Table des matières

Quand le genou se courbe vers l’arrière

Brève présentation du genu recurvatum, souvent méconnu, et de son impact sur l’alignement global du corps

Le genu recurvatum, ou hyperextension du genou, est une condition souvent négligée mais aux répercussions notables sur la posture et la biomécanique corporelle. Il se caractérise par une extension excessive de l’articulation du genou en position debout, au point que la jambe semble se cambrer vers l’arrière. Bien qu’il puisse être physiologique chez certains sujets hyperlaxes ou jeunes enfants, il devient pathologique lorsqu’il provoque des douleurs, une instabilité ou une altération de la chaîne posturale. En ostéopathie, cette singularité biomécanique mérite une attention particulière, car elle n’est jamais isolée : elle révèle bien souvent une adaptation globale du corps.

Le genu recurvatum peut être d’origine congénitale, post-traumatique ou fonctionnelle. Dans les cas fonctionnels, il s’installe souvent progressivement, à la suite d’une mauvaise posture, d’un déséquilibre musculaire ou de séquelles d’entorses. L’articulation du genou perd alors sa neutralité, et le tibia recule par rapport au fémur, créant une tension excessive sur les ligaments croisés et les tissus postérieurs.

Chez certains patients, cette hyperextension est bilatérale, tandis que chez d’autres, elle ne touche qu’un seul genou. Le tableau clinique peut aller de l’asymptomatique à des douleurs diffuses du genou, des troubles de l’équilibre ou des pathologies secondaires telles que des tendinopathies, des douleurs lombaires ou même des céphalées de tension. Car dès que l’axe du genou est perturbé, c’est toute l’architecture corporelle qui s’ajuste en compensation.

Le genu recurvatum n’est pas un simple détail morphologique. En ostéopathie, on observe fréquemment qu’il s’accompagne de tensions ascendantes (jusqu’au bassin, à la colonne et parfois aux cervicales) ou descendantes (impactant les chevilles et la voûte plantaire). En hyperextension, le genou verrouille la chaîne postérieure, empêchant une bonne répartition des appuis au sol. Cela induit souvent une bascule antérieure du bassin, une lordose lombaire exagérée et une surcharge sur les articulations sus- et sous-jacentes.

Le système myofascial entre alors en jeu : les muscles ischio-jambiers, le triceps sural, le psoas et les muscles spinaux peuvent se contracter de façon chronique pour stabiliser une posture désaxée. Ces tensions musculaires, en retour, entretiennent le déséquilibre initial. Il devient alors difficile de déterminer si le genu recurvatum est la cause ou la conséquence du dérèglement postural — une situation typique en ostéopathie, où les boucles de compensation s’installent subtilement dans le temps.

Le diagnostic repose avant tout sur l’observation de la posture en station debout. L’ostéopathe ou le thérapeute attentif remarquera une ligne tibiale qui recule par rapport au fémur, parfois associée à une hyperlordose, une rétroversion des épaules ou une attitude en hyperextension généralisée. Le testing articulaire passif confirmera l’amplitude excessive d’extension, au-delà des 10° habituels.

Il est important de rechercher d’éventuelles causes sous-jacentes : laxité ligamentaire, trouble neurologique discret, déficit musculaire du quadriceps ou déséquilibre proprioceptif. Une évaluation du pied, du bassin et de la colonne est essentielle pour comprendre l’empreinte globale du genu recurvatum sur l’équilibre postural du patient.

L’ostéopathie offre une approche globale et fine de ce type de trouble. L’objectif n’est pas de « corriger » le genou en force, mais de libérer les zones de restriction qui perturbent l’axe articulaire. Les techniques myofasciales, les équilibrations tissulaires, la normalisation du bassin et des charnières vertébrales (notamment L5/S1 et D12/L1) sont souvent indispensables pour rétablir une dynamique équilibrée.

L’ostéopathe pourra également travailler sur les récepteurs proprioceptifs, notamment au niveau des pieds, de la cheville et du genou, afin de redonner au patient une conscience de sa posture en appui. L’intégration du travail respiratoire est aussi pertinente, car une posture figée en extension s’accompagne souvent d’un diaphragme peu mobile et d’un système neurovégétatif en hypertonie.

Le traitement ostéopathique du genu recurvatum ne peut être complet sans une participation active du patient. Une rééducation ciblée, intégrant renforcement musculaire des ischio-jambiers et du triceps sural, étirement du psoas, et prise de conscience posturale, est essentielle pour stabiliser les résultats. Le recours temporaire à des semelles proprioceptives peut aussi être utile dans certains cas.

Ce que nous enseigne le genu recurvatum, c’est qu’un simple genou qui se « tend trop » peut être le signe visible d’un déséquilibre invisible. À travers lui, c’est tout le corps qui parle — ou compense. L’ostéopathe, en cherchant à écouter au-delà du symptôme local, devient un artisan de l’alignement intérieur.

Le genu recurvatum, cette hyperextension excessive du genou, peut sembler à première vue n’être qu’une anomalie mécanique locale. Pourtant, lorsqu’on l’observe dans une démarche ostéopathique globale, il révèle bien souvent un équilibre compensatoire plus vaste, impliquant l’histoire corporelle, les habitudes posturales, voire le vécu psychocorporel du patient. Identifier les origines du genu recurvatum ne se limite donc pas à une simple analyse articulaire, mais invite à remonter les chaînes de compensation et à écouter ce que le corps tente de dire à travers cette posture.

Chez de nombreux patients, le genu recurvatum trouve son origine dans une hyperlaxité ligamentaire constitutionnelle. Ce type de profil est souvent observé chez les enfants, les adolescents ou certains adultes très souples, dont les tissus conjonctifs présentent une plus grande élasticité que la moyenne. La souplesse excessive des ligaments peut rendre l’articulation du genou instable, notamment en position debout prolongée, et favoriser un basculement vers l’arrière de l’axe tibio-fémoral.

Ce phénomène n’est pas pathologique en soi. Beaucoup d’individus hyperlaxes n’éprouvent aucun symptôme. Mais lorsqu’il s’installe dans un corps soumis à des stress mécaniques répétés — sédentarité, travail debout, sport intensif, traumatismes mineurs à répétition —, cette souplesse devient un terrain favorable à la chronicité des déséquilibres.

