La hanche est une articulation puissante, mobile et essentielle dans notre vie quotidienne. Elle nous permet de marcher, courir, monter des escaliers, nous asseoir et nous relever. Pourtant, quand une douleur sourde ou vive s’installe dans cette région, chaque mouvement peut devenir un défi. Parmi les nombreuses causes possibles de douleur à la hanche, la bursite occupe une place importante, bien qu’elle soit parfois méconnue ou confondue avec d’autres pathologies.

La bursite de hanche, aussi appelée bursite trochantérienne lorsqu’elle touche la bourse située au niveau du grand trochanter du fémur, désigne l’inflammation d’une bourse séreuse. Ces petites poches remplies de liquide synovial jouent un rôle de coussin protecteur entre les os, les muscles et les tendons. Lorsqu’elles s’irritent, elles peuvent devenir douloureuses, gonflées, et restreindre les mouvements du bassin et du membre inférieur. Ce type de douleur peut apparaître progressivement ou de façon plus brutale, souvent à la suite d’un effort inhabituel, d’un traumatisme direct, ou encore à cause de microtraumatismes répétés.

Ce tableau clinique concerne autant les sportifs que les personnes sédentaires, les jeunes adultes que les seniors, avec une prédominance chez les femmes après la cinquantaine. Il n’est pas rare que la bursite trochantérienne s’installe de façon chronique si elle n’est pas correctement prise en charge dès les premiers symptômes. Le patient décrit souvent une douleur localisée sur le côté de la hanche, irradiant parfois vers la cuisse ou les fesses, augmentée par la position couchée sur le côté atteint, la marche prolongée ou la montée d’escaliers.

La compréhension de cette affection repose sur une bonne connaissance de l’anatomie des bourses séreuses de la hanche, mais aussi sur une approche globale intégrant les facteurs biomécaniques, posturaux, inflammatoires, et émotionnels qui peuvent favoriser son apparition ou sa persistance. En effet, il est fréquent que la bursite ne soit pas une maladie isolée, mais l’expression locale d’un déséquilibre plus large, qu’il soit articulaire, musculaire ou postural. C’est pourquoi une approche ostéopathique peut s’avérer particulièrement pertinente, en allant au-delà du simple soulagement de la douleur pour rétablir une harmonie fonctionnelle durable.

Cet article propose de faire le point sur la bursite de hanche, en explorant ses causes, ses symptômes, ses formes cliniques, les examens utiles, les traitements disponibles et les stratégies de prévention. Il mettra en lumière l’apport de l’ostéopathie dans la compréhension fine des chaînes de compensation, des tensions myofasciales et des déséquilibres articulaires à l’origine ou en lien avec cette pathologie. À travers une approche à la fois rigoureuse et accessible, ce texte s’adresse aussi bien aux patients qu’aux praticiens, dans l’esprit d’Osteomag : informer, relier, soigner.

Car derrière chaque douleur de hanche, il y a une histoire corporelle à écouter. Et derrière chaque inflammation, un langage du corps à décrypter. Comprendre la bursite de hanche, c’est donc aussi apprendre à entendre ce que notre corps essaie de nous dire, pour mieux l’accompagner sur le chemin du soulagement et de la mobilité retrouvée.

La bursite de hanche est une inflammation d’une ou plusieurs bourses séreuses situées autour de l’articulation coxo-fémorale. Les bourses sont de petites structures anatomiques en forme de sac, remplies de liquide synovial, situées entre les surfaces osseuses et les tissus mous (tendons, muscles, ligaments). Leur rôle est d’agir comme des coussins amortisseurs et de faciliter le glissement harmonieux des structures lors du mouvement. Lorsqu’une bourse s’enflamme, le frottement qui devait être réduit devient au contraire une source de douleur, d’irritation et parfois d’impotence fonctionnelle.

La forme la plus fréquente est la bursite trochantérienne, qui concerne la bourse située entre le grand trochanter du fémur et les muscles fessiers, notamment le moyen fessier et le petit fessier. Elle est parfois confondue avec une tendinopathie ou une douleur sacro-iliaque, car les symptômes peuvent irradier dans des zones voisines. Il existe également d’autres bourses autour de la hanche pouvant être touchées, comme la bourse ilio-pectinée (à l’avant de la hanche), la bourse ischiatique (sous la tubérosité ischiatique), ou encore la bourse glutéo-fémorale. Toutefois, la bursite trochantérienne demeure la plus courante et représente la majorité des diagnostics de bursite à la hanche.

La bursite est dite « aiguë » lorsqu’elle s’installe rapidement, souvent en lien avec un traumatisme, un effort inhabituel ou une surcharge mécanique ponctuelle. Elle peut aussi être « chronique », évoluant sur plusieurs semaines ou mois, parfois sur un mode insidieux, avec des périodes de rémission et de réapparition. Dans certains cas, on parle de syndrome douloureux du grand trochanter, une entité plus large qui regroupe la bursite trochantérienne, les tendinopathies associées, et parfois une fibrose locale.

Les mécanismes à l’origine de la bursite sont multiples. Il peut s’agir d’un choc direct sur le côté de la hanche, d’une sollicitation excessive (comme dans la course à pied ou la randonnée), ou encore de contraintes posturales prolongées (position allongée sur le côté, déséquilibres pelviens, hyperlordose). Parfois, elle survient secondairement à une autre pathologie biomécanique : dysfonction lombaire, instabilité sacro-iliaque, inégalité de longueur des membres inférieurs, ou désorganisation du complexe pelvi-fémoral. Ces facteurs de surcharge augmentent la pression sur la bourse concernée, provoquant une inflammation progressive.

Sur le plan clinique, la bursite se manifeste par une douleur latérale à la hanche, bien localisée sur la zone du grand trochanter, sensible à la pression directe. Cette douleur peut irradier vers la face externe de la cuisse, et s’aggraver à la marche, à la montée ou descente d’escaliers, ou encore à la position couchée sur le côté atteint. Le patient décrit souvent un inconfort nocturne, et parfois une boiterie légère liée à l’évitement de la mise en charge. À la palpation, un point précis est douloureux, parfois accompagné d’un œdème ou d’une sensation de chaleur.

Il est important de noter que la bursite peut coexister avec d’autres atteintes locales, notamment des tendinopathies ou des déchirures musculaires. C’est pourquoi un diagnostic précis est nécessaire pour orienter la prise en charge, en tenant compte de l’ensemble du tableau fonctionnel et des antécédents du patient.

