doigts.
Caractéristiques cliniques :
- Localisation : extrémités des doigts, juste avant l’ongle.
- Aspect : petites excroissances dures, visibles sur le dessus (dorsal) des articulations.
- Symétrie : souvent présentes des deux côtés, bien que leur apparition puisse être progressive.
- Douleur : elles peuvent être sensibles à la pression, surtout au début de leur formation.
- Mobilité : une gêne à la flexion/extension peut s’installer, altérant les gestes fins.
Contexte historique :

Ces nodosités doivent leur nom à William Heberden (1710–1801), médecin britannique qui fut l’un des premiers à les décrire. Il avait remarqué leur prévalence chez les femmes âgées et leur caractère souvent héréditaire. Aujourd’hui encore, leur présence constitue un critère diagnostique important dans l’arthrose digitale.
Les nodules de Bouchard
Moins connus du grand public mais tout aussi significatifs, les nodules de Bouchard apparaissent au niveau des articulations interphalangiennes proximales (IP), situées au centre des doigts.
Caractéristiques cliniques :
- Localisation : articulation intermédiaire, entre les phalanges proximales et moyennes.
- Aspect : nodules fermes, parfois moins visibles que ceux d’Heberden mais tout aussi limitants.
- Sensibilité : souvent douloureux à la pression et au mouvement, surtout lors des poussées arthrosiques.
- Fonction : ils limitent la flexion complète du doigt, perturbant les gestes du quotidien (prise d’objet, écriture, manipulation fine).

Contexte historique :

Ces nodules portent le nom du médecin français Charles-Joseph Bouchard (1837–1915), pionnier de la compréhension des maladies dégénératives articulaires. Il mit en lumière leur lien avec les processus inflammatoires chroniques et les atteintes structurales visibles en radiologie.
Conséquences fonctionnelles et esthétiques
Les nodules de Bouchard et d’Heberden ne sont pas de simples “bosses”. Leur apparition s’accompagne de remaniements articulaires profonds :
- Réduction de l’amplitude de mouvement
- Modification de l’axe des doigts (déviation ou angulation)
- Gêne lors des gestes fins : écrire, attacher un bouton, pincer
- Impact esthétique et psychologique, surtout chez les patientes jeunes ou très actives
Certaines personnes développent également une attitude compensatoire, sollicitant davantage les articulations non atteintes, ce qui peut à son tour favoriser leur usure.
Diagnostic différentiel et imagerie
Sur le plan radiographique, ces nodules s’accompagnent généralement de :
- Rétrécissement de l’espace articulaire
- Ostéophytes bien visibles
- Sclérose sous-chondrale
- Déformation de la tête osseuse
Il est important de les différencier des nodules arthritiques (polyarthrite rhumatoïde), des tophus (goutte) ou d’autres causes de tuméfaction digitale. Le caractère dur, progressif, bilatéral et associé à des signes radiographiques dégénératifs est évocateur d’arthrose.
Peu de traitement curatif, mais des pistes d’accompagnement
Aucune thérapie ne permet de “faire disparaître” les nodules. Toutefois, plusieurs approches peuvent soulager la douleur, maintenir la mobilité et ralentir la progression :
Approche psychosomatique, pour explorer le rapport à la perte de fonction et l’image du corps
Orthèses de repos ou fonctionnelles
Mobilisations douces en ostéopathie pour réduire les tensions périarticulaires
Bains de paraffine, compresses chaudes, exercices d’assouplissement
Alimentation anti-inflammatoire, riche en oméga-3 et antioxydants
Causes et facteurs de risque de l’arthrose de la main
L’arthrose de la main n’est pas une maladie qui survient par hasard. Elle résulte d’un enchevêtrement de facteurs : vieillissement naturel, hérédité, surutilisation, traumatismes articulaires, déséquilibres hormonaux, surcharge mécanique… Comprendre les causes profondes et les éléments de risque permet d’envisager non seulement une prévention plus ciblée, mais aussi une prise en charge plus globale, tenant compte du vécu, de l’environnement et du terrain constitutionnel de chaque personne.
1. Le vieillissement articulaire : une usure programmée ?
Le facteur le plus souvent cité reste l’âge. Avec le temps, le cartilage s’amincit, perd de sa capacité de régénération, et devient plus vulnérable aux microtraumatismes du quotidien. Ce phénomène est accentué par une diminution des capacités d’hydratation du cartilage, une production moindre de liquide synovial, et une altération de la nutrition cellulaire locale. Cette « usure » n’est toutefois pas universelle : certaines personnes âgées ne développeront jamais d’arthrose significative, tandis que d’autres verront leurs mains se déformer dès la cinquantaine.
2. Le rôle de la génétique : l’héritage silencieux
De nombreuses études ont mis en évidence une prédisposition génétique dans l’arthrose des mains, notamment dans sa forme nodulaire. Les nodosités d’Heberden et de Bouchard apparaissent fréquemment chez plusieurs membres d’une même famille, souvent sur plusieurs générations. Cette susceptibilité semble plus marquée chez les femmes. Certains gènes liés à la structure du collagène, au métabolisme du cartilage ou à la régulation de l’inflammation pourraient jouer un rôle déterminant.
Ainsi, une patiente peut souffrir d’arthrose sans avoir eu d’accident ou de travail manuel intense, simplement parce que son terrain familial la prédispose à une fragilité cartilagineuse accrue.
3. Le sexe et l’influence hormonale
L’arthrose de la main est nettement plus fréquente chez les femmes, notamment après la ménopause. Cela s’explique en partie par la chute des œstrogènes, hormones connues pour leurs effets protecteurs sur les tissus articulaires. Les modifications hormonales influencent non seulement le métabolisme du cartilage, mais aussi la perception de la douleur, la laxité ligamentaire et la résistance osseuse.
Il n’est pas rare de voir apparaître une arthrose digitale rapidement après la ménopause, avec des poussées inflammatoires marquées, comme dans l’arthrose érosive.
4. Les traumatismes et microtraumatismes répétés
Les traumatismes anciens, même mineurs, peuvent favoriser une dégénérescence articulaire à long terme. Une fracture, une entorse mal consolidée, une chirurgie ancienne ou un choc direct peuvent altérer la biomécanique d’une articulation et précipiter l’usure du cartilage.
Par ailleurs, les gestes répétitifs ou les activités manuelles intensives (secrétariat, couture, métiers de la santé, musique, jardinage, mécanique…) soumettent les mains à des contraintes constantes. Ce stress articulaire chronique peut, à la longue, entraîner une microdétérioration des structures et déclencher une cascade dégénérative.
5. L’obésité : une influence méconnue sur les mains
On associe souvent l’obésité à l’arthrose des genoux ou des hanches, mais elle joue aussi un rôle dans l’arthrose digitale. Non pas à cause de la charge mécanique (les mains ne portent pas le poids du corps), mais en raison de l’effet inflammatoire systémique du tissu adipeux. Ce dernier produit des cytokines pro-inflammatoires (comme la leptine ou le TNF-alpha) qui altèrent la qualité du cartilage à distance.