En ostéopathie, il est important d’accompagner ces patients avec douceur, en respectant la nature souple de leurs tissus, sans chercher à “tonifier” à tout prix, mais plutôt à leur apprendre à percevoir les limites de leurs articulations et à stabiliser activement leur posture.

Une autre origine fréquente du genu recurvatum est la compensation post-traumatique. Une entorse de cheville mal rééduquée, une rupture partielle du ligament croisé antérieur, un accident de la route, une chute — autant d’événements pouvant entraîner une modification de l’alignement du membre inférieur. Le corps, dans sa logique adaptative, peut alors recruter une hyperextension du genou pour stabiliser une articulation en perte de repères.

Ces adaptations sont souvent silencieuses au départ. Le patient peut vivre des mois, voire des années, sans douleur manifeste. Puis, progressivement, apparaissent des symptômes à distance : lombalgies, instabilité à la marche, fatigue musculaire, douleurs diffuses. Ce n’est qu’à l’observation attentive de la posture en charge que le clinicien attentif notera un genu recurvatum compensateur, souvent d’un seul côté, témoin d’une tentative d’équilibre sur un terrain perturbé.

Dans certains cas, plus rares mais importants à considérer, le genu recurvatum peut résulter d’un trouble neurologique discret. Après un AVC mineur, un syndrome pyramidal modéré ou une atteinte des voies motrices, il n’est pas rare d’observer une hyperextension du genou à la marche ou en station debout. Ce phénomène, appelé recurvatum neurogène, résulte d’un déficit du contrôle moteur du quadriceps ou des muscles fléchisseurs du genou.

Dans ces cas, le corps compense par un verrouillage passif de l’articulation. Il ne s’agit plus ici d’un trouble purement mécanique, mais d’une stratégie de maintien postural en contexte de déficit moteur. L’ostéopathe doit alors travailler en lien avec d’autres professionnels de santé, et adapter ses techniques à la sensibilité neuro-musculaire du patient.

Enfin, dans de très nombreux cas, le genu recurvatum s’installe progressivement, à la faveur des habitudes posturales quotidiennes. Il suffit d’observer des personnes debout dans une file d’attente, ou lors d’un discours : beaucoup d’entre elles verrouillent naturellement leurs genoux en hyperextension. Cette posture, qui peut sembler confortable à court terme, décharge temporairement les muscles stabilisateurs… mais crée une tension passive chronique sur les ligaments postérieurs et les capsules articulaires.

Avec le temps, cette attitude devient un automatisme. Le patient finit par « vivre dans son recurvatum », au point de perdre la conscience de la position neutre de ses genoux. Cette origine comportementale est particulièrement fréquente chez les personnes perfectionnistes, qui adoptent une posture rigide ou tendue dans leur vie quotidienne. Le genu recurvatum devient alors l’expression corporelle d’une tension intérieure, d’un besoin de contrôle ou d’un mode de fonctionnement figé.

C’est ici que l’approche ostéopathique révèle toute sa pertinence : en rétablissant la mobilité, en libérant les zones figées, mais aussi en accompagnant le patient dans une prise de conscience de ses appuis, de sa respiration et de son lien à la verticalité.

Au final, il n’existe pas un seul type de genu recurvatum, mais une multitude de causes, de parcours, de tissus, de vécus. L’ostéopathe ne cherchera pas à “corriger” le genou comme une pièce mécanique, mais à comprendre pourquoi le corps a adopté cette forme : pour stabiliser un déséquilibre, pour compenser une faiblesse, pour survivre à un choc, ou pour répondre à une posture de vie.

En remontant aux origines, en tenant compte de l’ensemble du système corporel, émotionnel et fonctionnel, l’ostéopathie offre une voie d’exploration douce, adaptée, respectueuse de chaque singularité.

Le genu recurvatum, littéralement « genou recourbé en arrière », désigne une hyperextension anormale de l’articulation du genou en position debout ou lors de la marche. Il se manifeste par un angle d’extension du genou dépassant les limites physiologiques normales, généralement au-delà de 5 à 10 degrés chez l’adulte. Ce désalignement sagittal peut sembler discret à l’œil non averti, mais il a des implications profondes sur la biomécanique du membre inférieur et sur l’organisation posturale globale.

Il est essentiel de distinguer entre une forme physiologique de recurvatum et une forme pathologique. Certaines personnes, notamment les enfants ou les individus présentant une hyperlaxité constitutionnelle, peuvent naturellement avoir un léger recurvatum sans que cela n’entraîne de douleur ni de dysfonction. Chez eux, cette hyperextension est généralement symétrique, réductible, et bien tolérée par le système musculo-squelettique.

À l’inverse, lorsque le recurvatum s’accompagne de déséquilibres musculaires, de douleurs, de troubles de la marche ou de compensations ascendantes, on parle de forme pathologique. Cette dernière peut s’installer insidieusement après un traumatisme, une paralysie partielle, une mauvaise récupération post-opératoire ou encore à la suite d’un déséquilibre postural chronique.

Sur le plan clinique, on parle de genu recurvatum lorsque l’axe de la jambe, vu de profil, montre un recul net du genou par rapport à l’axe vertical du fémur et du tibia. Cela se traduit par une hyperextension active ou passive, observable en position debout, à la marche ou lors de tests spécifiques.

Plusieurs critères permettent d’objectiver cette condition :

  • Angle d’hyperextension mesuré au goniomètre, au-delà de 5° chez l’adulte.
  • Asymétrie entre les deux genoux, souvent signe de pathologie.
  • Perte du verrouillage musculaire : les muscles postérieurs (ischio-jambiers, gastrocnémiens) n’arrivent plus à stabiliser correctement l’articulation.
  • Déviation de l’axe fonctionnel : le poids du corps n’est plus réparti dans l’axe mécanique normal.

Dans certains cas sévères, le recurvatum s’accompagne également d’une instabilité antérieure du genou, voire de lésions ligamentaires (notamment du ligament croisé antérieur), de subluxations rotuliennes ou d’usure prématurée du cartilage fémoro-tibial.