Comprendre ce qu’est une bursite de hanche, c’est donc reconnaître une inflammation certes locale, mais qui s’inscrit souvent dans un déséquilibre plus large. Une vision globale, intégrant les aspects biomécaniques, posturaux et même émotionnels, permet de mieux cerner les causes profondes de cette douleur et d’éviter que celle-ci ne devienne chronique. L’ostéopathie, en tant que médecine manuelle holistique, joue ici un rôle de choix pour rétablir l’équilibre fonctionnel, relâcher les tensions tissulaires et accompagner le corps dans son processus de régulation.

Pour bien comprendre la bursite de hanche, il est essentiel de se plonger dans l’anatomie fine de cette région. L’articulation coxo-fémorale est l’une des plus mobiles du corps humain, mais aussi l’une des plus sollicitées. Cette grande liberté de mouvement nécessite une organisation tissulaire sophistiquée pour assurer fluidité, stabilité et protection. Les bourses séreuses jouent un rôle clé dans cette architecture fonctionnelle, en facilitant les glissements entre structures et en répartissant les contraintes mécaniques.

Une bourse séreuse est une petite poche aplatie, tapissée d’une membrane synoviale, qui contient un mince film de liquide lubrifiant. Sa fonction principale est de réduire la friction entre deux structures mobiles, comme un tendon et un os, ou entre deux muscles. Autour de la hanche, plusieurs bourses remplissent ce rôle, et leur inflammation peut être à l’origine de douleurs localisées et handicapantes.

La plus connue est la bourse trochantérienne, située entre la face externe du grand trochanter (proéminence osseuse du fémur) et les tendons du moyen fessier et du petit fessier. Elle est la plus souvent impliquée dans les cas de bursite de hanche. Le grand trochanter étant une zone de convergence des forces musculaires et un point d’appui lors de la décubitus latéral, cette bourse est particulièrement exposée aux microtraumatismes.

On retrouve aussi la bourse glutéo-fémorale, située plus profondément, entre le muscle grand fessier et le vaste externe du quadriceps. Elle contribue à réduire la friction lors de l’extension de la hanche, surtout quand le grand fessier est fortement sollicité, comme dans la course ou la montée de marches. Une inflammation de cette bourse peut se manifester par une douleur plus diffuse que la bursite trochantérienne, parfois confondue avec une tendinopathie du moyen fessier.

En avant de l’articulation se trouve la bourse ilio-pectinée, placée entre le muscle ilio-psoas et la capsule articulaire antérieure de la hanche. Cette bourse est impliquée dans la bursite dite du psoas, qui provoque une douleur inguinale profonde, souvent ressentie lors des mouvements de flexion de la hanche ou à la montée d’escaliers. C’est une zone moins souvent palpée directement, mais fréquemment impliquée dans les douleurs chroniques d’origine posturale ou fonctionnelle.

Enfin, plus en arrière, on trouve la bourse ischiatique, sous la tubérosité ischiatique, entre l’os et le muscle grand fessier. Elle est surtout sollicitée en position assise prolongée, notamment sur des surfaces dures. L’irritation de cette bourse peut entraîner une douleur fessière basse, parfois confondue avec une sciatalgie ou une atteinte du nerf cutané postérieur de la cuisse.

Ces bourses ne sont pas isolées dans leur fonctionnement. Elles interagissent avec les muscles, les ligaments, les fascias et les articulations environnantes. Lorsqu’un déséquilibre survient, que ce soit à cause d’un trouble postural, d’un raccourcissement musculaire ou d’un déficit de mobilité articulaire, la pression sur une bourse peut augmenter, favorisant son inflammation.

Chez certains patients, des variantes anatomiques ou une sensibilité inflammatoire accrue (comme dans les maladies auto-immunes ou métaboliques) peuvent également rendre ces bourses plus vulnérables. C’est pourquoi une compréhension précise de l’anatomie fonctionnelle est indispensable pour orienter le traitement, qu’il soit médical, rééducatif ou ostéopathique.

L’ostéopathe, par son approche tissulaire et globale, évalue non seulement la bourse enflammée, mais aussi les structures voisines qui peuvent y contribuer : sacrum, lombaires, genou, pied, et même la posture globale. En travaillant sur la mobilité et l’équilibre des tensions autour de la hanche, il permet un allègement mécanique et un meilleur drainage de la zone, favorisant la guérison naturelle de la bourse irritée.

La bursite trochantérienne ne se manifeste jamais par hasard. Elle résulte d’une série de microtraumatismes, de déséquilibres mécaniques ou de surcharges chroniques qui finissent par enflammer la bourse séreuse située au niveau du grand trochanter. Identifier les causes de cette pathologie est une étape essentielle pour en prévenir les récidives et orienter le traitement de manière personnalisée. La diversité des facteurs en jeu nous rappelle que cette affection, bien qu’anatomiquement localisée, s’inscrit souvent dans une dynamique globale du corps.

Parmi les causes les plus fréquentes figure la surcharge mécanique répétée, liée à des activités sollicitant intensément l’articulation coxo-fémorale. La course à pied, la randonnée, la montée d’escaliers fréquente, ou encore le port de charges lourdes peuvent provoquer une friction accrue entre les tendons fessiers et la bourse trochantérienne. Chez les sportifs, un changement brutal dans l’intensité de l’entraînement ou une mauvaise technique gestuelle favorise également l’apparition de l’inflammation.

Le traumatisme direct est une autre cause bien documentée. Un choc sur la hanche, une chute sur le côté ou une contusion peuvent entraîner une inflammation locale immédiate de la bourse. Ce type de bursite peut apparaître de manière aiguë, souvent avec un œdème, une douleur vive et une difficulté à s’allonger sur le côté atteint. Même des traumatismes anciens, mal résolus, peuvent entretenir une irritation chronique si le glissement tissulaire reste perturbé.

Les déséquilibres biomécaniques sont également centraux dans l’apparition de la bursite. Une inégalité de longueur des membres inférieurs, même minime, peut entraîner une surcharge du côté le plus long. De même, une instabilité du bassin, une dysfonction sacro-iliaque ou une hyperlordose lombaire modifient les appuis et la distribution des tensions, imposant à la hanche des contraintes anormales. Ces adaptations posturales, souvent silencieuses, finissent par créer un terrain propice à l’inflammation.

Il ne faut pas négliger le rôle des déséquilibres musculaires. Une faiblesse du moyen fessier, muscle clé de la stabilité latérale du bassin, peut engendrer un phénomène de compensation par les muscles voisins (tenseur du fascia lata, grand fessier). Ce déséquilibre engendre un stress anormal sur la bourse trochantérienne, surtout lors de la phase d’appui unipodal pendant la marche. À l’inverse, une hypertonie ou une contracture chronique de ces muscles entraîne une compression constante sur la bourse.

