Le rythme scapulo-huméral est un élément clé dans la biomécanique de l’épaule. Il décrit la relation coordonnée entre l’omoplate (scapula) et l’humérus, en particulier lors de l’élévation du bras. Ce phénomène joue un rôle essentiel dans le maintien de la stabilité de l’épaule, de la force musculaire et de l’amplitude de mouvement. En termes simples, pour chaque deux degrés de mouvement de l’humérus dans l’articulation gléno-humérale, l’omoplate se déplace d’environ un degré. Ce rapport 2:1 est crucial pour une bonne fonction de l’épaule, notamment dans des mouvements tels que l’abduction ou la flexion du bras.

Ce concept a été étudié pour la première fois par Inman, Saunders et Abbott à l’aide de la radiographie, et leurs recherches ont jeté les bases de la compréhension actuelle du mouvement de l’épaule. Ces études ont montré que l’omoplate joue un rôle actif dans le mouvement de l’humérus, contrairement à la croyance initiale selon laquelle l’omoplate restait immobile pendant les mouvements de l’épaule. Depuis lors, ce rapport a été largement accepté comme un indicateur clé du fonctionnement normal de l’épaule.

Le rythme scapulo-huméral permet à la fosse glénoïdienne de rester correctement positionnée pour accueillir la tête de l’humérus tout au long des mouvements. En maintenant cette stabilité, il préserve également les relations longueur-tension des muscles gléno-huméraux, permettant à ces muscles de produire de la force sur une plus grande amplitude de mouvement. Sans ce mouvement coordonné, la tête de l’humérus se délogerait de la fosse glénoïdienne, entraînant des dysfonctionnements articulaires et musculaires.

Le bon fonctionnement du rythme scapulo-huméral est essentiel pour prévenir les blessures, en particulier chez les sportifs qui sollicitent beaucoup leurs épaules. Les mouvements répétitifs, tels que ceux observés dans des sports comme le tennis, la natation ou le baseball, peuvent entraîner des déséquilibres dans ce rythme, provoquant des douleurs et des blessures. C’est pourquoi la compréhension et l’évaluation de ce mécanisme sont cruciales pour les professionnels de santé, en particulier dans le domaine de l’ostéopathie, où l’objectif est de restaurer l’harmonie du mouvement et la fonction.

Dans cette optique, il est essentiel d’explorer non seulement le fonctionnement normal du rythme scapulo-huméral, mais aussi les causes potentielles d’un déséquilibre, ainsi que les méthodes d’évaluation et de traitement disponibles. Ce blog post permettra donc de plonger dans les différentes facettes de cette dynamique complexe de l’épaule, en offrant des éclaircissements sur ses phases de mouvement, son importance fonctionnelle, et les interventions nécessaires en cas de dysfonctionnement.

Le mouvement coordonné entre l’humérus et l’omoplate est fondamental pour assurer une fonction fluide et sans douleur de l’épaule. La mécanique de ce mouvement, appelée rythme scapulo-huméral, est la clé de la mobilité et de la stabilité articulaire. Chaque articulation et groupe musculaire de l’épaule travaille en harmonie pour permettre une amplitude complète du bras. En particulier, l’articulation gléno-humérale et l’articulation scapulothoracique jouent un rôle central dans cette coordination.

Le mouvement de l’humérus dans l’articulation gléno-humérale constitue une grande partie de l’élévation du bras. Toutefois, au fur et à mesure que le bras continue à s’élever, l’omoplate intervient en tournant vers le haut, un processus appelé rotation ascendante de l’omoplate. Cette rotation est assurée principalement par le trapèze supérieur et inférieur ainsi que par le muscle dentelé antérieur. Ensemble, ces muscles coordonnent le mouvement pour maintenir l’omoplate en position optimale par rapport à l’humérus, assurant ainsi un mouvement sans restriction.