Le genu recurvatum peut être congénital, développemental, ou acquis. Chez le nourrisson ou le jeune enfant, il est parfois lié à une maturation musculaire incomplète, une malposition intra-utérine, ou à des troubles neurologiques précoces (par exemple une infirmité motrice cérébrale).

Chez l’adulte, il peut survenir :

  • Après un traumatisme du genou (entorse, fracture, chirurgie mal récupérée),
  • En lien avec une pathologie neurologique (hémiparésie, atteinte du nerf sciatique ou fémoral),
  • Par compensation posturale (suite à une inégalité de longueur des membres, une faiblesse musculaire ou une limitation articulaire du côté opposé),
  • Chez les sportifs, notamment en gymnastique, danse, arts martiaux ou athlétisme, où l’hypermobilité est valorisée mais peut conduire à une fragilité articulaire.

Dans la pratique ostéopathique, il est capital de différencier un recurvatum bilatéral symétrique, souvent constitutionnel, d’un recurvatum unilatéral qui évoque presque toujours une compensation pathologique ou une conséquence lésionnelle. L’asymétrie du port de jambe, les troubles de l’appui podal, la rotation du bassin ou du tronc, sont autant d’indices qui indiquent une perturbation de la dynamique globale.

Pour l’ostéopathe, le genu recurvatum n’est pas un simple défaut local, mais un signal d’alarme d’un déséquilibre plus vaste, qu’il soit mécanique, neurologique ou postural. Il s’agit donc de l’inscrire dans un bilan global, intégrant les appuis plantaires, la posture, le bassin, la colonne, les ceintures scapulaire et pelvienne, ainsi que les éventuelles dimensions émotionnelles (trauma, compensation chronique, schéma corporel).

Comprendre cette pathologie, c’est aussi percevoir le langage du corps dans son effort d’adaptation, parfois au détriment de l’harmonie articulaire.

Le genu recurvatum n’est pas une entité homogène ; il constitue plutôt le point de convergence de multiples facteurs étiologiques, parfois intriqués. Comprendre ses causes, c’est entrer dans une lecture fine des déséquilibres biomécaniques, neurologiques, posturaux, voire même émotionnels, qui façonnent notre manière de tenir debout et de marcher. L’ostéopathe, dans son approche globale, se doit d’en identifier les origines pour orienter son traitement de manière pertinente et durable.

1. Formes congénitales et développementales

Certaines personnes naissent avec une laxité ligamentaire importante ou des axes osseux particuliers qui favorisent une hyperextension du genou. Ce genu recurvatum constitutionnel est souvent bilatéral, asymptomatique dans l’enfance, mais peut devenir problématique à l’âge adulte lorsque des douleurs apparaissent ou que la posture s’altère avec le temps.

Chez le nourrisson et le jeune enfant, un recurvatum marqué peut aussi être la conséquence :

  • D’une position fœtale prolongée avec hyperextension des membres inférieurs,
  • D’une malformation osseuse ou articulaire (dysplasie du tibia, instabilité fémoro-patellaire),
  • Ou d’un retard moteur global, notamment dans les cas de prématurité.

Une vigilance particulière est requise pour ces jeunes patients, afin de dépister précocement les déformations persistantes pouvant nuire au développement de la marche.

2. Origines neurologiques : le genou comme symptôme d’un contrôle moteur déficient

Dans de nombreux cas, le genu recurvatum est d’origine neurologique. Il survient lorsque le système nerveux central ou périphérique ne parvient plus à contrôler efficacement les muscles stabilisateurs du genou, en particulier les ischio-jambiers et les gastrocnémiens.

On le retrouve notamment dans :

  • Les paralysies cérébrales,
  • Les séquelles d’AVC (hémiparésie),
  • Les neuropathies périphériques (atteinte du nerf sciatique, fémoral ou des branches sensitives motrices),
  • Certaines sclérose en plaques ou syndromes moteurs chroniques.

Le genou s’hyperétend alors par défaut de contrôle musculaire, souvent en lien avec une spasticité du quadriceps ou une faiblesse des muscles postérieurs. Cette hyperextension devient un mécanisme de compensation postural pour maintenir l’équilibre debout ou stabiliser la marche malgré une défaillance motrice.

3. Causes traumatiques et post-chirurgicales

Les traumatismes du genou ou des membres inférieurs peuvent entraîner un genu recurvatum secondaire, notamment si la récupération tissulaire et proprioceptive est incomplète.

Les principales causes sont :

  • Entorses graves avec rupture ligamentaire, notamment du LCA ou du ligament postérieur,
  • Fractures tibiales ou fémorales ayant modifié l’axe de la jambe,
  • Chirurgies orthopédiques (ostéotomies, arthroplasties, allongement osseux) ayant altéré l’équilibre articulaire,
  • Arthrofibroses ou cicatrisations anormales ayant modifié la biomécanique du genou.

Dans ces cas, le recurvatum apparaît souvent progressivement, au fur et à mesure que la personne reprend appui sur un genou désaxé. Il peut être masqué au début puis devenir douloureux ou handicapant.

4. Causes posturales et dysfonctionnelles : la vision ostéopathique

L’approche ostéopathique accorde une attention particulière aux causes fonctionnelles. Un genu recurvatum peut se construire lentement, dans un corps en déséquilibre, où les compensations successives aboutissent à une hyperextension du genou. Parmi les facteurs posturaux fréquents :

  • Faiblesse ou inhibition des ischio-jambiers,
  • Bascule postérieure du bassin, qui pousse le centre de gravité vers l’arrière,
  • Pieds plats ou instables, modifiant la ligne d’appui du membre inférieur,
  • Scolioses ou déséquilibres vertébraux, imposant des ajustements distaux,
  • Inégalité de longueur des membres inférieurs,
  • Antécédents de port prolongé de talons hauts, favorisant le recul du genou.

Dans ces cas, le recurvatum n’est pas une pathologie isolée mais le reflet d’un dialogue postural déséquilibré. Le corps compense là où il peut, au prix d’un surmenage articulaire et d’un appui articulaire non physiologique.