Ainsi, le surpoids est un facteur de risque indirect mais réel d’arthrose de la main.
6. Les anomalies mécaniques et posturales
Une mauvaise posture chronique, des troubles de l’axe articulaire (doigts déviés, hyperlaxité congénitale, instabilité des ligaments) ou encore une coordination motrice altérée peuvent augmenter les contraintes sur certaines articulations et accélérer leur dégénérescence.
Ces déséquilibres, souvent discrets, sont parfois corrigibles en ostéopathie ou en ergothérapie si détectés précocement.
7. Les maladies articulaires inflammatoires
Même si l’arthrose n’est pas une maladie inflammatoire à proprement parler, elle peut coexister avec ou être favorisée par des pathologies telles que la polyarthrite rhumatoïde, le lupus érythémateux ou le psoriasis articulaire. Ces conditions inflammatoires chroniques altèrent la structure des articulations, modifient la composition du cartilage et fragilisent les surfaces articulaires, créant un terrain propice à l’arthrose secondaire.
8. Facteurs métaboliques et nutritionnels
Des déséquilibres tels que le diabète, l’hyperuricémie, ou des carences en vitamine D et calcium peuvent influencer la santé des articulations. La qualité du tissu cartilagineux dépend en effet de nombreux micronutriments, de la vascularisation osseuse et de la régulation du métabolisme local.
L’arthrose de la main au quotidien : impact fonctionnel et qualité de vie
L’arthrose de la main ne se limite pas à une simple dégénérescence articulaire visible sur une radiographie. Elle s’infiltre dans les gestes les plus élémentaires, les plus familiers, jusqu’à altérer le quotidien dans ses dimensions les plus intimes. À mesure que les articulations se déforment, que la douleur s’installe et que la mobilité se réduit, le rapport à soi, à l’autre, au travail et aux activités de la vie courante est bouleversé. L’arthrose devient alors une expérience vécue, corporelle, affective, parfois invisible mais profondément ressentie.
La main, outil de la vie quotidienne
Les mains sont au cœur de presque toutes nos interactions avec le monde : elles habillent, cuisinent, écrivent, touchent, tiennent, caressent, communiquent. Lorsque ces fonctions sont altérées, c’est l’autonomie qui s’effrite peu à peu. Les gestes simples deviennent contraignants, parfois impossibles :
- Attacher un soutien-gorge, boutonner une chemise
- Tourner une clé dans une serrure
- Ouvrir un bocal ou une bouteille
- Se coiffer, se brosser les dents, enfiler une paire de gants
- Écrire ou utiliser un téléphone
Ces limitations affectent non seulement les activités domestiques, mais aussi les gestes professionnels ou créatifs : jardinage, musique, artisanat, couture, travail de bureau ou en soins. Certains patients rapportent une perte d’efficacité, une lenteur accrue, ou la nécessité d’adapter leur façon de faire. D’autres en arrivent à abandonner des tâches ou à déléguer, ce qui peut entraîner un sentiment de frustration ou d’impuissance.
Douleur et fatigue : un effort constant pour compenser
La douleur chronique, même modérée, épuise à la longue. Elle s’associe à des contractures musculaires secondaires, à une vigilance corporelle constante, et à une fatigue fonctionnelle généralisée. L’arthrose de la main ne gêne pas seulement le mouvement : elle impose une charge mentale permanente.
De plus, la gêne douloureuse oblige parfois à compenser avec les autres doigts, la paume ou même l’avant-bras, ce qui peut créer des tensions secondaires dans le coude, l’épaule, voire la nuque. Le corps entier s’adapte pour protéger une articulation douloureuse — au risque de déséquilibrer d’autres chaînes fonctionnelles.
Altération de la préhension et des gestes fins
L’un des impacts les plus spécifiques de l’arthrose de la main est la diminution de la précision gestuelle, notamment dans la pince pouce-index, la flexion des phalanges distales, et la stabilité articulaire. Cette altération touche :
- La préhension de petits objets (pièces de monnaie, boutons)
- Les mouvements fins de rotation (clef, stylo)
- Les appuis prolongés (tenir un livre, une tablette)
- Le contrôle de la force (soulever une tasse, presser un tube)
Lorsque les articulations perdent leur fluidité, c’est la confiance dans la main qui s’amenuise. Certains patients évitent certains gestes par crainte de laisser tomber un objet ou de déclencher une douleur.
Impact esthétique et image corporelle
L’apparition de nodules (Heberden, Bouchard), les déformations visibles, et parfois le gonflement asymétrique des doigts modifient l’image que le patient a de sa main. Cette transformation physique est parfois mal vécue, en particulier chez les femmes, ou chez les personnes pour qui les mains sont une part de leur identité (artistes, thérapeutes, enseignants, artisans).
La main déformée peut devenir une source de gêne sociale, de retrait silencieux, voire de honte. Certains patients cachent leurs mains, évitent les gestes d’affection ou les regards posés sur leurs doigts.
Répercussions émotionnelles et psychologiques
L’arthrose de la main s’accompagne souvent d’un ressenti d’usure, de perte, de vieillissement prématuré. Chez les personnes actives, elle peut susciter colère, sentiment d’injustice ou anxiété quant à l’avenir professionnel. Chez les personnes âgées, elle est parfois vécue comme un symbole du déclin, un rappel douloureux du corps qui “lâche”.
Certaines études montrent un lien entre arthrose douloureuse et symptômes dépressifs légers à modérés, en particulier chez les femmes âgées vivant seules. D’autres soulignent le poids du sentiment d’inutilité, lorsqu’une personne ne peut plus accomplir les gestes qui la faisaient se sentir utile ou valorisée.
Adaptation et résilience : des ressources mobilisables
Malgré ces difficultés, de nombreuses personnes développent des stratégies d’adaptation remarquables :
- Utilisation d’accessoires ergonomiques (ouvre-bocaux, stylos épaissis)
- Apprentissage de nouvelles façons de faire
- Délégation bienveillante à l’entourage
- Acceptation progressive de certains renoncements
- Pratiques corporelles douces : ostéopathie, yoga, bains de paraffine, auto-massages
L’accompagnement thérapeutique — qu’il soit ostéopathique, ergothérapeutique ou psychocorporel — peut jouer un rôle clé dans la reconstruction du rapport à la main, dans la revalorisation de ses capacités résiduelles, et dans la restauration du sentiment d’agir.
Diagnostic et examens complémentaires de l’arthrose de la main
Diagnostiquer l’arthrose de la main repose avant tout sur une observation clinique rigoureuse, une écoute attentive du patient et, lorsque nécessaire, l’appui de l’imagerie médicale. Si la symptomatologie est souvent évocatrice, le diagnostic précis — permettant de distinguer les différentes formes d’arthrose ou d’éliminer d’autres pathologies — exige une évaluation croisée, fonctionnelle et morphologique. Cette démarche est d’autant plus essentielle que certains patients présentent des douleurs diffuses ou atypiques, sans déformation visible.