Le rapport 2:1 entre le mouvement de l’humérus et celui de l’omoplate signifie que l’humérus se déplace deux fois plus que l’omoplate lors de l’élévation du bras. Ainsi, sur les 180° de l’élévation complète du bras, environ 120° se produisent dans l’articulation gléno-humérale, tandis que les 60° restants proviennent de la rotation de l’omoplate. Ce ratio permet de répartir la charge sur les différentes structures de l’épaule, réduisant ainsi la tension sur les muscles, les tendons et les ligaments qui entourent l’articulation.

Lorsque le rythme scapulo-huméral est perturbé, cela peut entraîner des problèmes de mobilité ou de douleur à l’épaule. Par exemple, une rotation insuffisante de l’omoplate peut entraîner une compression des tendons de la coiffe des rotateurs contre l’acromion, un problème communément appelé conflit sous-acromial. De plus, une surutilisation de l’articulation gléno-humérale sans participation adéquate de l’omoplate peut entraîner une usure prématurée des structures articulaires, conduisant à l’arthrose.

Il est important de noter que le mouvement de l’épaule ne se limite pas à une simple élévation du bras. Des mouvements complexes tels que la rotation externe et interne, ainsi que les mouvements combinés, nécessitent également une synchronisation entre l’humérus et l’omoplate. La capacité de l’omoplate à s’adapter et à se déplacer en fonction de l’humérus est essentielle pour éviter des déséquilibres musculaires et des blessures.

Ainsi, la mécanique du rythme scapulo-huméral ne concerne pas uniquement la mobilité, mais également la stabilité articulaire. Un bon équilibre entre la mobilité et la stabilité permet aux sportifs et aux individus actifs de maintenir une fonction optimale de l’épaule, tout en prévenant les blessures liées à une utilisation excessive ou incorrecte des muscles de l’épaule. En ostéopathie, l’évaluation de cette mécanique est cruciale pour identifier les déséquilibres et planifier une prise en charge adaptée.

L’élévation complète du bras en abduction ou en flexion se décompose en trois phases distinctes, chacune caractérisée par une coordination spécifique entre l’humérus et l’omoplate. Ces phases sont cruciales pour comprendre le fonctionnement du rythme scapulo-huméral et les éventuelles perturbations qui peuvent survenir.

Dans cette phase, qui couvre les premiers 30° d’élévation, l’omoplate reste relativement stable. On parle souvent de phase de « réglage » car l’omoplate peut soit légèrement tourner vers l’intérieur, soit vers l’extérieur, soit ne pas bouger du tout. Durant cette phase, le rapport de mouvement 2:1 n’est pas encore en place. Ce mouvement est principalement dû à l’articulation gléno-humérale, où l’humérus commence à s’élever tandis que l’omoplate est « couchée ». Cette phase permet d’initier le mouvement tout en assurant une stabilisation initiale de l’articulation scapulothoracique.

La stabilité de cette phase repose sur l’action coordonnée du deltoïde et du muscle sus-épineux.

Phase 1 : Élévation initiale (0°-30°)
L’image montre la relation entre l’omoplate et l’humérus pendant les premiers 30 degrés d’élévation latérale du bras. Les flèches indiquent le muscle deltoïde (flèche inférieure) et le muscle trapèze (flèche supérieure), qui travaillent ensemble pour amorcer l’abduction du bras, tandis que l’omoplate reste relativement stable dans cette phase initiale.

Ces muscles travaillent ensemble pour amorcer l’abduction du bras tout en maintenant la tête de l’humérus en position au sein de la fosse glénoïdienne. Sans une bonne coordination musculaire, des problèmes tels que des subluxations ou des dyskinésies de l’omoplate peuvent survenir, entraînant des douleurs et une mobilité réduite.

La deuxième phase couvre l’élévation entre 30° et 90°. C’est à ce moment que le rythme scapulo-huméral entre véritablement en jeu. L’omoplate commence à tourner vers le haut, un mouvement qui est principalement contrôlé par les fibres supérieures et inférieures du trapèze ainsi que par le muscle dentelé antérieur.

Phase 2 : Élévation intermédiaire (30°-90°): L’image illustre l’action des muscles clés lors de la rotation ascendante de l’omoplate. Le trapèze (flèches en haut et en bas) et le dentelé antérieur (flèche à droite) travaillent ensemble pour permettre à l’omoplate de tourner vers le haut pendant que l’humérus continue de s’élever. Cette coordination musculaire est essentielle pour maintenir un bon rapport scapulo-huméral durant cette phase.