Le sommeil en décubitus latéral prolongé, surtout sur un matelas trop ferme ou mal adapté, est un facteur déclenchant peu connu mais fréquent. Cette position exerce une pression continue sur la bourse trochantérienne, particulièrement chez les personnes ayant une minceur osseuse (comme les femmes âgées) ou une atrophie musculaire fessière. Avec le temps, cette contrainte peut suffire à déclencher une inflammation locale.

Certaines pathologies systémiques augmentent aussi le risque de bursite : arthrose de hanche, fibromyalgie, maladies inflammatoires chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus. Ces états inflammatoires diffus rendent les bourses plus vulnérables à l’irritation, même en l’absence de surcharge mécanique marquée. L’âge joue également un rôle : avec le vieillissement, les tissus perdent en élasticité, les muscles s’affaiblissent et les mouvements deviennent plus contraignants pour les structures périarticulaires.

Enfin, des causes fonctionnelles ou émotionnelles peuvent indirectement entretenir la douleur. Une posture figée, liée à une peur de la chute ou à une tension chronique, peut créer une raideur du bassin ou une rétraction myofasciale sur la hanche. Le corps, en se protégeant, crée parfois les conditions mêmes qui entretiennent la souffrance. C’est là que l’écoute tissulaire et la vision globale de l’ostéopathie prennent tout leur sens.

Comprendre la ou les causes sous-jacentes d’une bursite trochantérienne permet non seulement d’apaiser les symptômes, mais aussi de rétablir les conditions d’une mobilité fluide et sans douleur. Il ne s’agit pas uniquement de traiter une inflammation, mais de restaurer une relation harmonieuse entre les structures, les mouvements et les intentions du corps.

La bursite trochantérienne se manifeste souvent de façon insidieuse, par une douleur latérale à la hanche que l’on pourrait au départ attribuer à une simple fatigue musculaire ou à une tension passagère. Pourtant, au fil des jours, cette gêne évolue, s’intensifie, et finit par perturber la qualité de vie du patient. Reconnaître précocement les signes caractéristiques permet d’éviter que l’inflammation ne devienne chronique ou ne s’associe à d’autres pathologies mécaniques.

Le symptôme principal est une douleur localisée sur le côté de la hanche, à hauteur du grand trochanter. Cette douleur peut être décrite comme une brûlure sourde, une gêne lancinante ou encore une sensation d’engourdissement dans la région trochantérienne. Elle est souvent bien circonscrite mais peut irradier vers la face externe de la cuisse, parfois jusqu’au genou. Chez certaines personnes, la douleur peut également se projeter vers la fesse ou donner une sensation de tension dans la région lombaire basse, ce qui contribue à brouiller le diagnostic.

L’un des signes les plus caractéristiques est la douleur à la palpation directe du grand trochanter, en particulier sur sa face postéro-supérieure, là où s’insèrent les tendons des muscles moyen et petit fessiers. Cette douleur peut être vive, voire électrisante, et elle est souvent déclenchée par des mouvements précis : la montée d’escaliers, les longues marches, ou encore le passage de la position assise à la station debout. Certains patients rapportent également une gêne importante lors de la conduite prolongée ou en cas de port de sac à bandoulière appuyant sur la hanche.

Un autre symptôme fréquent est la douleur en décubitus latéral, surtout lorsque le patient est couché sur le côté atteint. Cette douleur nocturne est un motif courant de consultation. Elle peut perturber le sommeil, imposer un changement de côté répété dans la nuit, et créer un cercle vicieux de fatigue, d’hypervigilance corporelle et de contractures réflexes. Parfois, la douleur est également présente lorsque le patient est couché sur le côté opposé, à cause d’une traction indirecte sur les tissus inflammés.

Au fil du temps, si la bursite n’est pas traitée, la douleur peut devenir plus constante, moins liée à l’activité et plus difficile à soulager. La zone peut devenir hypersensible, y compris au toucher léger ou à la pression des vêtements serrés. Des épisodes de douleur aiguë peuvent alterner avec des périodes d’accalmie, ce qui donne une fausse impression de guérison. Cette évolution fluctuante est typique des bursites chroniques, qui s’installent souvent en raison d’un diagnostic tardif ou d’une prise en charge incomplète.

Il est également possible d’observer une limitation fonctionnelle progressive. Même si l’articulation de la hanche conserve souvent sa mobilité passive, le patient évite certains mouvements par appréhension ou douleur anticipée. Cela peut conduire à des compensations dans la marche (boiterie, bascule pelvienne), à une rétraction musculaire secondaire, voire à une perte de force dans les muscles stabilisateurs du bassin.

Chez certains patients, des signes inflammatoires visibles peuvent accompagner la douleur : gonflement discret, rougeur locale, sensation de chaleur. Toutefois, ces signes ne sont pas systématiques, surtout en cas de bursite chronique. Dans les formes aiguës, notamment post-traumatiques, ces manifestations sont plus fréquentes.

Enfin, il n’est pas rare que la bursite s’accompagne d’une souffrance émotionnelle, surtout lorsque la douleur s’éternise. Le sentiment de ne plus pouvoir dormir confortablement, de devoir éviter certains gestes ou de craindre la récidive, peut générer de l’anxiété, de la frustration, voire un retrait des activités sociales ou sportives. Le corps tout entier s’adapte, souvent au détriment de sa mobilité globale.

Ces symptômes, bien que variables en intensité, traduisent tous une chose : une perte d’harmonie locale et systémique. Et c’est cette harmonie qu’il faut chercher à restaurer, au-delà du seul soulagement de la douleur.

La douleur latérale de hanche, aussi fréquente que polymorphe, peut prêter à confusion. Il n’est pas rare qu’une bursite trochantérienne soit confondue avec d’autres affections présentant des symptômes similaires, voire coexiste avec elles. Pour poser un diagnostic juste, il est donc essentiel de procéder à une évaluation rigoureuse, intégrant l’anamnèse, l’examen clinique et, au besoin, l’imagerie. Cette démarche permet d’exclure d’autres diagnostics et de proposer une prise en charge adaptée à la réalité tissulaire du patient.

La première confusion fréquente concerne les tendinopathies du moyen et du petit fessier. Ces tendons s’insèrent justement sur le grand trochanter, à proximité immédiate de la bourse trochantérienne. Lorsqu’ils sont le siège d’une tendinite ou d’une lésion dégénérative, la douleur latérale est très similaire à celle d’une bursite. Toutefois, la douleur des tendinopathies est souvent plus profonde, plus liée à l’activation musculaire, et peut être reproduite par des tests spécifiques comme l’abduction résistée de la hanche. Parfois, la bursite et la tendinopathie coexistent, formant un syndrome douloureux du grand trochanter.