Anamnèse : écouter la main qui parle
La première étape consiste à recueillir une anamnèse détaillée. Il est important de connaître :
- La localisation de la douleur (pouce, doigts, main globale)
- Le mode d’apparition : brutal ou progressif, post-traumatique ou spontané
- Les facteurs déclenchants : gestes répétitifs, port de charges, exposition au froid
- L’horaire des douleurs : plutôt matinal, en fin de journée, nocturne ?
- La présence de raideurs, de gonflements ou de craquements
- L’impact fonctionnel : perte de force, gestes impossibles, fatigue à l’effort
- L’existence d’antécédents familiaux d’arthrose
- Les comorbidités éventuelles : diabète, obésité, troubles hormonaux, pathologies inflammatoires
Ce recueil précis oriente vers une arthrose classique, érosive, ou vers une autre pathologie articulaire, comme une arthrite inflammatoire ou une pathologie systémique.
Examen clinique : observer, palper, tester
L’examen clinique permet d’objectiver les signes rapportés par le patient :
- Inspection : recherche de nodules (Heberden, Bouchard), déformations, gonflements, rougeurs, atrophie musculaire
- Palpation : recherche de douleur à la pression des articulations, chaleur locale, crépitation
- Mobilité active et passive : mesure de l’amplitude articulaire (flexion, extension, opposition du pouce)
- Force de préhension : test du serrage de main, pince pouce-index, levée d’objets
- Tests spécifiques :
- Test de Grind pour l’articulation CMC du pouce (rotation + compression douloureuse)
- Test de mobilité ligamentaire pour exclure une instabilité sous-jacente
L’observation d’une mobilité réduite associée à une douleur mécanique (liée au mouvement, soulagée par le repos) est typique d’une arthrose évoluée.
Radiographies standards : l’examen de référence
La radiographie reste l’examen clé pour confirmer le diagnostic d’arthrose. Elle permet de visualiser directement les structures osseuses et d’évaluer le stade de l’atteinte.
Les clichés sont généralement réalisés de face et de profil, en position fonctionnelle de la main.
Les signes radiologiques typiques :
- Réduction de l’espace articulaire, reflet de la perte de cartilage
- Ostéophytes : excroissances osseuses visibles sur les bords articulaires
- Sclérose sous-chondrale : densification de l’os sous-jacent
- Géodes : petites cavités remplies de liquide
- Déformations articulaires : subluxations, désaxement des doigts
La radiographie permet aussi de différencier les formes :
- Nodosités bien visibles dans l’arthrose nodulaire
- Érosions nettes et centrales dans l’arthrose érosive
- Subluxation du 1er métacarpien dans l’arthrose CMC du pouce
IRM et échographie : outils complémentaires ciblés
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) n’est pas systématique, mais elle peut être utile dans certains cas :
- Suspicion de lésion ligamentaire ou tendineuse associée
- Douleurs inexpliquées avec radiographie normale
- Évaluation pré-opératoire
Elle permet une visualisation fine du cartilage, des ligaments, de la membrane synoviale et des éventuelles lésions associées.
L’échographie articulaire peut aussi être utilisée pour :
- Détecter un épanchement, une synovite ou une inflammation locale
- Guider une infiltration (sous contrôle échographique)
- Évaluer la vascularisation en mode Doppler dans les formes érosives
Ces outils sont particulièrement utiles dans les diagnostics différentiels avec une pathologie inflammatoire ou une atteinte tendineuse isolée.
Analyses biologiques : éliminer les causes inflammatoires
L’arthrose est une affection non systémique : en principe, les bilans sanguins sont normaux.
Mais dans les cas douteux, notamment si les douleurs sont nocturnes, très inflammatoires, ou asymétriques, un bilan peut être prescrit pour exclure une maladie inflammatoire ou auto-immune :
- VS, CRP : pour détecter une inflammation active
- Facteur rhumatoïde, anti-CCP : en cas de suspicion de polyarthrite rhumatoïde
- Uricémie : en cas de doute avec une crise de goutte
Ces examens permettent de ne pas passer à côté d’un diagnostic différentiel majeur.
Arthroscopie : outil exceptionnel
Rarement utilisée pour l’arthrose de la main, l’arthroscopie peut, dans certains cas complexes ou chirurgicaux, permettre une évaluation directe de l’articulation. Elle sert aussi à réaliser certains gestes chirurgicaux (débridement, nettoyage articulaire).
Signes radiographiques caractéristiques de l’arthrose de la main
L’examen radiographique est l’un des outils les plus utilisés pour confirmer le diagnostic d’arthrose. Il permet de visualiser les modifications structurales des articulations, souvent bien avant que les symptômes ne deviennent invalidants. Dans le cas particulier de l’arthrose de la main, la radiographie standard reste l’examen de première intention : rapide, peu coûteux, disponible partout, et très révélateur des différentes phases de la maladie.
Mais interpréter correctement les images demande une connaissance fine des signes caractéristiques de cette pathologie. Car chaque anomalie visible raconte une histoire de contrainte, de réparation, de remodelage — bref, une tentative du corps de s’adapter à l’usure.
Réduction de l’espace articulaire : le marqueur fondamental
Le signe le plus constant et le plus précoce est le rétrécissement de l’interligne articulaire. Il traduit la dégénérescence progressive du cartilage, ce tissu qui recouvre normalement les surfaces osseuses en leur permettant de glisser sans friction.
Dans l’arthrose de la main, cette perte de cartilage peut être :
- Focale (localisée à une partie de l’articulation)
- Globale (touchant l’ensemble de la surface articulaire)
La diminution de l’espace articulaire est particulièrement bien visible sur les clichés en incidence de face et oblique, notamment au niveau :
- Des articulations interphalangiennes distales (ID)
- Des interphalangiennes proximales (IP)
- De la carpo-métacarpienne (CMC) du pouce
Ce rétrécissement s’accompagne souvent d’un aplatissement ou d’un élargissement de l’espace articulaire, dans une tentative de compensation.
Ostéophytes : les excroissances osseuses marginales
Les ostéophytes, également appelés « becs de perroquet », sont des excroissances osseuses formées en bordure des articulations atteintes. Ils constituent une réponse adaptative du corps à l’instabilité articulaire : l’os tente de « renforcer » les zones soumises à des contraintes anormales.
Dans l’arthrose des doigts, les ostéophytes sont souvent bien visibles :
- Au niveau des ID (Heberden)
- Au niveau des IP (Bouchard)
- À la base du pouce (CMC)
Ils donnent parfois à l’articulation une forme élargie ou déformée, visible même à l’œil nu, et contribuent à la raideur et à la limitation fonctionnelle. Leur taille n’est pas toujours proportionnelle à la douleur ressentie : certains patients avec de larges ostéophytes sont peu symptomatiques, tandis que d’autres souffrent avec peu de signes visibles.
