Le but de ce rapport est de documenter l’efficacité potentielle du traitement manipulatif ostéopathique (TMO) dans la prise en charge d’un cas rare de hoquet intraitable persistant depuis sept ans.
En présentant ce cas clinique, nous visons à souligner la pertinence du TMO en tant qu’approche thérapeutique complémentaire dans des situations où les traitements conventionnels ont échoué.
Ce rapport cherche également à encourager l’exploration de thérapies alternatives pour des troubles réfractaires, en apportant une contribution à la littérature existante sur les traitements innovants des troubles neuromusculo-squelettiques affectant le système nerveux autonome.

Le hoquet persistant et intraitable représente des conditions prolongées et souvent pénibles caractérisées par la contraction répétitive et involontaire du diaphragme et la fermeture ultérieure de la glotte, entraînant le son caractéristique « hoquet ». Bien que les deux affections impliquent un hoquet persistant, elles diffèrent par leur durée et leur gravité.

Le hoquet persistant est défini comme des épisodes de hoquet durant plus de 48 heures. Ce hoquet peut persister plusieurs jours et est souvent considéré comme anormal en raison de sa durée prolongée. Bien qu’ils puissent causer de l’inconfort et des désagréments, les hoquets persistants disparaissent généralement spontanément ou avec des interventions simples telles que retenir sa respiration, boire de l’eau ou utiliser des techniques de distraction.

En revanche, les hoquets intraitables se caractérisent par des épisodes de hoquet qui durent pendant une période prolongée, généralement au-delà de 30 jours. Cette durée prolongée a un impact significatif sur la qualité de vie de l’individu, entraînant souvent une détresse psychologique, un isolement social et un inconfort physique. Les hoquets intraitables sont considérés comme rares et posent des défis importants en termes de prise en charge et de traitement en raison de leur persistance et de leur résistance aux interventions conventionnelles.

Les mécanismes sous-jacents à l’origine du hoquet persistant et intraitable ne sont pas entièrement compris, mais on pense qu’ils impliquent des perturbations dans l’arc réflexe responsable du déclenchement et de la fin des épisodes de hoquet. Cet arc réflexe comprend des composants sensoriels, moteurs et centraux, avec des aberrations à tout stade conduisant potentiellement à l’apparition et à la perpétuation du hoquet.

Divers facteurs peuvent contribuer au développement d’un hoquet persistant et intraitable, notamment le reflux gastro-œsophagien (RGO), les troubles du système nerveux central, les effets secondaires des médicaments, les troubles métaboliques et le stress psychologique. Identifier et traiter la cause sous-jacente est essentiel pour gérer efficacement ces conditions.

Le hoquet est le résultat d’une contraction brusque, involontaire et répétée du diaphragme, suivie d’une fermeture rapide de la glotte, produisant le son caractéristique. Ce phénomène est orchestré par un arc réflexe complexe impliquant des composantes périphériques et centrales.

L’arc réflexe du hoquet comprend trois principaux éléments :

  • Voies afférentes : les nerfs phréniques, vagues et les nerfs sympathiques thoraciques transmettent des signaux sensitifs provenant du diaphragme, de l’œsophage, des médiastins et d’autres structures intrathoraciques.
  • Centre réflexe : situé probablement dans la moelle épinière cervicale (C3–C5) et dans des zones du tronc cérébral comme le noyau ambigu et la formation réticulée. Ce centre coordonne les signaux entrants et déclenche la réponse motrice.
  • Voies efférentes : principalement le nerf phrénique pour la contraction diaphragmatique et les nerfs laryngés récurrents pour la fermeture de la glotte.

Un dérèglement à n’importe quel niveau — irritation nerveuse périphérique, dysfonctionnement central ou perturbation sensorielle locale — peut provoquer un hoquet persistant ou intraitable.

Les hypothèses physiopathologiques actuelles suggèrent que :

  • Une irritation du nerf phrénique ou du nerf vague (par exemple via un reflux gastro-œsophagien ou une masse médiastinale) peut entraîner un déclenchement inapproprié du réflexe.
  • Des lésions du système nerveux central (accidents vasculaires cérébraux, tumeurs cérébrales, sclérose en plaques) peuvent perturber le contrôle du centre du hoquet.
  • Un déséquilibre autonome ou des altérations du tonus vagal pourraient également être impliqués dans la persistance du hoquet.