5. Hypermobilité constitutionnelle ou acquise

Certaines personnes présentent une hyperlaxité ligamentaire généralisée, avec des articulations pouvant s’étendre au-delà de l’amplitude normale sans douleur. Le genu recurvatum s’intègre alors dans un tableau plus large de syndrome d’hypermobilité (type Ehlers-Danlos hypermobile, par exemple), souvent associé à des douleurs diffuses, une fatigue chronique et des troubles proprioceptifs.

Dans d’autres cas, cette hypermobilité est acquise, notamment chez les sportifs ou les danseurs ayant été encouragés à dépasser leurs amplitudes naturelles (hyperextension, grand écart, arabesque, etc.). Le risque est alors de développer une instabilité fonctionnelle masquée par une performance apparente.

Le genu recurvatum n’est jamais un simple « défaut local ». Cette hyperextension du genou provoque une cascade de compensations biomécaniques ascendantes et descendantes qui affectent l’ensemble du corps. Bien au-delà de l’articulation elle-même, c’est l’équilibre postural global, la dynamique de la marche et la répartition des contraintes articulaires qui se trouvent bouleversés. Pour l’ostéopathe, comprendre ces répercussions est essentiel afin de restaurer une fonctionnalité harmonieuse et durable.

Le genu recurvatum modifie le rôle fondamental du genou comme amortisseur et stabilisateur intermédiaire entre la hanche et la cheville. En basculant vers l’arrière, le genou rigidifie l’appui au lieu d’absorber les contraintes. Ce verrouillage articulaire en extension excessive provoque une tension permanente de la chaîne musculaire postérieure, du triceps sural jusqu’aux muscles érecteurs du rachis.

Résultats fréquents :

  • Hypertonicité des gastrocnémiens, ischio-jambiers et muscles lombaires,
  • Faible implication des fléchisseurs du genou, entraînant un déséquilibre agoniste/antagoniste,
  • Rigidification du bassin et perte de mobilité segmentaire,
  • Compensation par une lordose lombaire accentuée ou une rétroversion du bassin, selon les individus.

Ces tensions altèrent la souplesse et l’adaptabilité du corps, affectant aussi bien la posture statique que les gestes dynamiques.

La marche devient un révélateur clé des déséquilibres induits par le genu recurvatum. En effet, cette hyperextension articulaire modifie :

  • La phase d’appui : le genou ne joue plus correctement son rôle d’amortisseur à la réception du pas.
  • La propulsion : l’appui arrière est souvent raccourci, mal dirigé, ou remplacé par un appui sur le talon qui projette la personne vers l’arrière.
  • Le rythme : pour stabiliser l’instabilité, la cadence peut diminuer, ou au contraire s’accélérer de manière saccadée pour éviter le déséquilibre.

On observe fréquemment une démarche raide, verrouillée, avec transfert de poids brutal d’un pied à l’autre, parfois accompagnée de douleurs à la hanche, au bassin ou dans le bas du dos.

Dans les cas les plus marqués (neurologiques ou post-traumatiques), la marche devient asymétrique, avec déficit de flexion en phase oscillante, usage d’une canne ou d’un appui latéral, et risque accru de chutes.

Le genu recurvatum ne concerne pas seulement le genou. Il perturbe toute la mécanique articulaire de la jambe et du tronc, générant des surcharges fonctionnelles compensatoires.

En aval :

  • Cheville : l’alignement du tibia étant perturbé, la cheville subit des microtraumatismes répétés, notamment en position dorsiflexion. Cela peut favoriser l’apparition de douleurs sous-taliennes, de tendinopathies d’Achille ou de fasciites plantaires.
  • Pied : la dynamique d’appui est altérée, menant à des troubles de l’arche plantaire (effondrement, tension excessive), des cors, ou des appuis déséquilibrés.

En amont :

  • Hanche : un déséquilibre de la chaîne cinétique inférieure peut entraîner un blocage articulaire, une surcharge du psoas ou du moyen fessier, voire une tendinopathie du tenseur du fascia lata.
  • Bassin : les mouvements sacro-iliaques sont souvent limités, provoquant une bascule pelvienne compensatoire.
  • Colonne vertébrale : une hyperlordose lombaire ou un enroulement thoracique peuvent s’installer selon les profils posturaux.

Tous ces ajustements corporels sont autant de stratégies de survie du mouvement, mais à long terme, ils mènent à une fatigue chronique, des douleurs persistantes ou des limitations fonctionnelles.

Le genu recurvatum perturbe aussi la proprioception, c’est-à-dire la capacité du corps à percevoir sa position dans l’espace. Le genou, normalement très riche en capteurs proprioceptifs (ligaments, capsule, muscles périarticulaires), perd en qualité d’information lorsqu’il est constamment verrouillé.

Le sujet perd alors le sentiment de stabilité active, et compense par une crispation musculaire inconsciente. Cela favorise :

  • Une fatigue posturale accrue,
  • Une sensation d’instabilité, parfois accompagnée de vertiges ou de perte d’équilibre,
  • Une diminution de la coordination motrice fine, surtout chez les enfants ou les personnes âgées.

Dans certains cas, cela se traduit aussi par une appréhension du mouvement, une peur de tomber, ou une attitude de retrait corporel.

Dans une approche plus holistique, le genu recurvatum peut parfois être le témoin d’un schéma corporel de repli, un mécanisme de protection inconscient du corps qui refuse l’engagement vers l’avant. Le fait de se cambrer ou de verrouiller le genou peut symboliser un besoin de se retenir, de se stabiliser dans un monde perçu comme incertain ou menaçant.

Chez certains patients, notamment ceux ayant vécu des traumatismes ou des douleurs chroniques, cette posture s’enracine comme une trace somatique, difficile à corriger tant qu’un travail global — physique, postural et parfois émotionnel — n’est pas entrepris.