Sclérose sous-chondrale : l’os qui se densifie
En réaction à la perte de cartilage, l’os situé juste sous l’articulation (l’os sous-chondral) peut devenir plus dense et plus épais. Ce phénomène, appelé sclérose sous-chondrale, se manifeste sur les radiographies par une augmentation de la densité osseuse à proximité immédiate de l’interligne articulaire.
C’est un mécanisme d’adaptation : l’os tente de supporter des contraintes mécaniques inhabituelles, en se renforçant. Mais cette densification peut rendre l’os plus rigide, moins apte à absorber les chocs, ce qui aggrave les douleurs mécaniques.
Géodes (ou kystes sous-chondraux)
Autre signe caractéristique : la formation de géodes, petites cavités remplies de liquide situées dans l’os, juste sous le cartilage. Elles apparaissent comme des zones radiotransparentes (plus noires) sur les clichés radiographiques.
Les géodes sont la conséquence de microfissures osseuses ou de pressions excessives qui entraînent la pénétration de liquide synovial dans l’os. Elles peuvent être isolées ou multiples, et sont plus fréquentes dans les formes avancées d’arthrose.
Elles ne sont pas toujours symptomatiques, mais leur présence indique un stade évolué de dégénérescence.
Déformation de l’articulation : l’empreinte finale
À mesure que la maladie progresse, les structures articulaires perdent leur alignement naturel. On observe alors des modifications de la forme et de l’axe articulaire :
- Déviations latérales ou angulaires des doigts
- Subluxations (déplacement partiel) des têtes osseuses
- Effacement de la symétrie naturelle des interlignes
Dans l’arthrose érosive ou dans l’atteinte CMC du pouce, ces déformations peuvent être spectaculaires : élargissement de la base du pouce, collapsus articulaire, position vicieuse en Z. Ces altérations, une fois installées, sont irréversibles et peuvent compromettre fortement la fonction.
Spécificités radiologiques selon les formes cliniques
Forme d’arthrose | Signes radiographiques dominants |
---|---|
Arthrose nodulaire | Ostéophytes, rétrécissement progressif, nodules visibles |
Arthrose érosive | Érosions centrales, destruction osseuse, déformation rapide |
Arthrose CMC du pouce | Subluxation, ostéophytes, collapsus articulaire, déformation en selle |

Traitements médicaux classiques de l’arthrose de la main : que propose la médecine conventionnelle ?
Face à l’arthrose de la main, la médecine conventionnelle ne propose pas de traitement curatif, mais un arsenal thérapeutique centré sur la réduction des symptômes, l’amélioration de la fonction et la préservation de la qualité de vie. L’objectif est de ralentir l’évolution de la maladie, de soulager la douleur et de maintenir la mobilité articulaire, tout en évitant les complications et la perte d’autonomie.
Le choix du traitement dépend du stade de la maladie, de la forme clinique (nodulaire, érosive, CMC du pouce), de l’intensité des symptômes, et des attentes du patient. Il repose souvent sur une approche graduée, allant de mesures conservatrices à des interventions plus ciblées, voire chirurgicales dans les formes sévères.
Les traitements antalgiques et anti-inflammatoires
Paracétamol
Le paracétamol (acétaminophène) est souvent proposé en première intention pour les douleurs légères à modérées. Bien toléré, il peut être utilisé de manière ponctuelle ou régulière, mais son efficacité reste limitée dans les formes évoluées. Il est surtout utile pour soulager les douleurs mécaniques d’usage, sans effet direct sur l’inflammation.
Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
Les AINS (ibuprofène, naproxène, diclofénac…) sont indiqués en cas de douleurs plus intenses ou de poussées inflammatoires, notamment dans l’arthrose érosive. Ils peuvent être prescrits par voie orale, mais aussi en application locale (gels, crèmes), ce qui réduit les effets indésirables systémiques (digestifs, rénaux ou cardiovasculaires).
⚠️ Chez les personnes âgées ou polymédiquées, la voie topique est à privilégier pour limiter les risques.
Les infiltrations intra-articulaires
Dans les formes résistantes aux traitements oraux ou locales, notamment pour l’arthrose CMC du pouce, les infiltrations corticoïdes peuvent apporter un soulagement temporaire, parfois spectaculaire. Elles consistent à injecter un anti-inflammatoire puissant directement dans l’articulation, sous contrôle palpatoire ou échographique.
Elles sont particulièrement utiles en cas de :
- Douleur aiguë invalidante
- Inflammation importante
- Contre-indication aux AINS oraux
Cependant, leur effet est souvent transitoire (quelques semaines à quelques mois), et leur répétition doit être limitée (2 à 3 par an), en raison du risque d’altération du cartilage ou d’infection.
Des recherches récentes explorent aussi l’utilisation d’infiltrations d’acide hyaluronique (viscosupplémentation), mais les résultats dans les petites articulations de la main restent encore peu convaincants.
Les orthèses et attelles de repos
Les orthèses fonctionnelles ou de repos, prescrites par un médecin ou fabriquées par un ergothérapeute, sont particulièrement recommandées dans l’arthrose du pouce (CMC) ou lors de poussées douloureuses. Elles ont plusieurs objectifs :
- Stabiliser l’articulation douloureuse
- Limiter les mouvements traumatiques
- Réduire l’inflammation
- Préserver les amplitudes articulaires
Elles peuvent être portées :
- La nuit, pour limiter les microtraumatismes nocturnes
- Pendant la journée, lors d’activités spécifiques
Les attelles thermoformées offrent un confort supérieur et peuvent être ajustées à l’évolution des symptômes. L’adhésion du patient au port régulier de l’orthèse est un facteur-clé de leur efficacité.
La kinésithérapie et l’ergothérapie
La rééducation fonctionnelle joue un rôle majeur dans le maintien de la mobilité articulaire, la préservation de la force musculaire, et la prévention des déformations. Le kinésithérapeute ou l’ergothérapeute guide le patient à travers :
- Exercices actifs doux pour entretenir la souplesse
- Renforcement musculaire ciblé
- Massages décontracturants
- Mobilisations passives non douloureuses
En ergothérapie, l’accent est mis sur :
- L’adaptation des gestes quotidiens
- L’utilisation d’aides techniques (ouvre-bocaux, stylos ergonomiques)
- L’apprentissage de postures protectrices
L’alliance entre ces deux disciplines permet de limiter l’évolution vers la raideur, l’ankylose ou la compensation excessive.
Les traitements chirurgicaux (en dernier recours)
La chirurgie est envisagée uniquement dans les formes sévères et très invalidantes, après échec des traitements conservateurs. Elle est le plus souvent proposée pour l’arthrose CMC du pouce, lorsqu’il existe une déformation marquée, une douleur chronique, et une perte de fonction majeure.