Une autre cause fréquente de diagnostic erroné est la coxarthrose débutante. L’arthrose de hanche ne se manifeste pas toujours par une douleur inguinale classique. Elle peut débuter par une gêne diffuse, parfois localisée sur le côté de la hanche, et s’accompagner d’une raideur matinale, d’une diminution progressive de la rotation interne ou d’une douleur à l’extension. Un examen articulaire précis et des radiographies simples permettent souvent de trancher, en mettant en évidence un pincement de l’interligne articulaire, des ostéophytes ou une sclérose sous-chondrale.

La sacro-iléite, qu’elle soit d’origine mécanique ou inflammatoire, peut également mimer une bursite trochantérienne. La douleur est alors souvent plus postérieure, proche de la fesse, mais peut irradier latéralement. Des tests de provocation sacro-iliaque (compression, distraction, Gaenslen) peuvent orienter le diagnostic, de même qu’un examen général recherchant d’autres signes de spondyloarthrite (raideur matinale prolongée, atteintes articulaires périphériques, antécédents familiaux).

Il convient aussi d’évoquer les syndromes myofasciaux. Des points gâchettes actifs dans le moyen fessier, le grand fessier ou le tenseur du fascia lata peuvent irradier une douleur vers la hanche, parfois de manière trompeuse. Ces douleurs sont souvent mal localisées, diffuses, et répondent bien aux techniques de relâchement myofascial ou de puncture sèche. L’examen palpatoire minutieux permet ici de faire la différence, en identifiant des cordons musculaires tendus et des zones de douleur référée.

Certaines radiculopathies lombaires, en particulier issues de la racine L4 ou L5, peuvent également simuler une bursite trochantérienne. Une douleur latérale de cuisse, parfois accompagnée de paresthésies, d’une faiblesse musculaire ou d’une douleur lombaire associée, doit faire évoquer une origine rachidienne. Les tests neurologiques (Lasègue, réflexes, testing moteur) et l’imagerie lombaire peuvent orienter vers une hernie discale ou une sténose foraminale.

Enfin, chez la femme, il faut garder en tête certaines pathologies pelviennes qui peuvent se projeter sur la hanche : endométriose, atteintes ligamentaires utérines, tensions viscérales post-opératoires. Ces douleurs sont souvent cycliques, diffuses, et exacerbées dans certaines positions. Une évaluation viscérale et gynécologique peut s’avérer nécessaire.

Faire la part des choses entre bursite et autres diagnostics n’est pas toujours évident. C’est pourquoi l’ostéopathe, dans sa logique globale, évalue non seulement la zone douloureuse, mais aussi le contexte postural, articulaire, émotionnel et fonctionnel. Il ne s’agit pas simplement d’étiqueter une douleur, mais de comprendre la dynamique corporelle dans laquelle elle s’inscrit. Et parfois, plusieurs causes coexistent, s’entretiennent, ou masquent le problème de fond. C’est là tout l’intérêt d’une lecture fine, ouverte, et rigoureuse du corps.

Le diagnostic de la bursite trochantérienne repose avant tout sur un examen clinique précis. L’interrogatoire attentif, couplé à une palpation rigoureuse et à quelques tests fonctionnels ciblés, permet dans la majorité des cas d’identifier la bourse en cause. Toutefois, dans certaines situations, notamment en cas de douleurs chroniques, de symptômes atypiques ou de doute diagnostique, des examens d’imagerie peuvent être utiles pour affiner l’évaluation, éliminer d’autres causes, et guider la prise en charge.

Le premier outil du clinicien reste l’observation et la palpation. Le patient décrit typiquement une douleur latérale, bien localisée au niveau du grand trochanter, augmentée par la pression. À la palpation, le praticien peut détecter une sensibilité vive au niveau de la bourse trochantérienne, parfois accompagnée d’un léger gonflement ou d’une chaleur locale. Cette douleur est souvent retrouvée à mi-distance entre l’épine iliaque antéro-supérieure et la pointe de la fesse, juste au sommet de la proéminence osseuse.

La palpation dynamique ajoute une dimension fonctionnelle à l’examen. On peut reproduire la douleur lors de l’abduction active contre résistance (test du moyen fessier), ou lors de la mise en tension du tenseur du fascia lata. L’élévation de la jambe tendue en décubitus latéral du côté opposé permet aussi de déclencher la douleur en sollicitant les muscles glutéaux. Ces tests cliniques, bien que non spécifiques, sont très sensibles pour orienter vers une pathologie de surcharge locale.

Lorsque l’examen clinique ne permet pas de trancher entre une bursite, une tendinopathie ou une pathologie intra-articulaire de hanche, l’imagerie devient précieuse. En première intention, on recommande souvent l’échographie musculo-squelettique, car elle est non invasive, dynamique, et peu coûteuse. L’échographie permet de visualiser l’épanchement liquidien dans la bourse, d’objectiver un épaississement inflammatoire de la paroi, et d’examiner les tendons voisins en temps réel. Elle peut également guider une infiltration si nécessaire.

En cas de doute persistant, une IRM peut être indiquée. Elle offre une vision en coupe très fine de l’ensemble des tissus mous de la hanche, et permet de détecter des bursites profondes, des tendinopathies associées, ou des anomalies intra-articulaires. L’IRM est particulièrement utile en cas de douleur chronique ou récidivante, lorsque plusieurs structures sont suspectées. Elle peut aussi révéler une fibrose, une rupture partielle tendineuse, ou une inflammation étendue difficile à cerner cliniquement.

La radiographie standard du bassin peut sembler de moindre intérêt dans le contexte d’une bursite, car elle ne montre pas les tissus mous. Toutefois, elle reste utile pour éliminer des pathologies osseuses sous-jacentes : arthrose coxo-fémorale, conflit fémoro-acétabulaire, calcifications tendineuses, inégalités de longueur des membres inférieurs. Ces anomalies peuvent constituer des facteurs prédisposants importants à la bursite, et justifier une prise en charge globale.

Dans certains cas plus rares, un bilan biologique peut être demandé. Cela concerne surtout les suspicions de bursite septique (rare mais grave), ou les pathologies inflammatoires systémiques (polyarthrite rhumatoïde, goutte, etc.). On recherchera alors une élévation de la CRP, une hyperleucocytose, ou des marqueurs spécifiques.