Détecter un genu recurvatum ne se limite pas à observer une jambe qui « part vers l’arrière ». C’est un examen global, dynamique et sensoriel qui permet d’en saisir la présence, la nature et surtout la signification pour le corps du patient. L’ostéopathe, avec son regard holistique, ne se contente pas d’une évaluation mécanique : il perçoit le genu recurvatum comme le symptôme visible d’un déséquilibre plus profond. Voici les étapes et outils pour une évaluation complète.

La première approche se fait en statique, avec le patient debout, pieds nus, en appui naturel. Le regard de l’ostéopathe balaie l’ensemble du corps, mais se concentre sur :

  • La ligne de gravité : normalement, le genou doit s’aligner verticalement avec le centre de gravité. En cas de recurvatum, il passe en arrière de cette ligne.
  • La forme du creux poplité : un genou hyperétendu creuse davantage l’arrière du genou, parfois associé à une tension visible des muscles jumeaux.
  • L’asymétrie entre les deux jambes : une différence d’extension ou d’alignement entre les deux genoux est souvent le signe d’une pathologie acquise.
  • Les compensations ascendantes : hyperlordose lombaire, projection du bassin en avant, cage thoracique reculée.

L’ostéopathe peut aussi proposer de filmer ou de photographier le patient de profil afin de comparer l’évolution posturale dans le temps.

Le genu recurvatum se révèle souvent dans le mouvement, plus que dans la posture statique. L’analyse de la marche est donc essentielle :

  • Phase d’appui : le patient pose-t-il brutalement le talon ? Le genou verrouille-t-il l’appui sans phase intermédiaire d’absorption ?
  • Phase de propulsion : y a-t-il un manque de relâchement musculaire, une propulsion rigide ?
  • Rythme et symétrie : existe-t-il un pas plus court, une fuite vers l’arrière ou une instabilité posturale ?
  • Souplesse générale : le tronc accompagne-t-il le mouvement ou reste-t-il figé ?

L’ostéopathe peut compléter cette observation par des tests de montée sur pointe, de flexion profonde ou de recul unipodal, afin d’évaluer la qualité du contrôle moteur.

Une fois les observations globales réalisées, il convient d’objectiver l’hyperextension du genou avec précision. Plusieurs tests peuvent être réalisés :

  • Goniométrie : mesure de l’angle d’extension passif. Au-delà de 5° chez l’adulte, le recurvatum est considéré comme significatif.
  • Test passif en décubitus dorsal : on élève la jambe en extension, en maintenant le talon au sol ; l’hyperextension est mesurée par l’angle formé au genou.
  • Test d’appui monopodal : on observe si le genou recule davantage sur la jambe porteuse.
  • Test de stabilité antérieure : évaluation du tonus ligamentaire, en particulier du LCA, si une laxité est suspectée.

Ces tests doivent être réalisés avec douceur, sans forcer l’articulation, afin de respecter les tissus et de ne pas déclencher de douleur inutile.

L’approche ostéopathique se distingue par l’écoute manuelle des tissus et des articulations. Lors du bilan palpatoire, le thérapeute recherche :

  • Tension ou hypotonie des muscles postérieurs (ischio-jambiers, gastrocnémiens),
  • Fixations articulaires au niveau du genou, mais aussi de la cheville, du bassin, de la hanche et de la colonne lombaire,
  • Mobilité du fascia crural, qui peut s’enrouler autour du genou dans une spirale dysfonctionnelle,
  • Altérations de la fluctuation tissulaire, signe d’un verrouillage chronique.

Le ressenti manuel permet aussi de détecter la présence d’un schéma de protection corporel, d’un repli tissulaire ou d’une dissociation entre le segment affecté et le reste du corps.

Un aspect parfois négligé mais fondamental : l’évaluation des voies proprioceptives et réflexes posturaux. Le genu recurvatum est souvent associé à :

  • Une diminution de la sensibilité profonde (notamment au niveau du pied et de la cheville),
  • Un retard d’ajustement postural réflexe (temps de réaction à l’instabilité),
  • Une incoordination motrice fine.

L’ostéopathe peut réaliser des tests d’équilibre (appui unipodal les yeux fermés), de marche arrière, de réaction aux déséquilibres latéraux, ou encore de stimulation podale, pour évaluer la réponse du corps à l’instabilité.

Dans l’approche sensorielle ostéopathique, l’évaluation elle-même peut déclencher une prise de conscience chez le patient. Ressentir que son genou recule, que son bassin compense, que son souffle se bloque à chaque verrouillage articulaire, devient une clé thérapeutique puissante. Cela peut initier un travail corporel global, nourri par une éducation posturale et une écoute active du vécu corporel.

Détecter un genu recurvatum ne se limite pas à observer une jambe qui « part vers l’arrière ». C’est un examen global, dynamique et sensoriel qui permet d’en saisir la présence, la nature et surtout la signification pour le corps du patient. L’ostéopathe, avec son regard holistique, ne se contente pas d’une évaluation mécanique : il perçoit le genu recurvatum comme le symptôme visible d’un déséquilibre plus profond. Voici les étapes et outils pour une évaluation complète.

La première approche se fait en statique, avec le patient debout, pieds nus, en appui naturel. Le regard de l’ostéopathe balaie l’ensemble du corps, mais se concentre sur :

  • La ligne de gravité : normalement, le genou doit s’aligner verticalement avec le centre de gravité. En cas de recurvatum, il passe en arrière de cette ligne.
  • La forme du creux poplité : un genou hyperétendu creuse davantage l’arrière du genou, parfois associé à une tension visible des muscles jumeaux.
  • L’asymétrie entre les deux jambes : une différence d’extension ou d’alignement entre les deux genoux est souvent le signe d’une pathologie acquise.
  • Les compensations ascendantes : hyperlordose lombaire, projection du bassin en avant, cage thoracique reculée.

L’ostéopathe peut aussi proposer de filmer ou de photographier le patient de profil afin de comparer l’évolution posturale dans le temps.

Le genu recurvatum se révèle souvent dans le mouvement, plus que dans la posture statique. L’analyse de la marche est donc essentielle :

  • Phase d’appui : le patient pose-t-il brutalement le talon ? Le genou verrouille-t-il l’appui sans phase intermédiaire d’absorption ?
  • Phase de propulsion : y a-t-il un manque de relâchement musculaire, une propulsion rigide ?
  • Rythme et symétrie : existe-t-il un pas plus court, une fuite vers l’arrière ou une instabilité posturale ?
  • Souplesse générale : le tronc accompagne-t-il le mouvement ou reste-t-il figé ?