Les techniques incluent :
- Trapézectomie (ablation du trapèze)
- Arthroplastie (pose d’une prothèse)
- Arthrodèse (fusion articulaire)
Ces interventions peuvent restaurer une partie de la fonction, mais elles impliquent une période de rééducation longue et des résultats variables selon l’état articulaire initial.
L’approche ostéopathique dans la prise en charge de l’arthrose de la main
L’arthrose de la main, bien qu’inscrite dans une logique de dégénérescence articulaire progressive, ne se réduit pas à une usure mécanique. Elle est l’expression d’un déséquilibre local et global, dans un corps qui compense, s’adapte, puis s’épuise. Dans ce contexte, l’ostéopathie propose une approche profondément complémentaire, centrée sur la qualité du mouvement, l’harmonie tissulaire, et l’écoute de la personne dans sa globalité.
Loin de prétendre « réparer » un cartilage abîmé, l’ostéopathe cherche à fluidifier l’environnement articulaire, à réduire les contraintes mécaniques, et à stimuler les mécanismes d’autorégulation pour ralentir l’évolution et améliorer le confort fonctionnel.
Restaurer la mobilité articulaire locale
Dans l’arthrose, l’un des objectifs clés est de préserver, voire de restaurer, la mobilité articulaire. À mesure que la raideur s’installe, l’ostéopathe mobilise les structures environnantes de façon douce et respectueuse, sans forcer sur les articulations déjà remaniées.
Les techniques utilisées sont généralement :
- Articulaires douces (mobilisations rythmées, oscillations)
- Indirectes, en travaillant les tissus mous périarticulaires
- Myotensives, pour relâcher les tensions musculaires autour des doigts
- De décoaptation, lorsque l’articulation est compressée ou en perte d’élasticité
L’enjeu est de réduire les adhérences, de favoriser l’amplitude sans douleur, et d’entretenir les micro-mouvements fondamentaux qui permettent la lubrification naturelle de l’articulation.
Libérer les contraintes tissulaires à distance
L’ostéopathie considère la main comme le prolongement d’une chaîne fonctionnelle plus vaste. Une contrainte sur l’épaule, une perte de mobilité au niveau du coude ou un déséquilibre postural global peuvent augmenter les tensions sur la main, et ainsi aggraver les symptômes arthrosiques.
L’ostéopathe examine donc :
- Le membre supérieur dans son ensemble (épaule, bras, coude, poignet)
- La ceinture scapulaire et cervicale, souvent en lien avec des compensations posturales
- La chaîne myofasciale descendante (liée aux tensions du rachis ou des appuis)
En travaillant sur ces zones à distance, il devient possible de réduire la charge fonctionnelle portée par les articulations de la main, et de rééquilibrer les gestes du quotidien.
Améliorer la circulation locale et le drainage
L’arthrose est souvent accompagnée d’un ralentissement des échanges métaboliques dans les tissus articulaires. La baisse d’oxygénation, la stagnation veineuse ou lymphatique, ou l’accumulation de médiateurs pro-inflammatoires entretiennent la douleur et la raideur.
L’ostéopathe agit alors sur :
- Le système vasculaire local (techniques de pompage, drainage doux)
- Le système lymphatique, notamment au niveau du creux axillaire et du thorax
- La respiration thoracique, moteur naturel de la circulation
Cette stimulation douce favorise une meilleure nutrition du cartilage résiduel, une évacuation des déchets métaboliques, et un allègement des zones congestionnées.
Soutenir l’adaptation psychocorporelle
L’ostéopathie, dans sa dimension holistique, considère que le vécu corporel d’une pathologie articulaire influe sur le ressenti du patient, sa posture, et ses ressources d’adaptation. L’arthrose de la main, parce qu’elle limite des gestes chargés de sens (toucher, tenir, créer, donner), peut résonner avec des tensions plus profondes — affectives, identitaires ou émotionnelles.
Dans ce cadre, l’ostéopathe peut :
- Accueillir le ressenti émotionnel lié à la perte de fonction
- Proposer un espace d’écoute corporelle sécurisant
- Travailler sur des zones de compensation somato-émotionnelles (diaphragme, occiput, thorax)
Cette approche sensible contribue à réintégrer la main dans le schéma corporel et à restaurer une forme de confiance dans le geste.
Conseils pratiques et gestes préventifs
L’ostéopathie ne s’arrête pas à la table de soin. Elle s’accompagne de recommandations personnalisées :
- Exercices doux d’auto-mobilisation des doigts et du poignet
- Hydrothérapie locale (alternance chaud/froid, bains de paraffine)
- Adaptation du poste de travail ou des gestes répétitifs
- Conseils sur l’ergonomie du quotidien : poignées, ustensiles, outils
L’ostéopathe joue un rôle d’éducateur du geste, aidant le patient à préserver sa fonction dans une dynamique de prévention active.
Exercices et conseils d’auto-gestion pour préserver la mobilité de vos mains
L’arthrose de la main peut donner l’impression d’un corps qui se referme sur lui-même, d’une articulation qui se raidit, se rétracte, se dérobe. Pourtant, même si l’usure du cartilage est irréversible, le mouvement reste une clé essentielle pour préserver la souplesse, limiter la douleur et retrouver une forme de liberté fonctionnelle. Loin des efforts intenses, ce sont souvent les gestes simples, réguliers et respectueux du rythme du corps qui produisent les effets les plus durables.
Dans cette section, nous proposons des exercices doux et des conseils pratiques pour entretenir la mobilité, renforcer les muscles, améliorer la circulation locale et favoriser une relation plus sereine à ses mains au quotidien.
Règle de base : écouter la main, ne jamais forcer
Avant tout, chaque exercice doit être réalisé sans douleur. Une légère tension ou un étirement modéré est acceptable, mais si une articulation devient rouge, enflée ou douloureuse après l’exercice, c’est qu’il est trop intense ou mal adapté.