En ostéopathie, au-delà des tests de reproduction de la douleur, l’évaluation inclut souvent une analyse posturale complète, une recherche de restrictions de mobilité du bassin, des lombaires, du genou ou de la cheville. Ces évaluations permettent de repérer les chaînes dysfonctionnelles contribuant à la surcharge mécanique de la bourse.

Enfin, l’approche manuelle permet d’intégrer une écoute tissulaire qualitative, souvent absente des outils d’imagerie. Car si une IRM peut montrer une inflammation, elle ne dit rien sur la dynamique adaptative du corps, ni sur l’origine du déséquilibre. C’est là que le regard global de l’ostéopathe, allié aux outils cliniques et techniques modernes, trouve toute sa pertinence.

Face à une bursite trochantérienne douloureuse, la première attente du patient est souvent le soulagement. Les traitements conventionnels visent à réduire l’inflammation, apaiser la douleur et permettre une reprise progressive des activités sans provoquer de récidive. Ces approches, bien que parfois efficaces à court terme, ne s’attaquent pas toujours aux causes profondes de la surcharge. Toutefois, bien intégrées dans un plan thérapeutique global, elles peuvent constituer une base précieuse pour la récupération.

La première mesure recommandée est généralement le repos relatif. Il ne s’agit pas d’une immobilisation stricte, mais plutôt d’une réduction des gestes aggravants : marche prolongée, montée d’escaliers, position assise sur des surfaces dures ou sommeil en décubitus latéral du côté douloureux. Un changement de matelas ou l’utilisation d’un coussin ergonomique peut aider à soulager la pression nocturne sur la hanche. Cette période de repos doit être courte et bien dosée, car une inactivité prolongée risque d’entraîner un déconditionnement musculaire et une raideur articulaire.

Le recours aux médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), par voie orale ou locale, est souvent proposé en phase aiguë. Ils permettent de réduire l’inflammation de la bourse et de calmer la douleur. Leur usage doit être limité dans le temps, notamment chez les personnes âgées ou présentant des troubles digestifs, rénaux ou cardiovasculaires. En parallèle, des gels anti-inflammatoires appliqués localement peuvent apporter un soulagement temporaire, sans les effets indésirables systémiques des AINS oraux.

En cas de douleur persistante malgré ces premières mesures, ou lorsque l’inflammation est bien objectivée par imagerie, une infiltration de corticostéroïdes peut être envisagée. Réalisée sous guidage échographique, cette injection permet de cibler précisément la bourse trochantérienne avec une petite dose de corticoïde, souvent associée à un anesthésique local. L’effet anti-inflammatoire est rapide et peut durer plusieurs semaines. Toutefois, les infiltrations répétées sont à éviter, car elles peuvent non seulement fragiliser les tissus périarticulaires (tendons, fascias), mais également, à long terme, entraîner une déminéralisation locale de l’os, en particulier si les injections sont fréquentes et mal espacées. Ce phénomène est bien documenté, notamment dans les régions où les structures osseuses sont superficielles, comme le grand trochanter.

Parallèlement, un programme de physiothérapie adapté est souvent recommandé. Il comprend des techniques de décongestion locale, des étirements doux des muscles fessiers, du tenseur du fascia lata, et du quadriceps, ainsi que des exercices de renforcement ciblés. L’objectif est de rétablir la stabilité latérale du bassin, d’améliorer la biomécanique de la hanche, et de favoriser une reprise contrôlée des activités. Un bon kinésithérapeute saura adapter la progression en fonction de la douleur et de la récupération fonctionnelle.

Certains praticiens utilisent également des approches complémentaires comme les ondes de choc extracorporelles, notamment en cas de tendinopathie associée. Cette technique vise à stimuler la vascularisation et à favoriser la régénération tissulaire. Les résultats sont variables d’un patient à l’autre, et doivent être intégrés dans une prise en charge globale.

Enfin, dans de rares cas où la douleur devient chronique, invalidante, et résiste aux traitements conservateurs, une intervention chirurgicale peut être discutée. Elle consiste généralement à exciser la bourse enflammée (bursectomie) et, si nécessaire, à réparer les tendons adjacents. Toutefois, cette option reste exceptionnelle et n’est envisagée qu’en dernier recours.

Il est important de souligner que ces traitements conventionnels, bien qu’efficaces pour calmer l’inflammation, ne suffisent pas toujours à éviter les récidives. Si l’origine mécanique ou posturale n’est pas identifiée et corrigée, la douleur peut revenir, parfois sous une autre forme. C’est là que l’intégration d’une approche ostéopathique, holistique et fonctionnelle, prend tout son sens pour accompagner la personne dans une véritable dynamique de rééquilibrage.

L’ostéopathie offre une approche précieuse dans le traitement de la bursite trochantérienne, en particulier lorsque les douleurs deviennent chroniques ou récidivantes. Là où les traitements conventionnels ciblent avant tout le symptôme — l’inflammation locale de la bourse —, l’ostéopathe cherche à comprendre pourquoi cette bourse a été sursollicitée. Cette démarche, à la fois globale et fine, repose sur l’évaluation des déséquilibres du corps entier et sur la restauration d’une dynamique tissulaire harmonieuse.

Le cœur de la stratégie ostéopathique est d’identifier la cause fonctionnelle de la surcharge trochantérienne. Cela peut être une asymétrie pelvienne, une dysfonction sacro-iliaque, une hypomobilité lombaire ou une restriction de mobilité articulaire du genou ou du pied. Le praticien prend le temps de repérer les déséquilibres dans les chaînes myofasciales et de comprendre comment le corps s’est organisé pour compenser une limitation, souvent ancienne ou passée inaperçue. Ce regard en amont des symptômes permet de traiter non seulement la douleur, mais surtout sa logique profonde.

Lors de l’évaluation, l’ostéopathe porte une attention particulière à la mobilité du bassin et du membre inférieur, à la statique posturale et aux appuis podaux. Une hanche peut être sursollicitée parce que le membre inférieur opposé est affaibli, ou parce qu’un déséquilibre ancien du pied perturbe la chaîne montante. Une dysfonction de l’articulation sacro-iliaque, souvent silencieuse, peut entraîner un désalignement mécanique qui met la bourse trochantérienne sous contrainte excessive à chaque pas. L’ostéopathie permet ainsi de recontextualiser la douleur dans un système dynamique.

La phase de traitement inclut des techniques adaptées à la phase de la pathologie. En phase aiguë, lorsque la douleur est vive, l’ostéopathe privilégie des techniques douces, indirectes et décongestives. Cela inclut le drainage tissulaire, les techniques myofasciales, les techniques fonctionnelles et les mobilisations articulaires lentes, visant à réduire les tensions et à améliorer la vascularisation locale sans irriter davantage la bourse.