Cette rotation ascendante de l’omoplate permet de maintenir la tête de l’humérus centrée dans la fosse glénoïdienne, évitant ainsi les conflits et les blessures.

Le rapport 2:1 se met en place pendant cette phase, avec environ 40° de mouvement au niveau de l’articulation gléno-humérale et 20° de rotation ascendante de l’omoplate.

Cette coordination est essentielle pour prévenir les pathologies de l’épaule comme les tendinopathies de la coiffe des rotateurs ou les bursites sous-acromiales. Un dysfonctionnement dans cette phase peut entraîner une surcharge des muscles de l’épaule, en particulier du deltoïde et des muscles de la coiffe des rotateurs, ce qui peut à terme mener à des blessures.

La troisième phase concerne les derniers 90° du mouvement d’élévation. Durant cette phase, l’omoplate continue de tourner vers le haut, mais commence également à s’élever le long de la cage thoracique. Cette élévation permet de maintenir la relation entre l’humérus et l’omoplate tout en évitant toute compression des structures sous-acromiales.

Phase 3 : Élévation complète (90°-180°)
L’image montre la relation entre l’élévation glénohumérale (flèche verte) et la rotation scapulaire vers le haut (flèche rouge). Pendant cette phase, l’humérus continue son élévation tandis que l’omoplate effectue une rotation ascendante pour maintenir une coordination optimale du rythme scapulo-huméral. Cela permet de préserver la stabilité et l’efficacité du mouvement dans l’articulation de l’épaule.

Pendant cette phase, le rapport 2:1 du mouvement scapulo-huméral se poursuit. Le mouvement est aussi caractérisé par une augmentation de l’angle entre l’épine scapulaire et la clavicule, qui s’accroît de 10° supplémentaires. Cette adaptation permet à l’épaule d’atteindre une élévation complète tout en minimisant les contraintes sur les tendons et les ligaments environnants.

Le rythme scapulo-huméral est plus qu’une simple mécanique articulaire ; il représente une fonction clé pour assurer une mobilité et une stabilité optimales de l’épaule. Son rôle est essentiel pour le bon fonctionnement de l’articulation gléno-humérale et pour prévenir les blessures liées à l’utilisation excessive ou incorrecte de l’épaule.

La principale fonction du rythme scapulo-huméral est de permettre à la fosse glénoïdienne de maintenir une position optimale pour recevoir la tête de l’humérus tout au long des mouvements du bras. Cette synchronisation garantit que la tête de l’humérus reste centrée dans la fosse glénoïdienne, réduisant ainsi les risques de subluxation ou de dislocation.

Une autre fonction importante est la préservation des relations longueur-tension des muscles gléno-huméraux. Ces muscles, en particulier les muscles de la coiffe des rotateurs, sont responsables de stabiliser l’humérus dans la fosse glénoïdienne pendant le mouvement. Lorsque l’omoplate tourne vers le haut, elle empêche ces muscles de se raccourcir excessivement, ce qui leur permet de maintenir leur production de force sur une plus grande amplitude de mouvement. Cela est crucial pour les activités impliquant une élévation répétée du bras, comme le lancer ou la natation.

Un autre rôle clé du rythme scapulo-huméral est de répartir les charges et les forces entre l’articulation gléno-humérale et l’articulation scapulothoracique. En répartissant le mouvement entre ces deux articulations, l’épaule peut accomplir des mouvements complexes tout en minimisant la contrainte sur les structures individuelles. Cette répartition des forces est essentielle pour prévenir les blessures liées à la surutilisation, telles que les tendinopathies ou les déchirures de la coiffe des rotateurs.

En plus de son rôle mécanique, le rythme scapulo-huméral a une fonction de protection. En maintenant une coordination entre l’humérus et l’omoplate, il permet de réduire la compression des structures molles, telles que les tendons de la coiffe des rotateurs et la bourse sous-acromiale, sous l’acromion. Sans cette coordination, des conditions douloureuses comme le conflit sous-acromial peuvent survenir, limitant la fonction de l’épaule et provoquant une douleur chronique.