📌 Fréquence idéale : 1 à 2 fois par jour, 5 à 10 minutes suffisent
📌 Conditions optimales : main réchauffée (bain tiède, friction douce), environnement calme, respiration détendue
Échauffement articulaire global
🔄 Roulements de poignets
- Joindre les mains comme en prière
- Effectuer de petits cercles dans un sens, puis dans l’autre
- Durée : 30 secondes de chaque côté
→ But : stimuler la synoviale, améliorer la lubrification articulaire
✨ Frictions douces
- Masser les doigts, un par un, de la base vers l’extrémité
- Insister sur les zones douloureuses avec douceur
- Utiliser une huile végétale si nécessaire (arnica, calendula)
→ But : détendre les tissus mous, activer la circulation locale
Exercices de mobilité et de souplesse
🤲 Ouverture/fermeture progressive
- Ouvrir la main lentement en écartant bien les doigts
- Refermer la main doucement en essayant de toucher la paume avec chaque doigt
- Répéter 10 fois
→ But : maintenir l’amplitude articulaire et éviter la rétraction tendineuse
🪷 Éventail des doigts
- Poser la main à plat sur une table
- Écarter les doigts au maximum, puis les rapprocher doucement
- Répéter 10 fois
→ But : favoriser l’indépendance digitale et la coordination fine
👉 Mobilisation du pouce
Renforcement doux et proprioception
🧽 Pression légère dans une balle molle
- Utiliser une balle en mousse ou une éponge
- Presser lentement, maintenir 3 secondes, relâcher
- Répéter 8 à 10 fois
→ But : entretenir la force sans agresser les articulations
🎯 Pince pouce-index
- Presser un petit objet souple (boule de coton, tissu roulé) entre le pouce et un autre doigt
- Alterner les doigts, maintenir quelques secondes
→ But : renforcer la préhension fine
Étirements et relâchement
🧘 Étirement dorsal des doigts
- Main tendue paume vers le haut
- Avec l’autre main, tirer doucement les doigts vers le sol
- Maintenir 20 secondes, relâcher
→ But : soulager la tension des fléchisseurs et ouvrir les articulations
💧 Bain de paraffine ou compresses chaudes
- Tremper les mains dans un bain tiède (35–38°C) pendant 10 minutes
- Sécher en douceur, puis réaliser les exercices
→ But : assouplir les tissus avant mobilisation
Conseils pratiques d’auto-gestion
✔️ Adapter les gestes quotidiens
- Privilégier des mouvements en ligne droite, éviter les torsions brusques
- Utiliser les deux mains pour porter ou soulever des objets
- Alterner les tâches pour éviter la répétition
✔️ Ergonomie domestique
- Utiliser des ustensiles à poignée épaisse
- Installer un ouvre-bocal automatique
- Préférer les stylos larges et les couverts adaptés (ergonomiques)
✔️ Éviter les périodes d’immobilité prolongée
- Bouger les doigts toutes les 30–60 minutes, même en position assise
- Intégrer des mini-gestes dans la routine : plié/déplié devant la télévision, dans les transports, etc.
Astuces complémentaires naturelles
- Massage aux huiles essentielles : gaulthérie, eucalyptus citronné ou lavande vraie dilués dans une huile végétale
- Infusions anti-inflammatoires : curcuma, gingembre, ortie
- Alimentation riche en oméga-3, antioxydants, collagène naturel
Alimentation et soutien nutritionnel
L’alimentation joue un rôle souvent sous-estimé dans la gestion de l’arthrose de la main. Bien qu’elle ne puisse pas régénérer le cartilage déjà endommagé, elle constitue un levier important pour moduler l’inflammation, nourrir les tissus articulaires et soutenir les processus de réparation tissulaire. Une alimentation ciblée peut aider à réduire les douleurs, à ralentir la progression des lésions, et à favoriser un terrain biologique plus favorable à la mobilité articulaire.
Certaines substances pro-inflammatoires, comme les cytokines ou les prostaglandines, sont directement influencées par les apports alimentaires. À l’inverse, plusieurs nutriments possèdent des propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes ou chondroprotectrices, qui peuvent atténuer les symptômes arthrosiques. Il ne s’agit pas de « guérir par l’alimentation », mais de fournir au corps un environnement biochimique qui limite l’aggravation de la maladie.
Les oméga-3 sont les stars incontestées du régime anti-inflammatoire. Ces acides gras polyinsaturés, présents notamment dans les poissons gras (sardines, maquereaux, saumons sauvages), les graines de lin, les noix et l’huile de colza, ont montré leur capacité à freiner les médiateurs inflammatoires. Plusieurs études suggèrent que leur consommation régulière peut diminuer la douleur et la raideur matinale chez les personnes arthrosiques. Les compléments en huile de poisson peuvent également être envisagés, sous surveillance médicale, surtout en cas de carence avérée.
Les antioxydants jouent un autre rôle central. En neutralisant les radicaux libres produits lors du stress oxydatif (phénomène fréquent dans l’arthrose), ils contribuent à limiter les dommages cellulaires. Les vitamines C et E, le zinc, le sélénium et les polyphénols (présents dans les fruits rouges, le thé vert, le curcuma, le cacao brut) sont des alliés précieux. On les retrouve notamment dans les baies, les agrumes, les épinards, les artichauts, les brocolis, ou encore dans les épices comme le gingembre et le curcuma, qui cumulent effet antioxydant et action anti-inflammatoire naturelle.
Le curcuma, en particulier, est étudié pour son principe actif principal, la curcumine, dont les propriétés anti-inflammatoires sont reconnues. Pour optimiser son absorption, il est conseillé de l’associer à un corps gras (huile d’olive ou de coco) et à de la pipérine (composant du poivre noir). Des extraits standardisés de curcumine en complément alimentaire peuvent aussi être proposés dans les cas plus avancés.
Le collagène, principal constituant des cartilages et tissus conjonctifs, mérite une attention particulière. Avec l’âge, la synthèse endogène de collagène diminue, ce qui fragilise les structures articulaires. Une alimentation contenant des bouillons d’os, des poissons entiers (avec peau et arêtes), ou des compléments de collagène hydrolysé peut soutenir la régénération du tissu conjonctif et améliorer la qualité du cartilage résiduel. Certaines formules enrichies en acide hyaluronique ou en vitamine C (indispensable à la synthèse du collagène) sont encore plus efficaces.
Le régime alimentaire global doit viser à réduire l’inflammation de bas grade. Cela implique de limiter la consommation d’aliments transformés, riches en sucres raffinés, en acides gras trans et en additifs, qui favorisent la production de substances pro-inflammatoires. Les excès de viande rouge, de charcuteries, de produits laitiers industriels ou d’alcool sont également à éviter dans une démarche de soutien articulaire. À l’inverse, les régimes de type méditerranéen, riches en légumes colorés, légumineuses, céréales complètes, herbes fraîches, poissons et bonnes graisses, ont démontré leur efficacité dans la prévention des pathologies inflammatoires chroniques, dont l’arthrose.
L’hydratation reste essentielle. Le cartilage est un tissu avasculaire qui dépend des échanges de liquide synovial pour son métabolisme. Une bonne hydratation favorise la lubrification articulaire et limite la déshydratation des tissus. Boire suffisamment d’eau, limiter les boissons sucrées ou excitantes (café, sodas), et privilégier les tisanes anti-inflammatoires (ortie, reine-des-prés, frêne) fait partie des gestes simples mais puissants.
Certains compléments nutritionnels spécifiques peuvent être proposés en fonction du profil du patient : glucosamine, chondroïtine, MSM (méthyl-sulfonyl-méthane), silice organique, ou encore acides aminés comme la glycine ou la proline. Leur efficacité est variable d’un individu à l’autre, et ils ne doivent jamais remplacer une alimentation saine, mais s’y ajouter de façon ciblée et temporaire, dans une approche intégrative encadrée.
Enfin, il est fondamental de rappeler que l’alimentation ne doit pas être une source de frustration ou de rigidité. Il ne s’agit pas d’adopter un régime strict, mais de faire évoluer progressivement ses habitudes vers un modèle nourrissant, anti-inflammatoire, vivant et durable. La régularité et la cohérence comptent plus que la perfection.