Dans les cas réfractaires, comme celui présenté ici, il est probable que plusieurs de ces mécanismes soient simultanément perturbés, rendant les approches thérapeutiques classiques inefficaces et soulignant l’intérêt de techniques régulatrices neuromusculosquelettiques telles que le traitement manipulatif ostéopathique (TMO).

Dans l’évaluation du hoquet intraitable, un diagnostic différentiel rigoureux est indispensable pour exclure des causes sous-jacentes graves avant d’envisager une approche thérapeutique ostéopathique.

Les principales conditions explorées dans le cas présenté incluaient :

  • Troubles gastro-intestinaux : reflux gastro-œsophagien (RGO), hernie hiatale, ulcère gastroduodénal.
    ➡️ Éliminés après échec des traitements antiacides et éradication de Helicobacter pylori.
  • Pathologies neurologiques : accident vasculaire cérébral, sclérose en plaques, tumeurs cérébrales, atteintes médullaires.
    ➡️ Absence d’anomalies significatives aux examens neurologiques et aux imageries cérébrale et médullaire (IRM).
  • Causes infectieuses : méningites, encéphalites, infections thoraciques.
    ➡️ Aucune infection active n’a été détectée au bilan biologique et radiologique.
  • Origine médicamenteuse : certains médicaments (corticoïdes, benzodiazépines, chimiothérapies) peuvent provoquer un hoquet persistant.
    ➡️ Aucun historique médicamenteux compatible.
  • Troubles métaboliques : hyponatrémie, urémie, diabète mal contrôlé.
    ➡️ Bilan biologique standard sans anomalie métabolique.
  • Facteurs psychogènes : stress intense, troubles anxieux ou psychiatriques.
    ➡️ Évaluation psychiatrique non contributive, bien que l’impact psychologique du hoquet prolongé ait été noté.

L’exclusion méthodique de ces étiologies par des investigations appropriées a renforcé la décision d’explorer une approche ostéopathique, visant à rétablir un équilibre neuromusculosquelettique susceptible de moduler l’arc réflexe du hoquet.

Nous présentons le cas d’une femme de 25 ans présentant un hoquet intraitable depuis 7 ans, traitée avec succès par un traitement manipulateur ostéopathique (OMT). Le hoquet du patient a commencé en 2015, se manifestant par des distiques et évoluant jusqu’à plus de 50 hoquets par jour. Les traitements initiaux, y compris le traitement contre H. pylori, se sont révélés inefficaces. Les consultations ultérieures avec des gastro-entérologues et des neurologues n’ont donné lieu à aucun résultat ni amélioration significative. Les traitements conservateurs comme les relaxants musculaires, les techniques de respiration et l’acupuncture n’ont apporté aucun soulagement. Même un essai sur le baclofène, un relaxant musculaire, n’a pas réussi à atténuer les symptômes après deux mois.

En août 2022, le patient a subi une OMT sur cinq séances. À la troisième séance, ses hoquets typiques ont cessé, remplacés par de rares « micro » hoquets. Après la quatrième séance et au-delà, le patient a connu un arrêt presque complet, avec seulement 1 à 2 « micro » hoquets par semaine. Un suivi effectué en mai 2023 a confirmé la résolution durable de son hoquet insoluble.

Le traitement manipulatif ostéopathique (TMO) a été réalisé sur cinq séances réparties sur trois mois, en utilisant des techniques ciblant spécifiquement le système neuromusculosquelettique impliqué dans l’arc réflexe du hoquet.

Techniques principales appliquées :

  • Techniques myofasciales sur le diaphragme
    ➔ Libération des tensions du diaphragme thoracique via techniques de relâchement myofascial indirect et direct, afin de normaliser la mobilité du centre phrénique.
  • Traitement du nerf vague (techniques crâniennes et cervicales)
    ➔ Techniques ostéopathiques crâniennes (libération du foramen jugulaire) et traitement des dysfonctions somatiques au niveau de C0–C2, afin d’améliorer la fonction vagale parasympathique.
  • Libération thoracique
    ➔ Techniques à haute vélocité et faible amplitude (HVLA) ciblées sur les vertèbres thoraciques moyennes (T4–T8) pour améliorer la mobilité costale et thoracique, favorisant une meilleure fonction respiratoire.
  • Techniques fonctionnelles viscérales
    ➔ Travail doux sur l’estomac et l’œsophage inférieur pour diminuer toute tension tissulaire résiduelle susceptible d’entretenir un réflexe vagal aberrant.
  • Équilibration crânio-sacrée
    ➔ Utilisation de techniques de rééquilibrage de la fluctuation du liquide céphalorachidien, visant à apaiser les centres nerveux impliqués dans le contrôle autonome.