L’ostéopathe peut compléter cette observation par des tests de montée sur pointe, de flexion profonde ou de recul unipodal, afin d’évaluer la qualité du contrôle moteur.

Une fois les observations globales réalisées, il convient d’objectiver l’hyperextension du genou avec précision. Plusieurs tests peuvent être réalisés :

  • Goniométrie : mesure de l’angle d’extension passif. Au-delà de 5° chez l’adulte, le recurvatum est considéré comme significatif.
  • Test passif en décubitus dorsal : on élève la jambe en extension, en maintenant le talon au sol ; l’hyperextension est mesurée par l’angle formé au genou.
  • Test d’appui monopodal : on observe si le genou recule davantage sur la jambe porteuse.
  • Test de stabilité antérieure : évaluation du tonus ligamentaire, en particulier du LCA, si une laxité est suspectée.

Ces tests doivent être réalisés avec douceur, sans forcer l’articulation, afin de respecter les tissus et de ne pas déclencher de douleur inutile.

L’approche ostéopathique se distingue par l’écoute manuelle des tissus et des articulations. Lors du bilan palpatoire, le thérapeute recherche :

  • Tension ou hypotonie des muscles postérieurs (ischio-jambiers, gastrocnémiens),
  • Fixations articulaires au niveau du genou, mais aussi de la cheville, du bassin, de la hanche et de la colonne lombaire,
  • Mobilité du fascia crural, qui peut s’enrouler autour du genou dans une spirale dysfonctionnelle,
  • Altérations de la fluctuation tissulaire, signe d’un verrouillage chronique.

Le ressenti manuel permet aussi de détecter la présence d’un schéma de protection corporel, d’un repli tissulaire ou d’une dissociation entre le segment affecté et le reste du corps.

Un aspect parfois négligé mais fondamental : l’évaluation des voies proprioceptives et réflexes posturaux. Le genu recurvatum est souvent associé à :

  • Une diminution de la sensibilité profonde (notamment au niveau du pied et de la cheville),
  • Un retard d’ajustement postural réflexe (temps de réaction à l’instabilité),
  • Une incoordination motrice fine.

L’ostéopathe peut réaliser des tests d’équilibre (appui unipodal les yeux fermés), de marche arrière, de réaction aux déséquilibres latéraux, ou encore de stimulation podale, pour évaluer la réponse du corps à l’instabilité.

Dans l’approche sensorielle ostéopathique, l’évaluation elle-même peut déclencher une prise de conscience chez le patient. Ressentir que son genou recule, que son bassin compense, que son souffle se bloque à chaque verrouillage articulaire, devient une clé thérapeutique puissante. Cela peut initier un travail corporel global, nourri par une éducation posturale et une écoute active du vécu corporel.

L’ostéopathie offre une prise en charge subtile et globale du genu recurvatum. Mais pour assurer une amélioration durable, il est souvent nécessaire de compléter le traitement manuel par une rééducation ciblée, adaptée à la physiologie et au vécu du patient. Cette rééducation ne se limite pas à « renforcer les muscles » : elle vise surtout à restaurer une intégration fonctionnelle, une confiance dans le mouvement, et une perception corporelle affinée.

L’une des caractéristiques du genu recurvatum est la faiblesse ou l’inhibition des muscles postérieurs, notamment les ischio-jambiers. Ces muscles jouent un rôle clé dans la stabilisation active du genou en fin d’extension. Leur déficit laisse le quadriceps et les structures passives (capsule, ligaments) supporter seuls la posture.

Les exercices de renforcement ciblé incluent :

  • Flexions de jambe au sol ou sur ballon, avec contrôle lent et précis du mouvement,
  • Pont fessier (hip bridge) avec poussée dans les talons, pour activer les ischio-jambiers et les fessiers en synergie,
  • Deadlifts allégés (soulevé de terre jambes tendues) avec élastique ou petit poids,
  • Travail en chaîne fermée : squat ischio-protégé, fente inversée, montée de marche lente.

Le mot d’ordre : qualité du mouvement plutôt que charge, avec une attention portée à la respiration, à la posture, et au ressenti.

Le genu recurvatum survient souvent dans un corps dont le centre de gravité est mal intégré. Il est donc crucial de renforcer la stabilité du tronc et du bassin, notamment dans les plans sagittal et frontal.

Les exercices utiles incluent :

  • Gainage abdominal doux (planches dynamiques, bird-dog, hollow-body holds),
  • Travail du transverse et des obliques, essentiels pour stabiliser le bassin lors de la marche,
  • Renforcement des muscles pelvitrochantériens, comme le moyen fessier, souvent inhibé par un déséquilibre du membre inférieur,
  • Travail de la bascule pelvienne active, en position allongée ou assise, pour redonner mobilité et conscience au bassin.

Ces exercices peuvent être introduits progressivement après les techniques ostéopathiques, lorsque les tissus sont libérés et disponibles pour un engagement actif.

Un genou en recurvatum devient souvent un segment mal « senti ». Sa stabilité est assurée par verrouillage plutôt que par régulation fine. Il faut donc rééduquer la proprioception, c’est-à-dire la capacité du corps à percevoir et à ajuster sa position dans l’espace.

Outils et méthodes :

  • Appui unipodal sur sol instable (tapis mou, coussin proprioceptif, demi-ballon),
  • Travail sur plan incliné pour réadapter la cheville et le genou à des angles variés,
  • Marche lente avec conscience, éventuellement les yeux fermés, en se concentrant sur la sensation du sol,
  • Exercices de feedback visuel ou auditif, pour reconnecter les gestes au système sensoriel.

L’objectif n’est pas de « corriger » une posture figée, mais d’offrir au corps de nouvelles expériences sensorielles, afin qu’il retrouve un équilibre actif.