Prévenir l’arthrose des doigts : gestes simples et habitudes protectrices
L’arthrose de la main n’est pas une fatalité inéluctable liée à l’âge. Si le facteur génétique ou hormonal peut favoriser son apparition, de nombreux éléments du mode de vie influencent sa progression, voire sa prévention. Prévenir l’arthrose, c’est protéger son capital articulaire dès que possible, en adoptant des habitudes respectueuses du corps, en particulier des mains, souvent surexploitées, négligées ou sollicitées à mauvais escient.
Nos doigts, nos poignets, nos pouces sont quotidiennement mobilisés dans des tâches souvent répétitives, parfois inconscientes : taper sur un clavier, serrer des objets, cuisiner, bricoler, soulever, masser. Cette répétition des gestes, quand elle n’est pas équilibrée ou compensée, peut induire des microlésions, des contraintes chroniques, et des déséquilibres musculaires qui, à long terme, affaiblissent les structures articulaires. C’est pourquoi l’éducation gestuelle, la prévention posturale et la modulation des efforts deviennent des piliers essentiels pour préserver la santé articulaire des mains.
Un des gestes préventifs les plus simples est la variation des postures et des prises. Lorsque vous effectuez une tâche manuelle prolongée (couture, jardinage, ordinateur, conduite), il est bénéfique de changer régulièrement de position, d’alterner les mains si possible, ou de faire de micro-pauses toutes les 20 à 30 minutes pour mobiliser les doigts dans toutes les directions. Ces pauses actives réhydratent le cartilage, lubrifient les articulations, et évitent les engourdissements qui traduisent une compression vasculaire ou nerveuse.
L’ergonomie joue également un rôle crucial. Beaucoup de douleurs liées à la surutilisation des mains pourraient être évitées en adaptant les outils aux capacités des doigts. Cela passe par des stylos larges et souples, des poignées antidérapantes, des ouvre-bocaux assistés, des ciseaux ergonomiques, ou des claviers ajustés en hauteur. De petits changements matériels peuvent réduire significativement la charge articulaire répétée.
Une attention particulière doit être portée au pouce, qui est particulièrement exposé dans les formes d’arthrose CMC. Éviter de maintenir longtemps la main en pince serrée, répartir la force sur l’ensemble de la paume et solliciter l’ensemble des doigts dans les efforts permet de mieux équilibrer la pression. Dans les activités professionnelles à risque (coiffure, artisanat, musiciens, travailleurs manuels), un travail préventif spécifique avec un thérapeute peut être précieux pour corriger les automatismes gestuels nuisibles.
Le renforcement musculaire doux est un autre axe de prévention important. Entretenir la tonicité des muscles de l’avant-bras, des interosseux et des lombricaux (muscles intrinsèques de la main) stabilise les articulations, limite l’hyperlaxité et amortit les contraintes mécaniques. Des exercices simples, réalisés régulièrement (pressions sur balle souple, pince pouce-index, écartements digitaux) contribuent à créer un environnement articulaire plus stable et mieux oxygéné.
La gestion du stress est souvent négligée dans la prévention articulaire. Pourtant, les tensions émotionnelles se traduisent fréquemment par des crispations involontaires, des poings fermés ou des positions figées des mains. Ces micro-contractures chroniques, lorsqu’elles ne sont pas exprimées, peuvent alimenter un terrain d’inflammation silencieuse. Des pratiques comme le yoga, la méditation de pleine conscience, le Qi Gong ou les automassages peuvent aider à détendre ces tensions réflexes et à restaurer une relation plus douce et consciente aux mains.
L’exposition au froid est également un facteur aggravant à considérer. Des mains fréquemment exposées au froid sans protection peuvent voir leur microcirculation se contracter, ce qui ralentit la nutrition des tissus et favorise l’enraidissement. Il est conseillé de porter des gants en extérieur par temps froid, ou d’utiliser des compresses chaudes en fin de journée si les doigts sont sensibles ou douloureux.
Enfin, la prévention passe par l’éducation corporelle dès l’enfance. Encourager chez les enfants des activités manuelles variées, équilibrer le temps d’écran par des jeux d’adresse, et éviter l’hyper-sollicitation d’un seul doigt (comme le pouce sur téléphone mobile) sont des réflexes utiles pour préserver la santé articulaire future. Car la prévention ne se limite pas aux personnes âgées : c’est une hygiène de mouvement qui s’inscrit tout au long de la vie.
Prévenir l’arthrose des doigts : gestes simples et habitudes protectrices
L’arthrose de la main n’est pas une fatalité inéluctable liée à l’âge. Si le facteur génétique ou hormonal peut favoriser son apparition, de nombreux éléments du mode de vie influencent sa progression, voire sa prévention. Prévenir l’arthrose, c’est protéger son capital articulaire dès que possible, en adoptant des habitudes respectueuses du corps, en particulier des mains, souvent surexploitées, négligées ou sollicitées à mauvais escient.
Nos doigts, nos poignets, nos pouces sont quotidiennement mobilisés dans des tâches souvent répétitives, parfois inconscientes : taper sur un clavier, serrer des objets, cuisiner, bricoler, soulever, masser. Cette répétition des gestes, quand elle n’est pas équilibrée ou compensée, peut induire des microlésions, des contraintes chroniques, et des déséquilibres musculaires qui, à long terme, affaiblissent les structures articulaires. C’est pourquoi l’éducation gestuelle, la prévention posturale et la modulation des efforts deviennent des piliers essentiels pour préserver la santé articulaire des mains.
Un des gestes préventifs les plus simples est la variation des postures et des prises. Lorsque vous effectuez une tâche manuelle prolongée (couture, jardinage, ordinateur, conduite), il est bénéfique de changer régulièrement de position, d’alterner les mains si possible, ou de faire de micro-pauses toutes les 20 à 30 minutes pour mobiliser les doigts dans toutes les directions. Ces pauses actives réhydratent le cartilage, lubrifient les articulations, et évitent les engourdissements qui traduisent une compression vasculaire ou nerveuse.
L’ergonomie joue également un rôle crucial. Beaucoup de douleurs liées à la surutilisation des mains pourraient être évitées en adaptant les outils aux capacités des doigts. Cela passe par des stylos larges et souples, des poignées antidérapantes, des ouvre-bocaux assistés, des ciseaux ergonomiques, ou des claviers ajustés en hauteur. De petits changements matériels peuvent réduire significativement la charge articulaire répétée.
Une attention particulière doit être portée au pouce, qui est particulièrement exposé dans les formes d’arthrose CMC. Éviter de maintenir longtemps la main en pince serrée, répartir la force sur l’ensemble de la paume et solliciter l’ensemble des doigts dans les efforts permet de mieux équilibrer la pression. Dans les activités professionnelles à risque (coiffure, artisanat, musiciens, travailleurs manuels), un travail préventif spécifique avec un thérapeute peut être précieux pour corriger les automatismes gestuels nuisibles.