Organisation des séances :

  • Séance 1–2 : Mise en place des libérations diaphragmatique et thoracique.
  • Séance 3 : Normalisation vagale ; apparition de la réduction majeure des symptômes (hoquets typiques disparus, remplacés par « micro-hoquets »).
  • Séance 4–5 : Consolidation par travail crânio-sacré et viscéral doux pour stabiliser les résultats.

Chaque séance a duré entre 45 et 60 minutes. Le traitement a été adapté à l’évolution clinique du patient entre les séances.

Le cas présenté de hoquet intraitable traité par traitement manipulateur ostéopathique (OMT) représente une contribution significative et unique à la littérature médicale. Notamment, ce cas se démarque comme l’un des cas documentés les plus longs de hoquet incurable géré avec succès avec l’OMT, soulignant l’efficacité potentielle de cette approche thérapeutique pour traiter une maladie difficile avec des options de traitement limitées.

La profonde réduction de la fréquence du hoquet observée après l’OMT souligne le potentiel thérapeutique de cette intervention. En ciblant le dysfonctionnement somatique et en s’attaquant aux déséquilibres neuromusculo-squelettiques sous-jacents, l’OMT semble avoir modulé efficacement l’arc réflexe responsable du déclenchement et de la perpétuation des épisodes de hoquet. Cette réduction de la fréquence du hoquet atténue non seulement l’inconfort physique associé à la maladie, mais améliore également la qualité de vie globale du patient en atténuant le fardeau psychologique et social imposé par le hoquet persistant.

De plus, les antécédents médicaux exhaustifs et les traitements infructueux précédant l’OMT donnent encore plus de crédit à l’importance de cette affaire. La lutte prolongée du patient contre un hoquet intraitable, associée à l’échec des modalités thérapeutiques conventionnelles, souligne la nature réfractaire de la maladie et le besoin urgent d’approches thérapeutiques alternatives. Dans ce contexte, les résultats positifs obtenus avec l’OMT soulignent l’importance d’envisager des thérapies complémentaires et intégratives dans la prise en charge de pathologies complexes et récalcitrantes.

Dans l’ensemble, le cas présenté contribue non seulement à notre compréhension de la physiopathologie et du traitement du hoquet incurable, mais souligne également le rôle potentiel de l’OMT en tant que modalité thérapeutique précieuse dans le traitement des troubles neuromusculo-squelettiques réfractaires. À l’avenir, des recherches et des investigations cliniques supplémentaires sont nécessaires pour élucider les mécanismes sous-jacents aux effets thérapeutiques de l’OMT et pour déterminer son rôle optimal dans la gestion de diverses conditions médicales, y compris le hoquet insurmontable.

En conclusion, le traitement manipulateur ostéopathique (OMT) a montré des résultats prometteurs dans le cas du hoquet persistant et intraitable, comme le démontre la résolution quasi complète rencontrée par une femme de 25 ans. En ciblant le dysfonctionnement somatique affectant le système nerveux autonome, l’OMT propose une intervention peu coûteuse et à faible risque pour traiter cette maladie difficile. Qu’elle soit utilisée seule ou en association avec des traitements conventionnels, l’OMT apparaît comme une option précieuse pour gérer efficacement le hoquet.

À l’avenir, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer l’intégration de l’OMT dans les protocoles de soins standard pour le hoquet. Cela pourrait impliquer des essais cliniques à grande échelle pour évaluer son efficacité et sa sécurité par rapport aux traitements existants. De plus, des recherches sur les mécanismes qui sous-tendent l’efficacité de l’OMT dans le traitement du hoquet fourniraient des informations précieuses sur son potentiel thérapeutique. En faisant progresser notre compréhension et notre utilisation de l’OMT dans le contexte du hoquet, nous pouvons mieux servir les patients souffrant de cette maladie gênante et parfois débilitante.

 Bowman, DE et Pohlod, C. (2024). Une femme de 25 ans souffrant de hoquet insurmontable depuis 7 ans et traitée par OMT – Un rapport de cas. Journal international de médecine ostéopathique. est ce que je:10.1016/j.ijosm.2024.100712