Certains muscles, comme les quadriceps (notamment le droit fémoral), les psoas ou les gastrocnémiens, peuvent entretenir une traction antérieure sur le genou, favorisant le recurvatum. Des étirements doux, progressifs et bien ciblés sont donc indiqués :

  • Étirement du quadriceps en position allongée latérale, sans creuser le dos,
  • Étirement du psoas avec activation du transverse, pour éviter la compensation lombaire,
  • Relâchement des jumeaux et du triceps sural, en position jambe tendue, talon au sol.

Attention : les étirements doivent être faits dans le respect du ressenti corporel, sans forcer ni créer de douleurs. Une respiration calme et profonde accompagne toujours le geste.

La rééducation ne peut pas rester segmentaire. Elle doit s’intégrer dans des mouvements globaux, sensoriels et fonctionnels, pour que le genou retrouve sa juste place dans la chaîne corporelle.

Quelques propositions :

  • Marche consciente en pleine nature, en sentant chaque appui, chaque rebond,
  • Travail en miroir, pour mieux intégrer les asymétries et les corriger par l’image,
  • Danse thérapeutique ou mouvement libre, où le genou peut « s’exprimer » sans contrainte,
  • Qi Gong ou Feldenkrais, pour développer un mouvement fluide, intérieur, et respectueux de la structure.

L’important est de redonner au patient la liberté de bouger sans peur, avec plaisir et confiance.

Tout au long de ce travail actif, l’ostéopathe peut intervenir en soutien :

  • En libérant les blocages secondaires apparus durant la rééducation,
  • En accompagnant le patient dans ses prises de conscience corporelle,
  • En ajustant les étapes en fonction de l’évolution du ressenti tissulaire.

Ce dialogue entre soin manuel et mouvement actif fait toute la richesse de l’approche ostéopathique du genu recurvatum.

Le traitement ostéopathique du genu recurvatum ne s’arrête pas à la table de soin. Il s’inscrit dans une démarche à long terme, où le patient devient acteur de son équilibre. Prévenir la récidive, accompagner l’évolution posturale et renforcer l’autonomie corporelle sont les piliers d’un suivi efficace. Cette approche préventive permet non seulement d’éviter l’aggravation, mais aussi de rééduquer la relation au mouvement, à l’appui, à la verticalité.

La prévention du genu recurvatum commence par l’identification des facteurs favorisant son apparition ou sa chronicité. Ces éléments peuvent être liés à l’hygiène de vie, aux habitudes posturales ou au contexte personnel du patient.

Principaux facteurs de risque à surveiller :

  • Sédentarité prolongée, notamment en position assise avec jambes tendues ou croisées,
  • Port de chaussures inadaptées (talons hauts, semelles trop rigides ou usées),
  • Surentraînement sportif mal équilibré, avec renforcement excessif des quadriceps au détriment des ischio-jambiers,
  • Antécédents chirurgicaux ou traumatiques mal récupérés (genou, bassin, dos),
  • Schéma corporel de compensation : personne qui pousse ses appuis vers l’arrière, verrouille ses genoux en station debout, ou compense une instabilité plus haute (pied, hanche, lombaire),
  • Fatigue chronique et troubles de la perception du corps, souvent ignorés mais pourtant déterminants.

Identifier ces éléments dans l’anamnèse permet d’adapter les conseils et les exercices à chaque profil.

La posture quotidienne joue un rôle central dans la stabilisation ou la décompensation du genu recurvatum. De simples ajustements peuvent faire une grande différence s’ils sont intégrés avec conscience :

  • Debout : éviter de verrouiller les genoux en extension, apprendre à micro-fléchir naturellement pour relâcher les tensions,
  • Assis : préférer un appui symétrique, pieds au sol, en évitant les positions qui tirent les genoux en arrière (ex : jambes allongées sous la chaise),
  • Montée et descente des escaliers : prendre conscience du rôle actif du genou fléchisseur et ne pas précipiter le mouvement,
  • Chaussage : favoriser des chaussures confortables, légèrement souples, avec un bon soutien plantaire et une semelle stable.

Ces petits ajustements favorisent une posture dynamique, où le genou reste fonctionnel et souple plutôt que rigide et en hyperextension.

Le genu recurvatum étant souvent le reflet d’un déséquilibre chronique, un suivi ostéopathique espacé mais régulier est recommandé. Il permet :

  • De détecter précocement les récidives ou les déséquilibres émergents,
  • De ajuster le schéma corporel à mesure que le patient évolue (nouvelle activité, changement de posture, vieillissement),
  • De soutenir un travail de réappropriation corporelle par la conscience tissulaire, la respiration et le mouvement sensoriel.

La fréquence des suivis dépend du contexte :

  • Tous les 3 mois chez les personnes actives ou présentant une instabilité persistante,
  • Tous les 6 mois en phase de consolidation ou pour de la prévention,
  • Ponctuellement en cas de changement de vie (voyage, grossesse, reprise du sport, changement de chaussures, etc.).

Ce rythme est bien sûr adapté à la réalité du patient, à son engagement et à son écoute corporelle.

L’un des axes majeurs de la prévention ostéopathique est l’éducation du patient. Il ne s’agit pas seulement d’informer, mais de transmettre une autonomie dans la perception et la gestion de son propre corps.

Pistes concrètes d’éducation :

  • Apprendre à reconnaître les signes de retour du recurvatum : tension dans le creux poplité, instabilité debout, douleurs à la marche ou fatigue des jambes.
  • Encourager un auto-bilan corporel régulier : position du genou au repos, appui plantaire, posture du bassin.
  • Introduire des rituels corporels simples (étirements matinaux, respiration en appui, ancrage debout en conscience).
  • Conseiller des pratiques corporelles intégratives : yoga doux, qi gong, Pilates, marche pieds nus.

Cette responsabilisation progressive change la dynamique thérapeutique : le patient devient co-créateur de sa santé posturale, et non plus seulement récepteur d’un soin.

Chez les enfants et les adolescents, le genu recurvatum peut s’installer de manière insidieuse. Il est donc fondamental d’agir en prévention dès le plus jeune âge, surtout si l’on observe :

  • Une hyperlaxité constitutionnelle,
  • Une mauvaise posture assise prolongée,
  • Une pratique sportive asymétrique (danse, gymnastique, etc.),
  • Des antécédents de chute ou de blessure du membre inférieur.