Le renforcement musculaire doux est un autre axe de prévention important. Entretenir la tonicité des muscles de l’avant-bras, des interosseux et des lombricaux (muscles intrinsèques de la main) stabilise les articulations, limite l’hyperlaxité et amortit les contraintes mécaniques. Des exercices simples, réalisés régulièrement (pressions sur balle souple, pince pouce-index, écartements digitaux) contribuent à créer un environnement articulaire plus stable et mieux oxygéné.
La gestion du stress est souvent négligée dans la prévention articulaire. Pourtant, les tensions émotionnelles se traduisent fréquemment par des crispations involontaires, des poings fermés ou des positions figées des mains. Ces micro-contractures chroniques, lorsqu’elles ne sont pas exprimées, peuvent alimenter un terrain d’inflammation silencieuse. Des pratiques comme le yoga, la méditation de pleine conscience, le Qi Gong ou les automassages peuvent aider à détendre ces tensions réflexes et à restaurer une relation plus douce et consciente aux mains.
L’exposition au froid est également un facteur aggravant à considérer. Des mains fréquemment exposées au froid sans protection peuvent voir leur microcirculation se contracter, ce qui ralentit la nutrition des tissus et favorise l’enraidissement. Il est conseillé de porter des gants en extérieur par temps froid, ou d’utiliser des compresses chaudes en fin de journée si les doigts sont sensibles ou douloureux.
Enfin, la prévention passe par l’éducation corporelle dès l’enfance. Encourager chez les enfants des activités manuelles variées, équilibrer le temps d’écran par des jeux d’adresse, et éviter l’hyper-sollicitation d’un seul doigt (comme le pouce sur téléphone mobile) sont des réflexes utiles pour préserver la santé articulaire future. Car la prévention ne se limite pas aux personnes âgées : c’est une hygiène de mouvement qui s’inscrit tout au long de la vie.
Ce que nous apprend la recherche actuelle
Depuis deux décennies, la compréhension de l’arthrose a profondément évolué. Loin d’être perçue comme une simple conséquence du vieillissement ou de l’usure mécanique des articulations, l’arthrose de la main est aujourd’hui considérée comme une pathologie complexe, multifactorielle et dynamique, mêlant inflammation de bas grade, remaniements tissulaires, déséquilibres métaboliques et influences génétiques. Les recherches récentes ont permis d’affiner notre regard sur les mécanismes à l’œuvre, mais aussi sur les pistes thérapeutiques prometteuses, qu’elles soient conventionnelles ou complémentaires.
L’un des bouleversements majeurs apportés par la recherche concerne la place de l’inflammation silencieuse dans le développement et la progression de l’arthrose. Contrairement à la croyance longtemps répandue selon laquelle cette affection serait purement dégénérative, de nombreuses études ont montré que des processus inflammatoires discrets mais chroniques sont présents dès les stades précoces, notamment au niveau de la membrane synoviale. Cette inflammation de bas grade contribue à la dégradation du cartilage, à la prolifération des ostéophytes, et à la douleur. Elle ouvre la voie à de nouvelles approches anti-inflammatoires, non seulement médicamenteuses mais aussi nutritionnelles ou comportementales.
Par ailleurs, la recherche en imagerie médicale a transformé notre capacité à détecter et à caractériser l’arthrose de la main. L’IRM et l’échographie haute résolution permettent aujourd’hui de visualiser les lésions cartilagineuses, les remaniements osseux, mais aussi les synovites et les épanchements intra-articulaires précoces. Ces outils montrent que l’intensité des symptômes n’est pas toujours corrélée à l’étendue des lésions anatomiques visibles sur les radiographies standards. Cette dissociation entre structure et douleur encourage une prise en charge centrée sur la personne et son vécu, plutôt que sur les seules images.
La recherche a également mis en lumière le rôle des facteurs hormonaux dans l’arthrose de la main, en particulier chez les femmes. Après la ménopause, la chute des œstrogènes semble favoriser l’apparition de nodules d’Heberden et de Bouchard, ainsi qu’une progression plus rapide de la dégénérescence articulaire. Cette observation a conduit à explorer l’effet des traitements hormonaux substitutifs sur la prévention ou la stabilisation de l’arthrose digitale, avec des résultats encore débattus mais prometteurs.
Sur le plan thérapeutique, les biothérapies ciblées font l’objet de recherches actives. Certains anticorps monoclonaux visant les interleukines (comme l’IL-1 ou l’IL-6), ainsi que des inhibiteurs de métalloprotéases ou des modulateurs de l’activité chondrocytaire, sont en cours d’évaluation. Bien que ces traitements soient encore loin d’un usage courant pour l’arthrose de la main, ils traduisent un changement de paradigme : traiter non plus seulement les symptômes, mais les mécanismes biologiques sous-jacents.
En parallèle, la recherche explore de plus en plus les approches intégratives. Plusieurs études ont évalué les effets du yoga, de l’acupuncture, de la méditation de pleine conscience ou de la kinésithérapie douce dans la réduction de la douleur et l’amélioration de la fonction manuelle. L’ostéopathie, bien que moins étudiée de façon spécifique pour la main arthrosique, bénéficie de travaux montrant l’impact positif des techniques manuelles sur la douleur, la mobilité et la qualité de vie dans les troubles musculosquelettiques chroniques. Ces approches non médicamenteuses sont d’autant plus intéressantes qu’elles sont peu invasives, respectueuses du rythme du patient, et peuvent être combinées à d’autres traitements.
La littérature sur la nutrition appliquée à l’arthrose s’est également étoffée. Plusieurs essais cliniques ont montré les bénéfices des oméga-3, du curcuma (curcumine), des extraits d’avocat/soja (ASU), ou encore de la glucosamine et chondroïtine dans la réduction des douleurs arthrosiques, notamment au niveau des mains. Toutefois, les effets sont souvent modérés et varient selon les individus, ce qui souligne l’importance d’un accompagnement personnalisé.
Enfin, la recherche en neurosciences nous rappelle que la douleur arthrosique n’est pas seulement périphérique. Elle implique aussi une sensibilisation centrale : le cerveau peut entretenir la perception de douleur même en l’absence de dommage proportionnel. Ce phénomène explique pourquoi certains patients conservent une douleur intense malgré des images peu dégradées, ou à l’inverse, restent peu symptomatiques malgré une arthrose avancée. Cela renforce l’intérêt d’approches holistiques intégrant les dimensions émotionnelles, perceptives et sensorielles de l’expérience douloureuse.
Ainsi, la recherche actuelle, en croisant les regards de la biologie, de la clinique, de la technologie et des sciences humaines, enrichit notre compréhension de l’arthrose de la main. Elle confirme que la meilleure stratégie reste pluridisciplinaire, progressive, et centrée sur la personne dans sa globalité.
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