Enfin, le rythme scapulo-huméral est un indicateur clé de la santé globale de l’épaule. Un déséquilibre dans ce rythme peut être le signe de diverses pathologies, allant des dysfonctions musculaires à des problèmes articulaires plus graves, tels que l’arthrose ou la capsulite adhésive. Pour cette raison, une évaluation précise du rythme scapulo-huméral est essentielle pour détecter et traiter les problèmes sous-jacents.

Un rythme scapulo-huméral anormal peut résulter de diverses pathologies ou blessures affectant l’épaule, la clavicule ou les muscles environnants. Ces anomalies peuvent entraîner des déséquilibres dans le mouvement, réduisant ainsi la mobilité et augmentant les risques de blessure.

Les fractures de la clavicule, par exemple, peuvent perturber le mouvement naturel de l’omoplate. La clavicule joue un rôle essentiel dans la stabilisation de l’omoplate et sa rotation vers le haut. Si la clavicule est fracturée, la capacité de l’omoplate à tourner est compromise, ce qui peut entraîner un dysfonctionnement du rythme scapulo-huméral. Cela se traduit par une mobilité réduite et une douleur accrue lors des mouvements d’élévation du bras.

La paralysie du nerf spinal accessoire, qui innerve le muscle trapèze, est une autre cause fréquente de dysfonctionnement. Sans le trapèze pour contrôler la rotation ascendante de l’omoplate, le rapport 2:1 est perturbé, entraînant un déséquilibre entre l’humérus et l’omoplate. Ce dysfonctionnement se traduit souvent par une élévation limitée du bras et une fatigue musculaire rapide.

La faiblesse du muscle dentelé antérieur peut également provoquer une altération du rythme scapulo-huméral. Le dentelé antérieur est responsable de la protraction et de la rotation ascendante de l’omoplate. Lorsque ce muscle est affaibli, comme dans le cas d’une lésion du nerf long thoracique, l’omoplate peut « se détacher » de la cage thoracique, un phénomène appelé scapula alata. Cette condition entraîne un mouvement anormal de l’épaule, limitant la fonction et provoquant des douleurs lors des mouvements d’élévation.

Les pathologies articulaires telles que l’arthrose de l’articulation acromio-claviculaire et la dégénérescence de l’articulation glénohumérale peuvent également affecter le rythme scapulo-huméral. L’arthrose provoque une usure des cartilages articulaires, limitant le mouvement et provoquant des douleurs. La rigidité résultante peut entraîner une réduction de la rotation ascendante de l’omoplate, perturbant ainsi le rapport 2:1.

La capsulite adhésive, également connue sous le nom d’épaule gelée, est une condition où la capsule articulaire de l’épaule devient inflammatoire et rigide, entraînant une limitation sévère des mouvements. Cette condition perturbe complètement le rythme scapulo-huméral, rendant l’élévation du bras extrêmement douloureuse et difficile.

Il est essentiel de diagnostiquer correctement ces causes sous-jacentes afin de rétablir un mouvement normal de l’épaule. L’évaluation du rythme scapulo-huméral peut aider à identifier les anomalies et à orienter les interventions thérapeutiques appropriées, comme les exercices de renforcement, la thérapie manuelle ou la chirurgie dans les cas plus graves.

L’évaluation du rythme scapulo-huméral nécessite une analyse clinique approfondie pour détecter les anomalies et les dysfonctions. Deux tests spécifiques, le test de glissement scapulaire latéral (LSST) et le test de dyskinésie scapulaire, sont couramment utilisés pour évaluer la coordination entre l’humérus et l’omoplate.

Le test de glissement scapulaire latéral (LSST) est un test simple mais efficace pour mesurer la position scapulaire dans différentes phases du mouvement du bras. Ce test implique de mesurer la distance entre l’angle inféro-médian de l’omoplate et l’apophyse épineuse la plus proche à trois positions différentes du bras : au repos (0° d’élévation), à 45° d’abduction et à 90° d’abduction.