L’éducation à la motricité consciente, au jeu équilibré, à l’exploration du mouvement libre, constitue un socle fondamental pour prévenir l’installation de déséquilibres durables.

Le genu recurvatum n’est pas seulement une anomalie articulaire. C’est souvent le reflet silencieux d’un déséquilibre plus vaste, inscrit dans le tissu, la posture et parfois l’histoire du corps. En reculant inconsciemment le genou, le corps cherche parfois à compenser une faille, une instabilité, un manque de repère dans la gravité. Et c’est justement là que l’approche ostéopathique révèle toute sa richesse : elle ne traite pas un genou, elle accompagne un être humain dans son rapport au sol, à la verticalité, à sa trajectoire personnelle.

Ce que l’on croyait n’être qu’un angle excessif devient alors une porte d’entrée vers une lecture globale du mouvement vivant. Une tension ici, une inhibition là, un verrouillage discret ailleurs, tout cela compose une musique corporelle qui peut se désaccorder sans bruit… jusqu’à ce que la douleur, la fatigue, ou la chute rappellent à l’ordre.

L’enjeu, dès lors, n’est pas seulement de « corriger » l’angle d’un genou, mais de réapprendre à bouger en confiance, à s’ancrer sans rigidité, à redonner au genou son rôle d’articulation relais — souple, adaptative, réactive. Il ne s’agit pas d’imposer une norme posturale, mais bien d’inviter chaque corps à trouver sa propre cohérence, à travers une guidance thérapeutique respectueuse, subtile et incarnée.

Dans ce processus, l’ostéopathe devient un facilitateur de reconquête corporelle. Par son toucher, son écoute, ses gestes ajustés, il aide le patient à redécouvrir des appuis oubliés, à relâcher des tensions chroniques, à réintégrer des zones éteintes. Il ne dirige pas ; il révèle ce qui était déjà là, mais que le patient avait cessé de percevoir.

Le genu recurvatum nous rappelle aussi à quel point la posture n’est pas figée : elle est en perpétuelle adaptation. Elle est l’empreinte de nos expériences, de nos blessures, de nos habitudes… mais aussi le terrain fertile de notre transformation. Le corps n’est jamais un acquis, il est toujours en devenir, capable de résilience, de réorganisation, de réinvention.

Cette perspective ouvre des pistes précieuses pour la prévention, notamment chez les enfants, les danseurs, les personnes âgées ou les patients post-opératoires. Mais elle nous invite surtout à une éthique du soin sensible : un soin qui ne cherche pas à réparer le corps comme une machine, mais à l’accompagner comme une mémoire vivante, complexe, mouvante.

Alors, si le genu recurvatum est parfois un « genou qui recule », ne pourrait-on pas y voir, symboliquement, une invitation à avancer autrement ? À se redresser sans se crisper, à s’ouvrir sans se déséquilibrer, à marcher dans le monde avec un peu plus de conscience du chemin… et du sol sous nos pieds.

1. Références biomécaniques et cliniques

  • Lewek, M. D., et al. (2002). Biomechanical Consequences of Knee Hyperextension Gait. Gait & Posture, 15(3), 255–260.
    → Analyse des altérations de la marche chez les patients avec genu recurvatum.
  • Delp, S. L., et al. (1995). Biomechanics of the hip and knee during gait. Journal of Biomechanics, 28(6), 709–717.
    → Étude fondamentale sur les interactions entre hanche, genou et cheville en dynamique.
  • Perry, J., & Burnfield, J. M. (2010). Gait Analysis: Normal and Pathological Function. SLACK Incorporated.
    → Ouvrage de référence sur l’analyse de la marche et les désordres tels que le genu recurvatum.

2. Références en neurologie et rééducation

  • Den Otter, A. R., et al. (2006). Abnormalities in the temporal pattern of lower extremity muscle activity in hemiparetic gait. Gait & Posture, 23(2), 231–238.
    → Décrit comment la coordination motrice est altérée chez les patients hémiparétiques avec genu recurvatum.
  • Boudarham, J., et al. (2013). Spatiotemporal gait parameters after stroke: A review. Annals of Physical and Rehabilitation Medicine, 56(9–10), 443–451.
    → Présente les particularités du genu recurvatum post-AVC.
  • Brandstater, M. E., et al. (1983). Knee hyperextension in stroke patients: Incidence and contributing factors. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 64(11), 490–493.

3. Références en ostéopathie et thérapies manuelles

  • Barral, J.-P. (2009). Ostéopathie et Récupération fonctionnelle : Approches tissulaires et viscérales. Éditions Sully.
    → Approche globale du corps, intégrant les déséquilibres tissulaires liés à la posture.
  • Upledger, J. E. (1990). SomatoEmotional Release and Beyond. North Atlantic Books.
    → Pour une lecture symbolique et psychosomatique des déséquilibres posturaux chroniques.
  • Lederman, E. (2013). The Science and Practice of Manual Therapy (2nd ed.). Elsevier.
    → Discussion critique et fondée sur les mécanismes d’autorégulation et la place de la thérapie manuelle dans les troubles posturaux.

4. Références complémentaires (prévention, proprioception, éducation posturale)

  • Proske, U., & Gandevia, S. C. (2012). The proprioceptive senses: Their roles in signaling body shape, body position and movement, and muscle force. Physiological Reviews, 92(4), 1651–1697.
    → Ouvrage essentiel sur la proprioception et son rôle dans la prévention des troubles posturaux.
  • Kendall, F. P., et al. (2005). Muscles: Testing and Function with Posture and Pain (5th ed.). Lippincott Williams & Wilkins.
    → Guide détaillé sur l’analyse musculaire et l’impact de la posture sur le système locomoteur.
  • Shumway-Cook, A., & Woollacott, M. H. (2017). Motor Control: Translating Research into Clinical Practice. Lippincott.
    → Excellente source pour intégrer l’approche neuromotrice à la rééducation posturale.