Lorsque l’inflammation est stabilisée, le traitement devient plus spécifique et structurant. L’ostéopathe peut avoir recours à des techniques articulaires, visant à libérer une restriction du bassin, de la hanche ou du genou. Il travaille également sur les chaînes musculaires impliquées, notamment le moyen fessier, le tenseur du fascia lata, le quadriceps et les muscles lombaires. Des techniques d’équilibrage ligamentaire et de réajustement postural complètent souvent l’approche. Si des tensions viscérales influencent le schéma postural (comme un utérus rétroversé ou une tension du côlon sigmoïde), elles seront également abordées.

L’ostéopathie prend également en compte la dimension émotionnelle et somatique de la douleur. Une hanche figée peut être le reflet d’une peur ancienne de tomber, d’un sentiment d’instabilité ou d’un vécu corporel sédimenté dans le bassin. À travers le toucher, l’écoute tissulaire et le respect du rythme du corps, le traitement ostéopathique favorise non seulement une amélioration physique, mais aussi une réappropriation sensorielle et symbolique de la zone douloureuse.

Enfin, une éducation posturale et gestuelle est souvent intégrée à la prise en charge. L’ostéopathe conseille sur les positions de sommeil, les gestes à éviter, les étirements adaptés et les mouvements favorables à la récupération. Il s’agit d’aider le corps à retrouver une autonomie fonctionnelle, sans dépendre exclusivement du soin. Cette démarche responsabilise le patient et lui permet de mieux comprendre ses propres schémas de compensation.

L’ostéopathie ne remplace pas les traitements médicaux lorsqu’ils sont nécessaires, mais elle les complète intelligemment en rétablissant un équilibre global, souvent ignoré dans les approches centrées uniquement sur la douleur. En ce sens, elle joue un rôle fondamental dans la prévention des rechutes, dans la gestion des douleurs chroniques, et dans le retour à une mobilité fluide, confiante et durable.

Une fois la douleur aiguë de la bursite trochantérienne soulagée, il est essentiel de mettre en place une stratégie de prévention pour éviter les rechutes. Trop souvent, une amélioration symptomatique conduit à un retour trop rapide aux habitudes antérieures, sans que les causes mécaniques profondes aient été corrigées. C’est ici qu’un programme d’exercices ciblés, d’ajustements posturaux et de rééducation du schéma corporel prend tout son sens. Il ne s’agit pas seulement de renforcer ou d’étirer, mais de réharmoniser un fonctionnement global autour de la hanche.

La première étape consiste à renforcer les muscles stabilisateurs du bassin, notamment le moyen fessier, véritable pilier latéral lors de la marche. Une faiblesse de ce muscle entraîne une instabilité pelvienne en appui unipodal, augmentant la tension sur la bourse trochantérienne. Des exercices simples, comme les élévations latérales de jambe en décubitus latéral (avec ou sans élastique), les marches latérales avec bande de résistance ou le “clamshell” (ouverture de hanche sur le côté, genoux fléchis), sont particulièrement efficaces. La progression doit être douce, avec un focus sur la qualité du mouvement plutôt que l’intensité.

Parallèlement, il est fondamental d’étirer les structures en tension autour de la hanche, en particulier le tenseur du fascia lata et les fibres antérieures du grand fessier. Ces muscles, souvent hypertoniques en compensation d’un déficit du moyen fessier, exercent une compression latérale sur la bourse. Des étirements progressifs, maintenus 30 secondes et répétés plusieurs fois par jour, peuvent être intégrés facilement à la routine quotidienne. L’étirement du TFL peut se faire en position debout, jambe croisée derrière, en inclinant le tronc latéralement du côté opposé à la hanche douloureuse.

Un travail d’assouplissement global est également bénéfique. Des exercices de mobilité du bassin, de flexibilité des fléchisseurs de hanche (psoas, iliaque) et des ischio-jambiers permettent de redonner à l’ensemble du membre inférieur une capacité d’adaptation aux contraintes mécaniques. Une hanche rigide transmet davantage de stress à la bourse, surtout lors des mouvements de rotation ou d’amplitude maximale.

L’attention portée à la posture et aux gestes du quotidien joue un rôle central dans la prévention. Il convient d’éviter les positions prolongées assises sans soutien lombaire, les stations debout asymétriques (appui prolongé sur une jambe), ou les montées fréquentes d’escaliers en charge sans renforcement préalable. La position de sommeil doit être ajustée : un coussin entre les genoux en décubitus latéral permet de limiter la tension sur la hanche supérieure, et un coussin sous le genou en décubitus dorsal réduit la traction sur le psoas.

L’intégration de la proprioception dans le programme de récupération est souvent négligée, mais elle est pourtant capitale. Des exercices sur plateau instable, sur une jambe, ou avec les yeux fermés, permettent de restaurer un contrôle moteur fin du bassin et de la hanche. Cela limite les micromouvements parasites qui, à long terme, entretiennent l’irritation de la bourse.

Enfin, la prévention passe aussi par une hygiène de vie adaptée : contrôle du poids (car l’excès de masse impose une contrainte continue sur la hanche), chaussage adéquat avec bon amorti, et activité physique régulière mais raisonnée. La reprise de la marche rapide, de la course ou des sports en charge doit toujours être progressive, avec un échauffement adéquat, une récupération bien planifiée, et des phases de repos intégrées.

Le rôle du thérapeute est ici essentiel : guider, corriger, encourager, et adapter les exercices à chaque patient. Il n’y a pas de protocole unique, mais une démarche sur mesure, fondée sur l’écoute du corps et la régularité. Prévenir les récidives, c’est accompagner le patient vers une autonomie durable, où chaque mouvement redevient une source de liberté plutôt qu’un facteur de douleur.

Lorsqu’on parle de bursite trochantérienne, on pense souvent à une problématique strictement mécanique. Pourtant, comme dans bien d’autres pathologies musculo-squelettiques, le terrain inflammatoire général joue un rôle déterminant dans l’intensité, la chronicité et la récidive des symptômes. L’alimentation, trop souvent négligée dans les approches classiques, peut devenir un levier thérapeutique puissant, en particulier dans les formes chroniques ou lorsque les douleurs semblent « résister » aux soins habituels.