Une asymétrie de 1,5 cm ou plus entre les deux côtés est généralement considérée comme pathologique et peut indiquer une dysfonction du rythme scapulo-huméral. Le LSST permet de détecter les déviations dans la position de l’omoplate, ce qui est essentiel pour diagnostiquer des problèmes comme la dyskinésie scapulaire ou la faiblesse musculaire du dentelé antérieur ou du trapèze.

Le test de dyskinésie scapulaire est un autre test visuel important. Il évalue la qualité du mouvement scapulaire pendant les mouvements pondérés de flexion et d’abduction de l’épaule. Ce test repose sur l’observation visuelle de l’omoplate pendant que le patient effectue ces mouvements. Une dyskinésie scapulaire est suspectée lorsque l’omoplate présente des mouvements irréguliers, comme une rotation anormale, une élévation prématurée ou un basculement excessif.

Les patients souffrant de dyskinésie scapulaire présentent souvent des déséquilibres musculaires entre les muscles stabilisateurs de l’omoplate, comme le dentelé antérieur, les muscles de la coiffe des rotateurs, et les muscles du trapèze supérieur et inférieur. La dyskinésie scapulaire est particulièrement fréquente chez les patients ayant des douleurs chroniques à l’épaule, des antécédents de blessures à l’épaule, ou des activités répétitives sollicitant beaucoup l’épaule, comme chez les sportifs.

La classification de la dyskinésie scapulaire est divisée en trois types principaux :

  • Type 1 : Rotation vers le bas excessive de l’omoplate, souvent accompagnée d’une bascule antérieure. Cette dysfonction est généralement causée par une faiblesse du dentelé antérieur ou une raideur de la capsule postérieure.
  • Type 2 : Basculage interne de l’omoplate avec un déplacement excessif de l’angle médial de l’omoplate. Cette présentation est souvent liée à une faiblesse du trapèze inférieur et du rhomboïde.
  • Type 3 : Élévation excessive de l’omoplate avec une rotation ascendante insuffisante. Cette dysfonction est fréquemment observée dans les blessures aiguës ou post-traumatiques, comme une fracture de la clavicule ou une paralysie du nerf spinal accessoire.

L’utilisation de ces deux tests est cruciale pour identifier les déséquilibres et dysfonctions du rythme scapulo-huméral, permettant ainsi de mettre en place un plan de traitement adapté pour restaurer un mouvement normal. Le traitement peut inclure des exercices de renforcement spécifiques, une thérapie manuelle pour corriger les déséquilibres musculaires, ou, dans certains cas, une intervention chirurgicale pour réparer les lésions structurelles.

L’évaluation fonctionnelle globale de l’épaule est aussi essentielle, car des dysfonctionnements du rythme scapulo-huméral peuvent entraîner des effets en cascade sur d’autres parties du corps, notamment des douleurs cervicales ou thoraciques dues à la compensation posturale. Les professionnels de santé, tels que les ostéopathes, jouent un rôle clé dans cette évaluation en utilisant une approche holistique pour identifier les causes sous-jacentes des dysfonctions et les traiter.

Une fois qu’un déséquilibre du rythme scapulo-huméral a été identifié, une approche de traitement multimodale est nécessaire pour rétablir la fonction et la mobilité de l’épaule. Le traitement combine généralement des techniques manuelles, des exercices de renforcement et d’étirement, ainsi que des stratégies de rééducation ciblant les muscles impliqués dans le mouvement de l’omoplate et de l’humérus.

Le premier objectif de la réhabilitation est de rétablir un équilibre musculaire. Les muscles comme le dentelé antérieur, le trapèze inférieur et le deltoïde doivent être renforcés pour assurer un mouvement harmonieux entre l’humérus et l’omoplate. Des exercices spécifiques, tels que des levées d’épaule avec élastiques ou des mouvements de rotation externe avec résistance, sont utilisés pour cibler ces muscles. Ces exercices améliorent la stabilité dynamique de l’épaule et minimisent les risques de blessures à long terme.