Le processus inflammatoire qui touche la bourse trochantérienne est local, mais il s’inscrit souvent dans un contexte global d’inflammation de bas grade. Ce type d’inflammation silencieuse est favorisé par une alimentation déséquilibrée, riche en sucres raffinés, en acides gras trans, en produits industriels ultra-transformés, et pauvre en nutriments anti-inflammatoires. Chez les personnes présentant un surpoids, une dysbiose intestinale ou un stress oxydatif chronique, ce terrain inflammatoire devient un facteur aggravant de la douleur, ralentissant les capacités de récupération tissulaire.

Pour réduire cette inflammation systémique, il est conseillé d’adopter une alimentation anti-inflammatoire, inspirée des principes de la diète méditerranéenne. Celle-ci favorise les aliments riches en antioxydants, en acides gras oméga-3 et en fibres. Les fruits et légumes colorés (myrtilles, épinards, betteraves, brocolis, poivrons rouges), les légumineuses, les oléagineux (amandes, noix), les poissons gras (maquereau, sardine, saumon sauvage) et les huiles vierges de qualité (notamment l’huile d’olive extra vierge) sont des alliés précieux. Ils aident à moduler la réponse immunitaire, à réguler le stress oxydatif et à soutenir la régénération tissulaire.

À l’inverse, certains aliments sont connus pour entretenir l’inflammation. C’est le cas des produits sucrés, des farines blanches, des viandes transformées (charcuteries), des huiles raffinées (tournesol, maïs, soja en excès) et des aliments frits. Une consommation excessive d’alcool ou de café, en particulier chez les personnes stressées ou carencées, peut aussi accentuer le déséquilibre acido-basique de l’organisme et compromettre les processus de réparation.

Certains compléments nutritionnels peuvent être utiles, en particulier en période de douleur persistante ou de fragilité tissulaire. Les oméga-3, sous forme d’huile de poisson purifiée ou de microalgues, sont bien documentés pour leur effet modulateur sur l’inflammation articulaire. La curcumine, principe actif du curcuma, possède également des propriétés anti-inflammatoires puissantes, surtout lorsqu’elle est associée à la pipérine (extrait de poivre noir) pour en améliorer l’absorption. Le magnésium, souvent déficient chez les personnes stressées ou fatiguées, contribue à la détente musculaire et à la régulation de la douleur.

Dans certains cas, notamment en présence de douleurs chroniques ou de récidives inexpliquées, une évaluation de la santé intestinale peut être pertinente. Une perméabilité intestinale excessive, une dysbiose ou une inflammation digestive peuvent entretenir un état inflammatoire systémique qui empêche les tissus de se régénérer correctement. Le recours à des probiotiques, à des prébiotiques naturels (ail, oignon, topinambour, poireau), ou à une cure de désencrassement hépatique peut alors renforcer la réponse au traitement.

Enfin, il ne faut pas oublier que manger en pleine conscience, dans un état de calme, favorise une meilleure digestion et assimilation des nutriments. Le stress chronique, en activant le système sympathique, perturbe l’équilibre digestif et hormonal, et par ricochet, freine les processus de guérison tissulaire.

L’ostéopathe, dans une vision holistique, peut jouer un rôle d’éducation et d’orientation dans ce domaine. Il ne remplace pas un nutritionniste, mais il peut sensibiliser le patient à l’importance de son mode de vie, en mettant en lien ses douleurs corporelles avec ses habitudes alimentaires. Car soigner la hanche, c’est aussi nourrir le terrain sur lequel elle évolue.

Dans de nombreux cas, la bursite trochantérienne peut évoluer de manière favorable avec des mesures simples et une approche ostéopathique bien conduite. Cependant, certaines situations nécessitent une vigilance accrue. Savoir quand consulter un professionnel de santé permet d’éviter des complications, de confirmer un diagnostic ou d’orienter vers un traitement plus spécifique. Il est donc crucial d’identifier les signes qui doivent alerter le patient ou le praticien.

Le premier critère est la persistance de la douleur au-delà de deux à trois semaines, malgré des mesures de repos, des adaptations de posture et des soins de base. Une bursite simple, aiguë, bien prise en charge, devrait montrer des signes d’amélioration relativement rapides. Si ce n’est pas le cas, il peut s’agir d’une pathologie associée — comme une tendinopathie profonde, une coxarthrose débutante ou une instabilité pelvienne — qui nécessite un bilan plus poussé.

Une douleur nocturne intense, empêchant le sommeil ou réveillant régulièrement le patient, est également un motif de consultation. Bien qu’elle soit fréquente dans la bursite, une douleur trop vive au repos, surtout en l’absence de pression ou de mouvement, peut faire suspecter une cause plus grave : infection, micro-fracture, inflammation systémique, voire pathologie osseuse ou tumorale dans de rares cas.

Le patient doit aussi consulter s’il présente une douleur qui s’étend ou change de localisation, notamment si elle descend brutalement dans la jambe, s’accompagne de picotements, d’engourdissements ou d’une perte de force. Cela peut indiquer une atteinte nerveuse (comme une radiculopathie lombaire) ou une pathologie combinée (bursite + sciatique), nécessitant un examen neurologique et une imagerie adaptée.

Autre signe important : la présence d’un gonflement marqué, de rougeur et de chaleur locale. Ces signes d’inflammation visibles peuvent survenir dans une bursite aiguë, mais lorsqu’ils s’intensifient rapidement ou s’accompagnent de fièvre, ils évoquent une bursite infectieuse (ou septique). Bien que rare, cette forme impose une prise en charge médicale urgente, avec prélèvement du liquide bursal, antibiothérapie et parfois drainage chirurgical.

Un antécédent récent de chute sur la hanche, en particulier chez une personne âgée, doit aussi amener à la prudence. La bursite peut masquer une fracture du col fémoral, une contusion osseuse ou une fissure du grand trochanter. Une imagerie (radiographie, voire IRM) est alors indispensable, surtout si le patient a des difficultés à se mettre debout, une boiterie marquée ou une douleur exacerbée à la mise en charge.

Certaines maladies inflammatoires chroniques (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, lupus) prédisposent aux bursites multiples et récurrentes. Chez ces patients, une douleur de hanche doit toujours être explorée dans le contexte global, en lien avec le rhumatologue ou le médecin traitant, car elle peut refléter une poussée de la maladie systémique.

Enfin, il faut être attentif à l’impact émotionnel et fonctionnel de la douleur : si le patient limite fortement ses déplacements, évite certaines positions, modifie sa façon de marcher ou développe une peur du mouvement (kinésiophobie), une prise en charge plus globale devient nécessaire. L’accompagnement psychocorporel ou la réassurance thérapeutique jouent alors un rôle fondamental pour éviter la chronicisation.

L’ostéopathe, en première intention ou en complément d’un suivi médical, est bien placé pour identifier ces signaux. Par son écoute, son observation posturale et sa palpation fine, il peut orienter vers des examens complémentaires lorsque cela s’impose. Car savoir poser ses mains, c’est aussi savoir quand les retirer, et inviter à consulter un autre regard professionnel pour garantir la sécurité du patient.

La compréhension de la bursite trochantérienne a beaucoup évolué au fil des dernières décennies. Longtemps considérée comme une simple inflammation isolée de la bourse séreuse, elle est aujourd’hui mieux reconnue comme une entité multifactorielle, souvent associée à des pathologies tendineuses, des déséquilibres posturaux ou des troubles fonctionnels plus globaux. Les recherches récentes soulignent l’importance d’une approche intégrée, et remettent parfois en question certaines habitudes thérapeutiques.

Une première évolution majeure a été la reclassification de la bursite trochantérienne dans le cadre plus large du syndrome douloureux du grand trochanter (Greater Trochanteric Pain Syndrome – GTPS). Ce terme, désormais couramment utilisé dans la littérature scientifique, englobe la bursite, les tendinopathies du moyen et petit fessier, les microdéchirures tendineuses, et parfois même les douleurs d’origine lombopelvienne. Une étude par Grimaldi et Fearon (2015) a démontré que dans la majorité des cas de douleurs latérales de hanche, la pathologie principale était tendineuse, la bursite étant souvent secondaire ou associée.

Les recherches en imagerie ont confirmé cette réalité : l’IRM ou l’échographie montre fréquemment un épaississement ou une désinsertion partielle du tendon du moyen fessier, parfois sans épanchement bursal significatif. Cela a conduit les cliniciens à adapter les traitements, en mettant davantage l’accent sur le renforcement musculaire, la rééducation ciblée et la correction des dysfonctions biomécaniques, plutôt que sur les approches exclusivement anti-inflammatoires.

Concernant les infiltrations de corticostéroïdes, longtemps considérées comme un traitement de choix, les études récentes montrent des résultats à court terme satisfaisants, mais une efficacité souvent transitoire, avec un risque accru de récidive si le traitement de fond (musculaire et postural) n’est pas entrepris. Une revue systématique publiée dans le British Journal of Sports Medicine (2020) a conclu que les infiltrations seules ne sont pas plus efficaces à long terme que des exercices bien conduits, et que leur usage répété pourrait altérer la qualité tissulaire.

Du côté des alternatives thérapeutiques, les exercices de renforcement excentrique et la thérapie par charge progressive sont de plus en plus soutenus par la littérature. Ces approches, inspirées des protocoles utilisés pour les tendinopathies d’Achille ou rotuliennes, visent à stimuler la régénération des tissus en contrôlant le stress mécanique. Une étude de 2018 a montré que ce type de rééducation, combiné à un suivi éducatif, donne de meilleurs résultats à six mois que les infiltrations seules.

L’ostéopathie elle-même fait l’objet de publications croissantes, bien que les études spécifiques sur la bursite de hanche soient encore limitées. Des articles issus de recherches qualitatives ou de revues cliniques soulignent l’intérêt d’une approche globale et manuelle pour corriger les déséquilibres mécaniques, restaurer les amplitudes articulaires et améliorer la fonction globale du bassin. Une étude pilote publiée dans le Journal of Bodywork and Movement Therapies (2021) a suggéré une amélioration significative de la douleur et de la qualité de vie chez des patients traités par techniques ostéopathiques combinées à un programme d’exercices individualisés.

Enfin, la recherche commence à explorer les facteurs psycho-émotionnels associés aux douleurs chroniques de hanche. Une étude récente a mis en évidence un lien entre bursite persistante et anxiété, kinésiophobie, voire dépression légère. Cela renforce la nécessité d’une prise en charge multidimensionnelle, où le toucher thérapeutique, la relation de confiance et la réappropriation corporelle prennent tout leur sens.

Ce que nous enseigne la science actuelle, c’est que la bursite trochantérienne n’est pas une simple pathologie locale. Elle est souvent l’expression périphérique d’un déséquilibre plus large, qu’il soit biomécanique, métabolique ou émotionnel. L’enjeu thérapeutique n’est donc pas seulement de calmer une inflammation, mais de restaurer un équilibre dynamique dans lequel le corps peut à nouveau se mouvoir librement, sans douleur.

La douleur latérale de hanche, lorsqu’elle est liée à une bursite trochantérienne, peut sembler banale. Mais derrière cette plainte apparemment locale, se cache souvent une histoire corporelle plus vaste, un enchevêtrement de microtraumatismes, d’adaptations posturales, d’émotions contenues, et parfois d’incompréhension. Trop de patients vivent avec cette douleur, la tolèrent en silence ou la voient revenir malgré les traitements, comme si le corps cherchait encore à dire quelque chose qui n’a pas été entendu.

Ce que nous apprend l’observation clinique, renforcée par la recherche, c’est qu’aucune hanche ne souffre sans raison. Il y a presque toujours un déséquilibre en amont, une surcharge en aval, une adaptation devenue excessive ou inefficace. Le rôle du thérapeute n’est donc pas seulement de soulager, mais d’accompagner : accompagner la douleur, accompagner la personne, accompagner le corps dans sa tentative d’équilibre. Cela suppose d’écouter au-delà des tissus, de comprendre ce qui dans l’histoire du patient a préparé le terrain à cette inflammation.

L’ostéopathie, par sa vision globale et son toucher respectueux, permet de redonner du mouvement là où le corps s’était figé, de libérer ce qui était comprimé, et parfois de réconcilier des parties du soi qui ne communiquaient plus. Mais elle n’agit pas seule. Elle s’inscrit dans un parcours qui peut inclure des exercices adaptés, une hygiène de vie consciente, une alimentation anti-inflammatoire, et parfois une transformation plus profonde dans la manière d’habiter son corps.

Soigner une bursite trochantérienne, ce n’est donc pas effacer un symptôme. C’est aider une articulation à retrouver sa fonction, un corps à retrouver son axe, et une personne à retrouver confiance dans ses appuis, physiques comme symboliques. Cela demande du temps, de la patience, de l’écoute — mais aussi une responsabilisation du patient, acteur essentiel de sa propre guérison.

Car accompagner la hanche qui souffre, c’est refuser de l’abandonner à la seule logique médicale ou mécanique. C’est y voir un signal, parfois discret, que quelque chose demande à être réajusté. Et lorsque cet ajustement a lieu, dans le geste, dans l’attitude, dans la conscience, alors le mouvement redevient possible. Libre. Léger. Habité.

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