L’utilisation de techniques manuelles est également cruciale dans la prise en charge. Les ostéopathes et autres professionnels de la santé manuelle peuvent employer des techniques de mobilisation douce pour libérer les restrictions articulaires au niveau de la colonne thoracique, de l’articulation acromio-claviculaire, ou de l’articulation gléno-humérale. Ces techniques aident à améliorer la mobilité et à restaurer une synchronisation correcte du mouvement scapulo-huméral. Des manipulations douces de la scapula, en particulier, peuvent corriger les déviations posturales et améliorer le glissement scapulaire sur la cage thoracique.

Un autre aspect essentiel du traitement est l’étirement des muscles tendus. Les muscles pectoraux, le grand dorsal, et l’élévateur de la scapula sont souvent tendus chez les patients présentant des dysfonctions du rythme scapulo-huméral. Des exercices d’étirement spécifiques, tels que l’étirement du pectoral contre un mur ou l’étirement du grand dorsal en flexion latérale, permettent de libérer ces tensions et d’améliorer l’amplitude de mouvement de l’épaule.

La réhabilitation ne se limite pas aux exercices physiques. L’éducation du patient est tout aussi importante. Il est essentiel que les patients comprennent l’importance de maintenir une bonne posture, d’adopter des techniques de levage correctes et de renforcer les muscles de leur ceinture scapulaire. Des ajustements ergonomiques, comme la modification de la hauteur du poste de travail ou l’utilisation d’équipements de protection pendant les activités sportives, peuvent également aider à prévenir la récurrence des blessures.

La dernière phase de la réhabilitation inclut la rééducation fonctionnelle, qui vise à rétablir les capacités fonctionnelles de l’épaule pour des activités spécifiques, notamment pour les athlètes ou les personnes ayant des métiers physiquement exigeants. Des exercices de proprioception et de stabilisation dynamique, comme l’utilisation de balles d’exercice ou de planches d’équilibre, sont essentiels pour améliorer la coordination entre les muscles de l’épaule et du tronc.

Dans les cas plus graves, où les méthodes conservatrices échouent, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. La chirurgie est généralement réservée aux cas de déchirures importantes de la coiffe des rotateurs, de lésions articulaires graves ou de fractures. Après une chirurgie, la réhabilitation devient encore plus cruciale pour assurer une récupération complète et éviter les complications futures.

La rééducation post-chirurgicale suit un protocole précis, avec des étapes graduelles pour restaurer la mobilité, puis la force. Les premières semaines se concentrent sur la gestion de la douleur et de l’inflammation, suivies par des exercices d’amplitude de mouvement passive, puis active. À terme, des exercices de renforcement et de stabilité sont réintroduits pour permettre au patient de retrouver une pleine fonction.

Le rythme scapulo-huméral est un mécanisme complexe et essentiel pour la santé et la fonctionnalité de l’épaule. Comprendre et évaluer ce rythme est crucial pour prévenir et traiter les blessures de l’épaule, en particulier chez les sportifs ou les personnes effectuant des mouvements répétitifs. Un déséquilibre dans ce rythme peut entraîner des douleurs, une mobilité réduite, et des pathologies articulaires à long terme.

Grâce à une approche multidisciplinaire, incluant des techniques manuelles, des exercices ciblés et une éducation adéquate, il est possible de rétablir un rythme scapulo-huméral harmonieux. Une prise en charge précoce permet non seulement de prévenir des complications futures, mais également d’optimiser la performance et la qualité de vie des patients.

Dans le cadre de l’ostéopathie, le rôle du professionnel de santé est d’évaluer et de traiter ces dysfonctions tout en accompagnant le patient dans un processus de guérison globale. La prise en charge doit toujours être individualisée pour répondre aux besoins spécifiques de chaque patient, en tenant compte de son histoire médicale et de son niveau d’activité.

Ainsi, la clé d’une épaule saine réside dans l’harmonie du mouvement entre l’humérus et l’omoplate, un équilibre qui permet de préserver à la fois la mobilité et la stabilité articulaire.

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